Récepteurs satellite et « décodage gratuit » par Internet : Cristor Atlas E versus Géant GN-5500 HD

Le message « équipez vous du numérique » qui défile sur les petits écrans branchés aux récepteurs analogiques se fait de plus en plus anxiogène à l’approche de la date fatidique de l’arrêt de diffusion des « chaînes hertziennes ». Obligés à se convertir au numérique, nombre d’utilisateurs se trouvent projetés dans une jungle d’offres et de technologies de nature complètement différentes. Coup d’oeil sur l’une des tendances actuelles.

Dans le monde merveilleux de la réception satellite, tout un arsenal technique est mis à disposition du téléspectateur pour décrypter les chaînes, de façon plus ou moins officielles. Parmi les méthodes les plus en vogue, le « décodage par Internet » rencontre son public, plus nombreux à mesure que la pénétrance de l’ADSL dans les chaumières suit son cours. La Dreambox est le meilleur exemple que l’on puisse citer dans cette catégorie à la vue de son ancienneté sur le marché, ainsi qu’à la stabilité de son offre et au nombre de chaînes payantes fidèlement décryptées depuis des années. Cela dit, le décryptage par Internet possède un «défaut » majeur : la nécessité de payer un abonnement mensuel (de 1 000 DA en moyenne). Cet « abonnement » est en réalité officieux, un moyen pour certains de facilement gagner de l’argent en investissant dans une offre officielle plus onéreuse, puis en « partageant » les codes avec les « abonnés ». La perspective de débourser 12 000 DA par an n’étant pas jouasse pour de nombreux utilisateurs, nous proposons de tester deux modèles de récepteurs satellites qui vont encore plus loin à travers leur compatibilité avec un serveur gratuit. Sur le papier, il suffirait alors de brancher son récepteur à son modem (les modems WiFi offerts pour trois mois d’abonnement ADSL à 512 ko ayant plusieurs sorties, ils se révèlent particulièrement adaptés à cette opération) pour décoder les chaînes reçues par satellite (tous les bouquets quel que soit le satellite)…mais ça, c’est sur le papier.

Dans les conditions réelles d’utilisation, voilà ce que donne le comparatif.


Schématiquement, nous avons affaire à un match entre un champion et un challenger. Cristor Atlas E, le champion, jouit d’une excellente réputation. Ruptures de stocks à répétition, prix de vente exponentiels (voir paragraphe dédié), le Cristor Atlas E serait le seul à décrypter les chaînes par Internet de façon stable et gratuite. Plus de problème de disparition des chaînes entre deux rechargements de carte Dragon (nouveau nom de scène de la fameuse OMNIA), ce qui peut prendre plusieurs jours, plus de perte du bouquet Canal-Sat (expérience vécue par certains ayant opté pour le system SamSat avec « décodeur intégré »),… Bref, la panacée en version démodulateur. Face à lui, le Géant GN-5500 HD fait office de nouveau venu. « On a fait une réputation au Cristor Atlas E, mais celui-là (le Géant) possède les mêmes options », nous disait un vendeur en pleine rupture de stock de Cristor Atlas E. Bien moins connu, y compris par certains professionnels, le Géant affiche une meilleure disponibilité sur le marché et un gradient de prix plus étroit. Le décor est planté, voyons tout cela plus en détail.


De vrais couteaux suisses, les deux modèles accumulent les trouvailles pour décrypter vos bouquets favoris. D’abord, le classique lecteur de cartes, un plus pour le Cristor qui compte deux ports d’entrée pour les cartes contre un seul pour le Géant, différence modeste si vous n’utilisez que la carte Dragon. Ensuite, chose plus subtile, le « flashage ». Cristor Atlas E est en effet capable de décrypter les chaînes de la TNT tout seul, comme un grand, sans carte ni connexion internet aucune. Un plus qui pèse lourd quand on sait le succès des 6 chaines françaises principales, qui ont maintenu les démodulateurs analogiques sous perfusion jusqu’à leur extinction programmée. Il en a été de même aussi pour le Géant, mais les chaînes de la TNT ne sont plus lisibles spontanément par le Géant au moment où s’écrivent ces lignes, en attendant une mise à jour. Dernière façon alternative, la réception des « codes » par satellite, spécialité du SamSat. Le Cristor pourrait se transformer en « décodeur externe » pour un autre démodulateur. Cette fonctionnalité requiert d’installer une parabole supplémentaire pour recevoir lesdits codes, les autres options étant plus pratiques, nous n’avons pas testé cette fonctionnalité.


Le Géant est donc mené aux points en ce qui concerne les alternatives au décodage par Internet qu’il propose, mais il n’a pas dit son dernier mot. En regardant l’arrière des deux machines, le port HDMI du géant ne laisse pas indifférent, ainsi que son port USB frontal, situé à coté de la fente pour carte satellite. En attendant le modèle HD du Cristor, si vous avez investit dans un bel écran, le modèle actuel peut vous causer la frustration d’avoir une source à résolution Standard. Moins de pixellisation et plus de fluidité du côté du Géant. Cela dit, pour tous les possesseurs de tubes cathodiques et autres écrans sans entrée HDMI, l’avantage du Géant ne tient évidemment plus.


Nous avons rajouté ce paramètre de comparaison après une constatation surprenante. Alors que le Cristor est réputé pour être simplissime à utiliser (et il est vrai que son interface «cheap » demeure très claire), il vous demandera plus de manipulations et de voyages dans les sous menus que le Géant. Par exemple, pour que le Géant lise une carte Dragon, il suffit de la glisser dans la fente (seules les cartes à « petites puces » sont compatibles). Pour le Cristor, il faut placer la carte, aller dans le sous-menu carte et l’activer. Pour décrypter les chaînes par Internet, quand il suffit de brancher le Géant, il faudra aller dans le sous menu « ethernet » du Cristor pour l’activer. Nous avons été surpris de la non détection de la connexion, et il a fallu naviguer dans les forums pour trouver une solution faites de manipulations impossibles à deviner (du genre «entrer n’importe quel numéro dans un espace de saisie», ou encore « revenir au menu principal et éteindre/rallumer puis revenir au sous-menu ethernet »). Si le Cristor jouit d’une interface plus ergonomique, le Géant a un côté « plug and play » qui vous évitera un aller-retour au magasin.


Voilà le noyau dur du comparatif. Si on investit dans ce genre de modèles, c’est d’abord pour décrypter les chaînes par Internet. Pour le Cristor, le contrat est rempli en grande partie. Bien qu’il soit possible de payer pour avoir un serveur à la stabilité irréprochable, le serveur gratuit fait parfaitement le job. Quelques secondes d’image gelée de temps à autres viennent rappeler qu’il s’agit d’une méthode pirate, mais voir un film, suivre un match ou toute autre émission se fait généralement sans heurts (si ça gèle pendant un but, vous verrez quand même les ralentis). Par contre, pour le Géant, on branche la bête au modem et là…c’est le drame! D’abord, on nous annonce 12 mois de décryptage gratuit par Internet, alors qu’il ne devrait pas y avoir de limites de temps pour le Cristor (remarquez l’emploi du conditionnel dans la phrase précédente).

Ensuite, la qualité du décryptage est calamiteuse : image figée, quelques secondes reçues correctement, puis image figée. Etait-ce un manque de chance juste pendant notre test ? A la recherche d’une réponse, les feed-backs sur le Géant se sont révélés majoritairement négatifs. Après plusieurs jours de saccades intempestives et d’échecs au décryptage, il a fallu se résoudre à lui enfourner une carte Dragon. Au moment où s’écrivent ces lignes, les cartes Dragon sont en instance de rechargement, attendant la disponibilité des « codes » en magasin! Ce point essentiel est donc un cuisant échec pour le Géant. Le champion reste champion.


Il y a de quoi rédiger toute une étude sur les prix de ces consommables. Pour le Géant, son prix vacille entre 7 000 et 8 000 DA. « Profitez-en parce que son prix va bientôt monter ! ». Argument commercial désespéré ou véritable information ? Seul le temps nous le dira. Le temps nous a dit que cela est par contre tout à fait vrai pour le Cristor Atlas E. Les pionniers ont mit le grappin dessus pour 6 500 DA à une époque reculée. Nous l’avons trouvé en vente au magasin à…15 000 DA !! Ce prix record a été aperçu après une série de hausses opportunistes de la part des vendeurs. Il est toujours possible de le trouver moins cher, notamment loin de la capitale (9 000 DA dans les hauts plateaux), mais il devient difficile de le dégotter neuf à moins de 10 500 DA sur Alger. Il ne faut pas hésiter à négocier les prix quand la marge bénéficiaire chatouille les 100%, mais un tel gonflement des tarifs est peut être la meilleure preuve de la popularité du produit. En attendant, « Alger la parabole » n’a jamais aussi bien porté son nom.