CINQ MOIS SEULEMENT APRÈS SON INSTALLATION

Le P-DG d’Algérie Télécom limogé La mauvaise gestion des dossiers de la câblerie de Sétif, des ressources humaines et de l’ouverture du capital du groupe serait à l’origine de la mise de fin de fonctions du successeur de Slimane Kheïreddine. Finalement Mouloud Djaziri n’aura tenu à la tête du groupe que cinq mois. Ce dernier vient d’être remplacé par Moussa Benhamadi.


Le président-directeur général du groupe Algérie Télécom, Mouloud Djaziri, a été limogé jeudi dernier, par le ministre des Postes et des Technologies de l’information et de la communication, Boudjemaâ Haïchour. Celui-ci a signifié la mise de fin de fonctions de M. Djaziri dans la traditionnelle formule “appelé à d’autres fonctions”.
Dans l’entourage immédiat du désormais ex-PDG d’Algérie Télécom, il s’agit d’un limogeage pur et simple quant on sait que le concerné n’a été informé que dans l’après-midi de la même journée. Ainsi, M Djaziri, successeur de Kheïreddine Slimane – ce dernier étant successeur de Brahim Ouaret depuis 2006 – vient de subir le même sort que ses prédécesseurs dans une conjoncture assez particulière.
D’abord au vu du processus de développement d’Algérie Télécom, d’une part, ensuite au vu des multiples scandales que ce groupe a connus depuis 2000, année de la promulgation de la loi sur l’ouverture du secteur des télécommunications en Algérie, d’autre part. Si certaines sources évoquent la mauvaise gestion du dossier de la câblerie de Sétif – une affaire de près de 120 milliards de dinars, nous dit-on – d’autres sources révèlent la mise à l’écart de plusieurs cadres supérieurs depuis l’installation, en janvier 2008, de Djaziri à la tête d’Algérie Télécom.
Cette mise à l’écart des cadres a soulevé moult interrogations et inquiétudes, voire des protestations au point où la présidence de la République a officiellement été saisie du dossier relatif à la gestion des ressources humaines au niveau de cette institution névralgique. Pis encore, les retards accusés dans le fameux dossier relatif à l’ouverture du capital d’Algérie Télécom ont également été évoquées par nos sources. En effet, sur le plan stratégique, la mauvaise gestion de ce dossier a donné lieu à des spéculations tant au plan interne qu’au plan externe.
Si au plan interne Algérie Télécom peine réellement à annoncer l’ouverture de son capital, pour franchir un nouveau cap bénéfique, au plan externe, en revanche, les investisseurs et autres opérateurs étrangers hésitent à se prononcer sur le dossier en évoquant l’absence de visibilité. La preuve, le ministre des Postes et des Technologies de l’information et de la communication n’a raté aucune occasion pour rappeler que “l’ouverture du capital d’Algérie Télécom est toujours à l’ordre du jour”. Et cet important volet, tant économique que politique, est révélateur du malaise que couve ce groupe qui n’a pas cessé d’envoyer de mauvais signes à ses partenaires immédiats et potentiels à travers le blocage de ce dossier aussi lourd. Et ce ne serait guère le fruit du hasard si le ministère de tutelle a décidé de limoger M. Djaziri cinq mois seulement après son installation. Échec cuisant pour le groupe, le limogeage du P-DG d’Algérie Télécom, le troisième depuis 2006, intervient au moment où le secteur des télécommunications connaît une expansion sans pareille.
Cela étant dit, de grands chamboulements devront intervenir au niveau de l’organigramme d’Algérie Télécom. Et pour cause, quand Slimane Kheïreddine avait été remplacé par Mouloud Djaziri, ancien cadre de cette entreprise, de grands changements avaient été opérés trois jours auparavant au niveau de plusieurs filiales.
C’est ainsi que le fournisseur d’accès à Internet Djaweb a connu une nouvelle nomination en la personne de Ahmed Kehili qui a succédé à Mme Atif, et l’opérateur historique de la téléphonie mobile Mobilis avait également connu une autre nomination en la personne de Lounis Belharat en remplacement d’El-Hachemi Belhamdi.
Du coup, ces grands chamboulements au niveau de l’organigramme d’Algérie Télécom témoignent on ne peut mieux de l’instabilité du groupe, ce qui pourrait se répercuter négativement dans les tout prochains jours sur ses filiales.

Par: FARID BELGACEM - Liberté