« L’ADSL sera le mode d’accès prioritaire de Djaweb » A la tête de Djaweb, la filiale Internet d’Algérie Télécom depuis fin 2007, Ahmed Kehili affirme que « le cœur de la stratégie de Djaweb restera concentré sur la fourniture de l’accès haut débit (ADSL, ndlr) ». Les trois produits haut débit Anis, Easy et Fawri comptent 200 000 abonnés. Prochainement, ils seront déclinés sous une même dénomination qui est à définir. L’introduction du haut débit dans les 1541 communes du pays se fera avant la fin mars 2008. Djaweb va rejoindre prochainement le projet Ousratic. Le WIMAX et l’EVDO n’intéressent pas directement Djaweb, sauf comme solution complémentaire à son offre ADSL. Ahmed Kehili, qui a été de tous les combats depuis l’ouverture du secteur des télécoms, a fait un passage remarqué à l’ARPT. Au sein d’Algérie Télécom, il a acquis la réputation de « bête noire » des opérateurs de téléphonie mobile, lors des négociations sur les tarifs d’interconnexion, entre autres, et de chasseur de mauvais payeurs (particuliers ou corporatifs).
Vous venez d’être nommé à la tête de Djaweb. Quelle est votre feuille de route ?
La feuille de route s’articule autour de deux axes principaux : premièrement, confirmer le positionnement de Djaweb en tant qu’opérateur généraliste sur le marché Internet/voix/données pour les entreprises et les résidentiels, deuxièmement, démontrer la capacité de Djaweb à établir la rentabilité de son activité d’opérateur de services à valeur ajoutée. La réalisation de ces deux objectifs est conditionnée par un investissement important dans le réseau, les systèmes d’information et les plateformes de services, mais aussi par la mise en place de partenariats forts, ayant une visibilité et une viabilité dans le domaine.
On sait que vous êtes, entre autres, l’artisan de la récupération des créances d’Algérie Télécom. Quelle est votre priorité à la tête de Djaweb ?
L’enjeu pour Djaweb pour les trois prochaines années est de réussir la mutation lui permettant de se positionner en ISP de qualité maîtrisant parfaitement le haut débit et les services à valeur ajoutée. Mais la priorité reste, comme l’a affirmé le ministre des PTIC, le Dr Boudjemâa Haïchour, le déploiement du réseau ADSL dans les 1541 communes du pays avant la fin mars 2008.
Fawri, Anis, Easy, plusieurs marques pour pratiquement le même produit, ne comptez-vous pas uniformiser votre offre commerciale pour l’ADSL ?
L’offre haut débit de Djaweb a souffert de la mixité de présence avec Easy et Fawri. Le ministre des PTIC a, au cours de mon installation à la tête de Djaweb, relevé que l’atomisation de l’offre du haut débit du Groupe Algérie Télécom impactait négativement son image et décidé de fédérer les trois plateformes Fawri, Anis et Easy au sein de Djaweb autour d’une marque unique. L’opération de transfert des réseaux et moyens de Easy et Fawri est en cours. Elle doit s’achever dans un avenir assez proche. Cette opération, outre une meilleure visibilité pour le client, permettra de mutualiser les investissements et donc de réduire les tarifs des offres d’affaires ou résidentielles.
Algérie Télécom propose aussi l’EVDO. Comptez-vous récupérer ce service pour Djaweb ? Avez-vous des projets pour le WIMAX ?
L’accès ADSL sera le mode d’accès prioritaire. Djaweb ne se lancera pas en propre dans le déploiement de la technologie WIMAX ou CDMA, destinée à compléter l’offre DSL plus qu’à une réelle substitution. Djaweb achètera en gros ces accès auprès d’Algérie Télécom. Tous ces aspects font l’objet d’une réflexion, qui est en cours, pour la mise en place d’un grand pôle haut débit en Algérie.
On remarque que de par le monde, l’on tend à abandonner les connexions RTC. Qu’en est-il pour Djaweb ?
Il est vrai que les connexions RTC connaissent une stagnation depuis deux ans. Cette stagnation s’explique par l’émergence de nouvelles technologies. Cette tendance va certainement s’accélérer aussi chez nous avec les nouveaux besoins de la clientèle, aussi bien professionnelle que résidentielle. Mais il reste important pour Djaweb de fidéliser la clientèle du « 1515 » avant de l’accompagner vers la technologie DSL.
Internet ne se résume pas à la connexion. Que propose Djaweb pour le contenu ?
Le cœur de la stratégie de Djaweb restera concentré sur la fourniture de l’accès haut débit. Le succès de Djaweb reposera moins sur la maîtrise du contenu (investissements lourds) que sur la « mise à disposition » de son portail pour des contenus gérés par ses partenaires. Cette stratégie, outre les gains substantiels qu’elle va générer, est à même de fidéliser la clientèle et de conforter l’image de Djaweb en tant qu’ISP dynamique et high-tech. La mise en place de ces partenariats est en cours.
La relation entre les fournisseurs d’accès à Internet et Algérie Télécom/Djaweb a été toujours conflictuelle. On accuse toujours Djaweb d’être en situation de monopole et que ses tarifs sont prohibitifs. Qu’en est-il réellement ?
Djaweb est un ISP au même titre que les autres ISP, depuis sa filialisation en juillet 2006. Djaweb achète de la bande passante à AT pour son réseau internet ou celui offrant l’ADSL. Le coût de la bande passante représente 70% de ses charges d’exploitation, ce qui maintient les tarifs à un niveau relativement élevé.
Pourquoi ne trouve-t-on pas Djaweb dans le projet Ousratic ?
Djaweb sera bientôt un acteur actif de l’opération Ousratic, en proposant des packs en partenariat avec les fournisseurs de PC.
Dans vos offres commerciales, vous ne posez aucune limite sur le téléchargement, particulièrement avec le succès des sites de partage de vidéo comme Youtube. Est-ce que votre bande passante est illimitée ?
Effectivement, Djaweb n’impose aujourd’hui aucune limitation au téléchargement. C’est une démarche volontariste pour la fidélisation de la clientèle qui est rendue possible par la disponibilité de la bande passante. La bande passante n’est toutefois pas illimitée. Des logiciels de régulation et de hiérarchisation des flux par nature d’utilisation seront bientôt utilisés.
Pouvez-vous nous donner une estimation du nombre d’abonnés DSL en Algérie, tous fournisseurs confondus ? Et à combien estimez-vous le nombre d’internautes et de cybercafés ? Combien d’abonnés compte Djaweb (RTC et DSL) ?
Le nombre d’abonnés DSL en Algérie serait de 250 000 à fin 2007. Le nombre de cybercafés avoisinait les 5000 toujours à fin 2007. Quant au nombre d’internautes, il est difficile de l’appréhender avec précision, mais il serait de l’ordre 3,5 à 4 millions d’utilisateurs de services internet aujourd’hui.
Djaweb compte avec ses produits Anis, Fawri et Easy 200 000 abonnés, auxquels s’ajoutent les abonnés disposant de liaisons louées et ceux qui se connectent sur le RTC à partir du 1515.
Etes-vous d’accord avec la gestion actuelle du domaine.dz ?
La gestion du domaine .dz est assurée actuellement par le Cerist dans des conditions plutôt acceptables. Le Cerist dispose d’un capital compétence et expérience qui lui a permis de répondre aux sollicitations des utilisateurs du domaine .dz. Il reste néanmoins que certains pesanteurs et coûts d’administration du domaine ne sont pas toujours justifiés.
Un dernier mot...
Je souhaite que l’année 2008 soit réellement l’année du haut débit en Algérie. La promotion du haut débit en tant que vecteur de développement est le résultat d’une synergie à créer entre l’ensemble des acteurs (institutions, industriels, opérateurs, ISP…). Le haut débit reste le support incontournable pour l’émergence de la société de l’information et l’arrimage au progrès et à la modernité.
Par: Samir Ben Djafar - El Watan
Ahmed kehili. PDG de Djaweb, à El Watan
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