Le monde des jeux vidéo nous a habitués aux abréviations bizarres qui larguent toute personne étrangère au milieu fermé du jeu virtuel. MOBA, qui signifie « arène de bataille en ligne multi-joueurs », risque de laisser sur le carreau même certains vieux aficionados, car c’est là un genre qui débute à peine son ascension fulgurante, qui l’a vu devenir l’obsession de nombreux développeurs qui y voient le filon magique où aller puiser des records de vente.Tant mieux pour un genre qui malgré ses millions de joueurs est totalement inspiré d’un simple mode disponible sur un jeu paru en 2003 ! 10 années après, le concept est devenu un aimant à abonnement. Entrons dans le détail !
L’origine des MOBA
Tout débute lorsque Blizzard sort le 3ème opus de sa désormais célèbre saga Warcraft. Innocemment nommé Reign of Chaos, c’est un véritable choc dans le milieu de la stratégie et de l’aventure. Le jeu mêle un scénario très riche et cohérent qui met en exergue l’évolution des personnages au cours de l’histoire, à travers la lente décadence de certains et la montée sublime d’autres. Ajoutons à cela des cinématiques épiques et 4 campagnes différentes pour autant de races jouables et on obtient la référence de ce début des années 2000.
Pourtant, c’est un petit mode intégré à Warcraft III qui va attirer l’attention des développeurs. Il se nomme « Defense of the Ancient » dont sera tiré l’acronyme DotA. Il s’agit d’un affrontement entre équipes de 5 joueurs dont le but est de prendre la base de son ennemi.
La carte divise ainsi le terrain en 3 zones, deux occupées par les protagonistes et tout le reste du terrain qui les sépare et qui leur est invisible sur la carte, ce qui pousse à la curiosité pour découvrir le premier la base de l’autre et ainsi jouir d’un avantage tactique certain en vue d’une attaque future.
Le terrain est parsemé de tours de défenses érigées par chaque partie et d’éléments neutres du jeu, qui attaqueront au hasard ceux qui auront le malheur de croiser leurs routes au cours d’un repérage hâtif.
Les raisons d’un succès
Les jeux qui ont suivi se sont inspirés de Warcraft III et ont conservé les codes du genre. Ils ont complexifié les Maps, le système de combat et démultiplier le nombre de personnages que l’on peut incarner, allant d’un guérisseur à un nécromancien selon le titre joué. Cela sans forcément imposer un graphisme de pointe, qui aurait disqualifié les possesseurs de vieux PC et a pu ainsi fidéliser leurs publics sur le long terme.
Mais si les MOBAs ont connu un tel succès, c’est aussi à cause de leurs orientations vers le Free-to-play, qui offre une réelle alternative aux abonnements onéreux de World of Warcraft ou aux titres classiques qui détroussent la bourse des Gamers. Le côté multijoueur est aussi un facteur important, puisqu’il offre l’opportunité de jouer dans la même équipe avec ses amis, sans avoir à acheter tous le même jeu au prix fort.
L’importance de la gratuité est illustrée par les débuts du MOBA « Heroes of Newerth » en 2010, qui réunissait plusieurs millions d’utilisateurs dans sa version Beta gratuite, puis s’est écroulé à sa sortie officielle lorsqu’il fallut payer pour jouer. Cela obligea le studio développeur à revoir sa politique et rendre le titre gratuit peu après.
Pour gagner de l’argent, le modèle économique de ces jeux a donc été pensé de manière à faire payer les joueurs au cours du jeu pour obtenir des améliorations esthétiques et des objets. Sur Dota 2, il est carrément possible de créer ses propres objets et si ceux-ci attirent l’intérêt des développeurs, ils peuvent être mis en vente et rapporter des profits à leurs créateurs.
Ils jouent donc sur la popularité de leurs titres pour engranger des bénéfices et sur la vivacité de la communauté de joueurs, qui crée un intérêt pour les micro-investissements que sont ces achats. Pour solidifier cette base, la plupart des studios organisent de grandes compétitions internationales. Valve, créateur de Dota 2, a ainsi organisé un tournoi mondial nommé « l’international » dont le premier prix était de plus de 2 millions de dollars. La saison 3 du tournoi de League of Legends, se déroulant au Staples Center de Los Angeles, a été visionnée par plus de 32 millions de passionnés qui ont ainsi participé à l’établissement d’un record, devenant l’événement le plus vu dans l’histoire du Sport électronique.
La promotion des MOBA passe aussi par une migration sur les nouveaux appareils multimédia dont le plus important est le smartphone. Le développeur pour téléphone Zynga a ainsi sorti un MOBA nommé « Solstice Arena », ouvrant la voie à d’autres pour coloniser le mobile.
League of Legends, référence du genre
MOBA le plus populaire actuellement, c’est le premier véritable héritier du mode de Warcraft III. Il a été conçu par le studio Riot Games avec l’aide de deux développeurs déjà à l’origine de ce dernier. Il en reprend les principes en améliorant le concept avec l’introduction du personnage de l’invocateur, qui est l’incarnation du joueur et lui permet d’invoquer des champions qui se battront pour lui dans la partie. L’invocateur sert à conserver l’historique des parties, les champions invoqués, les gains en expérience,…
Du côté des affrontements, on a droit à plusieurs modes :
- Le mode normal, où des équipes de 5 ou 3 tentent de détruire la base de l’autre après avoir éliminé ses tours de garde. Mais pour atteindre cet objectif, encore faut-il avoir exploré la carte, tué les ennemis neutres pour gagner de l’or et des objets afin de prendre l’avantage sur l’équipe adverse, que l’on rencontre souvent durant cette opération vu que les deux partis se disputent le même territoire.
- Le mode Dominion, où la possession du plus de points de capture détermine la victoire en drainant les points de vie de la base de l’adversaire.
- Le mode ARAM, basé sur le hasard total et dans lequel on ne choisit pas son héros. Il n y a qu’une voie d’accès vers l’ennemi et cela débouche sur des parties bien plus rapides que la normale.