Les étudiants, mal lotis !

N'TIC Magazine 15 - novembre 2007 Selon une enquête sur l’utilisation de l’outil informatique chez les étudiants, effectuée par la FOREM à Alger auprès de 731 étudiants ; Il ressort qu’un tiers seulement des étudiants disposent d’un PC à la maison.
A peine, 17% peuvent accéder à un PC au niveau de l’université.
« La plupart compensent ce manque par le « système D » », explique M. Khiat.
Les 2/3 peuvent accéder facilement à 1 ou 2 Pc et 80% ont utilisé le PC avant l’âge de 20 ans dont la moitié avant l’âge de 16ans.
Cependant, la moitié d’entre eux ne disposent que d’un horaire limité et 40% peuvent en disposer moins de 2 heures par jour.
Aussi, 1/3 des étudiants seulement peuvent se connecter à Internet à domicile bien que 60% is posent d’une ligne téléphone fixe.
Toujours selon les conclusions de cette étude, plus de la moitié des étudiants qui utilisent régulièrement le PC ont effectué une formation.
Pour près de 46% parmi eux, cette formation a eu lieu dans un établissement privé. Dans 40% des cas, cette formation est inférieure à 3 semaines et pour les 2/3, elle est inférieure à 6 semaines.
Pour ce qui est des applications, celles-ci sont très modestes :
42% concernent les connexions à Internet, 12% le traitement de texte, 5,69% l’Excel et 1.4% le power point.
De manière générale, près de la moitié des étudiants souhaitent acquérir un PC par facilité mais trouvent les dispositifs actuels contraignants, raison pour laquelle 36% d’entre eux préfèrent continuer à fréquenter les cybers en raison des prix plus ou moins abordables.
Enfin, la majorité des étudiants souhaitent une diminution des tarifs d’accès à l’Internet.

Prêter plus d’attention au contenu :
En dépit des efforts fournis par le premier responsable du secteur, les conclusions de l’étude de la FOREM ne sont par réjouissantes.
« Vaincre l’analphabétisme numérique ce n’est point une mince affaire », rappellera Boudjmâa Haïchour en marge du Salon Hi-Tech’07.
Toutefois, certain analystes estiment que les différents programmes gouvernementaux visant à réduire cette fracture numérique, pourraient, s’ils sont menés à terme, combler le retard.
Soulignons au passage l’annonce du ministre des PTIC de la réalisation prochaine de 2500km de fibre optique FTTH qui permettra aux foyers d’avoir accès et en même temps à Internet, la télévision sur IP, la VoIP et la vidéo sur commande à une vitesse qui va de 10 à 15 méga-octets.
De même que l’illettrisme constitue un lourd handicap dans le monde de l’écrit, de même l’incapacité de se servir d’un ordinateur ou d’Internet est de plus en plus pénalisant.
Se soucier des communications, de leur « invasion » de tous les secteurs de la vie est certes nécessaire, ce n’est pas suffisant.
Il faudrait se soucier plutôt des bouleversements qu’elles entraînent.


« Ce ne sont pas les performances des techniques de communication qui comptent, comme si elles laissent tout le reste inchangé, mais leur contenu et leurs conséquences, ce que les communications transmettent, c’est-à-dire des informations.
Et si la multiplication des communications est possible c’est grâce aux possibilités de reproduction de l’information numérique », explique Tarik Ifticène, consultant en information.
« Plutôt que de se focaliser sur la technique et vouloir accélérer le processus de domination des réseaux de communication, on devrait donc prêter plus d’attention au contenu et aux acteurs, aux questions d’organisation et aux formations requises ».
Cependant, la formation elle-même ne peut être suffisante, avertit notre interlocuteur, car tout le monde ne peut y avoir accès, « La société hyper technicienne qui est la nôtre a besoin de médiateur, d’assistance et d’experts pour s’orienter et compenser les handicaps individuels ou collectifs».
Selon lui, il y a toujours surproduction d’informations, personne ne peut tout savoir, tout
intégrer, il y a vite saturation.
Il ne suffit donc pas de transmettre l’information, il faut créer les conditions pour qu’elle soit utilisée « Ce qui implique un schéma-directeur clair avec des objectifs bien précis, ce qui ne semble pas être le cas en Algérie».
En conclusion, M. Ifticène souligne que c’est la fracture entre les logiques de l’ère énergétique (industrielle) et l’ère de l’information (immatérielle) dont il faut prendre conscience pour réduire la fracture numérique. À bon entendeur…