La Commission européenne estime que le géant mondial des semi-conducteurs, l'américain Intel, a pratiqué des prix défiant toute concurrence et accordé des remises considérables dans le but de distancer son rival Advanced Micro Devices.
Intel contrôle actuellement 80% du marché mondial des processeurs pour PC et serveurs.
Bruxelles avait mis en cause formellement la société jeudi, l'accusant de pratiques illégales à l'encontre d'AMD sur le marché des processeurs centraux d'ordinateurs (CPU).
"Les ristournes proposées par Intel ont porté sur de telles quantités et atteint de tels montants qu'un concurrent, qui se voulait efficace, se retrouvait forcément dans l'obligation de proposer un produit au prix inférieur à son coût de revient", a déclaré vendredi Ton Van Lierop, porte-parole de la Commission européenne.
"Nous pensons que (ces pratiques) sont mauvaises pour la concurrence et mauvaises pour le consommateur", a-t-il ajouté.
Le directeur juridique d'Intel a reproché aux autorités antitrust de l'Union des erreurs factuelles dans ces accusations.
"Nous sommes sûrs que le marché des semi-conducteurs fonctionne normalement et que la conduite d'Intel a été respectueuse de la loi, tournée vers la compétition, et bénéfique pour les consommateurs", a réagi Bruce Sewell, principal conseiller juridique d'Intel.
Bruxelles a adressé au groupe américain un "communiqué des griefs" qui pourrait valoir à l'incriminé des amendes atteignant jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires annuel.
DES ACCUSATIONS "FAUSSES"
Selon la Commission, les écarts d'Intel ont commencé en 2003.
L'entreprise aurait octroyé des rabais auprès de certains constructeurs à condition qu'ils lui achètent l'essentiel de leurs "CPU".
Intel aurait également versé des commissions à certains fabricants afin qu'ils retardent voire annulent la mise sur le marché d'ordinateurs équipés de puces AMD.
Le groupe aurait enfin placé ses processeurs à des prix inférieurs à ses coûts de revient auprès de certains gouvernements et de certaines institutions dans l'éducation.
"Je peux vous dire qu'après avoir lu le (communiqué des griefs), des affirmations factuelles ont été faites par la Commission qui, selon nous, sont tout simplement fausses, pas intentionnellement", a indiqué Bruce Sewell.
Il a précisé que certaines affirmations de la commission sur les prix et les coûts de fabrication avaient été "tout simplement mal comprises" par la Commission, avant d'assurer qu'il était prêt à coopérer avec Bruxelles pour expliquer son point de vue.
Intel a jusqu'au 8 octobre pour répondre à la Commission. Les amendes pourraient être prononcées si les justifications fournies par l'entreprise sont jugées insuffisantes mais la société aurait la possibilité de faire appel.
La direction d'AMD a salué les initiatives prises par Bruxelles.
"Nous estimons que ce communiqué des griefs va constituer un catalyseur dans l'ouverture du marché mondial des microprocesseurs, ce pour le bénéfice des consommateurs et des constructeurs de PC", a déclaré Giulano Meroni, président d'AMD pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.
Vers 17h55 GMT, le titre Intel recule de 0,5% à 23,88 dollars à Wall Street. Au même moment, le Nasdaq Composite abandonne 0,52%.
Bruxelles accuse Intel de pratiques déloyales face à AMD
- nabil