En 2008, une étude effectuée par le Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement (CREAD) venait de révéler que le taux d’intégration des TIC dans les PME algériennes est de 44.66%.
Un pourcentage impressionnant quelques années après l’avènement des nouvelles technologies de l’information. Qu’en est-il aujourd’hui de la réalité ? Les entreprises algériennes sont-elles réellement à jour avec la progression impressionnante des TIC dans la société algérienne ? Combien d’entreprises disposent-elles de sites internet mis à jour ? Combien sont-elles à développer et entretenir leur site web dont le contenu visible à travers le monde permet de donner une idée sur toute la gamme et les prestations de services que propose l’entreprise ? Autrement parler, quel est l’usage des TIC au sein de l’entreprise algérienne ? Peut-on estimer que l’intégration des TIC au sein des sociétés algériennes est maximale ou plutôt limitée ? Que fait le Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication pour maximiser l’usage des TIC et inciter les entrepreneurs algériens à mieux se mettre au diapason des nouvelles technologies ? Nous essayerons de répondre à toutes ces questions dans ce dossier.
Une utilisation restreinte des TIC par les PME
En 2010, une étude du Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement (CREAD) a conclu qu’en Algérie l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication dans les petites et moyennes entreprises se limite à l’acquisition de l’outil informatique dont l’utilisation est jugée «restreinte». L’étude présentée en marge des rencontres francomaghrébines d’affaires TIC «e-3M Alger 2010» a révélé, par ailleurs, que plusieurs entreprises relevant du dispositif de l’ANSEJ ont un usage très limité des TIC. En effet, la majorité ne possède pas de sites internet lui permettant de préserver sa visibilité sur le web afin d’échanger les informations et de présenter ses prestations. Pour une grande partie de ces PME, l’usage des TIC se limite à l’acquisition de PC. Il ressort de l’étude, qui a ciblé plus de 600 PME de la région centre du pays, que 53.1% des entrepreneurs sondés déclarent connaître les TIC mais seuls 46.33% d’entre eux les utilisent. 38.5% des sujets interrogés affirment ne rien savoir des TIC. Pour les entreprises qui possèdent un site web, celui-ci affiche un contenu basique, rarement mis à jour.
Importance des TIC au niveau des entreprises: une question de prise de conscience
Pourquoi les entreprises algériennes ont du mal à introduire l’usage des TIC dans leur fonctionnement et ce, en dépit de la démocratisation d’Internet ? Pourquoi de nombreuses entreprises ne misent pas sur le web pour s’assurer une visibilité, s’imposer et convaincre les nombreux et potentiels clients qui se trouvent sur Internet ? Plusieurs atouts qui devraient les aider à mieux intégrer le marché mondial dont les ressources significatives, une population jeune et une situation géographique stratégique, demeurent encore loin de l’évolution souhaitée en matière de TIC. Il est vraiment déplorable de constater que plusieurs entreprises ont du mal à utiliser les TIC pour aligner leurs entreprises sur les défis de la mondialisation. Pourtant, ces TIC ont pour principal rôle de réduire les variations dans les processus d’affaires et aussi de permettre à l’entreprise de comprendre ses choix stratégiques. Pour Ghania Soltani, jeune gérante d’une société naissante de recrutement, c’est le manque de volonté qui explique le retard qu’accusent les entreprises algériennes dans l’usage des nouvelles technologies de l’information. « C’est déplorable de constater que plusieurs entreprises très connues ne misent pas sur le web pour se faire connaître. Pourtant, Internet c’est l’avenir. Personnellement, j’ai entamé le lancement de mon site internet au moment où j’étais enfin certaine d’avoir l’aval de l’ANSEJ. Désormais, les sites internet sont la devanture de n’importe quelle entreprise. L’enjeu est de parvenir à s’assurer une visibilité sur le net pour convaincre les internautes par nos prestations et nos différents services », souligne cette jeune directrice ambitieuse.
«Les entreprises algériennes vivent dans le Moyen Age numérique!»
C’est peut-être difficile à reconnaître, mais plusieurs spécialistes dressent un tableau noir de la situation de l’usage des TIC dans les entreprises algériennes. Pour de nombreux observateurs, l’usage se limite à l’acquisition d’ordinateurs, mais peut-on réellement estimer que ces entreprises utilisent réellement les TIC ? Il faut dire que par TIC, nous entendons tous les outils, logiciels ou matériels de traitement et de transmission des informations : appareils photo numériques, téléviseurs, téléphones portables, ordinateurs, etc. D’un manière générale, tous les moyens de communication électronique sont visés, quelles que soient leurs formes (écrite, imagée, parlée, etc.) et leur cible. Internet n’est pas le seul élément majeur des TIC. Comment est-ce que les entreprises peuvent-elles assurer leur visibilité si elles ne sont pas à jour avec les TIC ? Aujourd’hui, il est important que les entrepreneurs aient un site Internet et qu’ils soient joignables par mail. Les TIC sont là pour faciliter la vie aux clients et aux entrepreneurs.
Malheureusement, dans la société algérienne, « nombreuses sont les PME/PMI qui vivent encore dans le Moyen Age numérique et qui ne sont pas au diapason des évolutions constatées dans d’autres pays, notamment maghrébins », explique Ali Kahlane, expert et président de l’AAFSI.
Dans ces conditions, les chefs d’entreprises ont pris conscience de l’urgence de procéder au développement des mécanismes et des mesures incitatives qui permettent l’accès des ménages et des très petites entreprises aux équipements et aux réseaux des TIC. De nombreuses entreprises ont d’ailleurs entrepris des investissements en interne dans ce domaine et d’autres offrent des formations à leur personnel. En 2013, nos entreprises ont compris la nécessité d’emprunter le train rapide des TIC. Plusieurs jeunes ont même fait le pari des TIC pour réussir à s’imposer sur le marché du travail.
Rencontre avec Mohamed-Chakib Skender, jeune entrepreneur algérien
« Les sites et les réseaux sociaux permettent de maintenir une sorte de dialogue avec les interlocuteurs de l’entreprise »
Mohamed-Chakib Skender est le jeune Managing Director de l’entreprise privée BraveHill, une société de conseil en Stratégie et Management qui accompagne les entreprises algériennes et internationales opérant en Algérie et au Maghreb. Le cabinet intervient sur différentes problématiques dont le «Business Development», l’Organisation, la Finance et les Systèmes d’information. Fondée initialement en Suisse puis en Algérie, BraveHill s’est rapidement développé et compte des clients sur tout le bassin méditerranéen. De par son domaine d’activité, la société est parmi les entreprises très à jour avec l’usage des nouvelles technologies.
En tant que jeune entrepreneur, que pensez-vous de l’introduction des nouvelles technologies de l’information au sein des entreprises algériennes ? Pensez- vous qu’elles utilisent suffisamment le web?
Les technologies et les systèmes d’information sont essentiels dans une entreprise. Ils permettent de gérer les flux d‘information de manière optimale et de prendre les bonnes décisions. Si votre question porte plus sur le web, c’est également un outil avec lequel il faut compter dans le monde de l’entreprise. Avoir une relation dynamique avec les internautes va devenir de plus en plus important au fur et à mesure que le nombre de foyers connectés ou de mobinautes augmentera.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs pour développer leur site?
Il faut savoir rester simple tout en y incluant l’essentiel. Certains sites « corporate » sont surchargés et les visiteurs peuvent s’y perdre. Je leur dirais : affichez ce que vous proposez clairement et guidez le visiteur. Par ailleurs, un site efficace peut servir de plateforme à beaucoup d’idées pour les jeunes entrepreneurs, par exemple dans les services ou le commerce en ligne.
Quel est l’intérêt d’avoir un site actualisé pour une entreprise?
Les sites et les réseaux sociaux permettent de maintenir une sorte de dialogue avec les interlocuteurs de l’entreprise : clients, prospects, candidats,... Les actualiser permet de diffuser les nouveautés et aujourd’hui (grâce aux réseaux sociaux) d’avoir même des réactions. Certes ces interactions doivent être encadrées (c’est le travail des community managers) mais peuvent s’avérer très intéressantes.
Parlez-nous de votre société et de l’intérêt que vous accordez aux nouvelles technologies de l’information?
Nous y accordons beaucoup d’importance. Notre société est active dans le Conseil et ce sont des sujets que l’on surveille que ça soit pour nos clients ou pour nous-mêmes. Par exemple, si l’on relève un sujet intéressant dans la presse ou dans une revue spécialisée sur le management, nous les partagerons avec nos « followers ». Enfin, nous soutenons des initiatives qui concernent l’Economie collaborative et sur ces questions, les nouvelles technologies sont essentielles (mise en relation, partage,...).
Entretien avec Ghania Soltani, Manager de Trust RH
« J’encourage tous les jeunes entrepreneurs à miser sur les TIC »
Ghania Soltani est une jeune directrice d’une entreprise naissante, la Trust RH, un cabinet de conseil, recrutement, étude d’ingénierie, assistance en investissement et services aux entreprises. Elle nous explique dans cet entretien pourquoi l’usage des TIC est si important pour n’importe quelle entreprise algérienne.
Parlez-nous de votre projet ?
Etant un cabinet de conseil, recrutement, étude d’ingénierie, assistance en investissement et services aux entreprises, nous aspirons à être un partenaire fidèle prêt à écouter, conseiller et trouver des solutions adéquates aux problèmes de ses clients, quelle que soit leur nature. Notre projet est le fruit d’un solide partenariat et un notable travail d’équipe. Nous proposons à nos clients l’externalisation de la gestion en matière de ressources humaines, comptabilités & finances, achats, ingénierie, QHSE, informatique, etc. Et ce, selon leurs besoins afin de leur permettre de mieux gérer leur travail et se concentrer stratégiquement sur le coeur de leur métier et accroître leur avantage concurrentiel. Notre mission consiste à accompagner les entreprises dans l’acquisition du savoir, du savoir-faire et du développement des compétences mais aussi à aider les talentueux à trouver leur vrai maître et à évoluer en milieu professionnel sans recul, d’où l’idée de mettre à la disposition de l’entreprise un psychologue prêt à écouter son staff et l’aider à surmonter ses difficultés.
Comment comptez-vous opérer pour demeurer connectée et utiliser au maximum les TIC ?
Afin de mieux assurer notre mission et celles de nos clients, nous privilégions le recours aux nouvelles technologies de l’information, étant un acteur majeur dans la compétitivité des entreprises, surtout que la partie majeure de l’information passe par l’intermédiaire d’Internet. Ces nouvelles technologies, qu’elles soient liées principalement à l’informatique, les télécommunications, Internet, l’audiovisuel ou les multimédias, sont un moyen prodigieusement aisé pour communiquer, accéder aux sources d’information, manipuler et transmettre l’information. Prenez comme exemple l’ERP (Entreprise Ressource Planning ou planification des ressources de l’entreprise) à travers lequel l’organisation devient étonnamment commode. L’ERP est une solution sur mesure pour tous les problèmes, permettant de déployer, maîtriser et optimiser tous les systèmes d’informations. C’est le logiciel de gestion le plus utilisé dans le monde, étant conforme à la législation et aux pratiques commerciales algériennes. Il vous permet d’accéder à toutes les données de votre entreprise de n’importe où, par le biais d’une connexion à votre réseau local
ou Internet. Le Web est une source d’information illimitée, accessible de partout à travers le monde, d’où l’importance d’avoir un site web pour toute entreprise ayant des objectifs de développement à moyen et long terme. Pour nous, un site web joue un rôle majeur dans l’acquisition d’une notoriété manifeste, faire la publicité. Il permet aux gens d’entrer en contact avec nous, aux candidats d’être à jour avec les offres de recrutement, aux prospects de nous contacter et du coup à augmenter la vente de nos services, notre visibilité et agrandir notre clientèle. Les clients ne sont pas obligés d’appeler pour nous connaître, ils peuvent juste consulter le site qui pourrait contenir autant d’informations que nous voulons et ce, pour trouver l’information qui les intéressent 24h/24h sans oublier qu’ils peuvent être maintenus à jour en temps réel des développements et évolutions au sein de notre organisme. Aux yeux des clients, si vous n’avez pas de site web, c’est que vous n’existez pas réellement.
Pensez-vous que ce site va vous aider dans votre progression ?
Bien évidemment. Nous encourageons aussi les investisseurs étrangers à investir en Algérie. Nous sommes conscients de l’importance du site web, des horizons qu’il va nous ouvrir d’où la perfection sur son contenu. Le nôtre sera opérationnel très bientôt. La TRUST RH vise à avoir un réseau de clientèle à travers le monde donc la perfection est exigée.
Pensez-vous que les entreprises algériennes sont à jour avec l’usage du web ?
Les entreprises algériennes ne sont pas vraiment conscientes de l’importance du recours aux technologies de l’information. Des logiciels, des applications, des outils de communication et d’information bien avancés sont disponibles en un rien de temps mais certaines entreprises se tiennent toujours dans l’ombre soit par manque de sensibilisation ou bien pour minimiser les frais.
L’université algérienne et le web : une piètre performance
Parler de la visibilité et de la popularité des entreprises algériennes sur le web au temps des Nouvelles Technologies de l’Information ne nous empêche pas de faire un tour du côté de l’université algérienne qui est malheureusement un très mauvais élève en matière d’accès aux TIC. Selon le dernier classement de “4 International Colleges & Universities” (4icu.org) -un moteur de recherche international de l’enseignement supérieur et répertoire d’examen des universités et collèges accrédités dans le monde-, les universités algériennes sont très loin d’être à jour avec l’évolution des nouvelles technologies. Et pour cause, nos universités arrivent aux derniers rangs de ce classement international qui classe les facultés en fonction de leur visibilité sur le net. Ainsi, sur un classement de 10 universités les plus célèbres en Afrique, figurent l’université Abou Bekr Belkaid de Tlemcen suivie de celle de Mentouri de Constantine et Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou qui occupent respectivement la 42ème et la 44ème position dans le Top 100 des universités les plus célèbres en Afrique. Ce classement prouve encore une fois que l’usage des TIC et l’intérêt accordé à la présence sur Internet des entreprises et même des universités algériennes n’évoluent pas encore à la vitesse escomptée.