ADSL, téléphone fixe, Ousratic: Beaucoup reste à faire dans les TIC

Intervenant lors d'une rencontre tenue vendredi dans la soirée à Paris à l'initiative du Réseau des étudiants algériens diplômés des grandes écoles de France (REAGE), consacrée à la nouvelle économie algérienne, Missoum Sbih, l'ambassadeur d'Algérie en France, a appelé à « une prise de conscience de l'élite algérienne établie à l'étranger pour mettre son savoir-faire et son expérience au service du développement national ».
Le diplomate a ainsi défini trois axes pour cette contribution à savoir le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l'amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et le développement des IDE et enfin la réalisation d'analyses et d'études pouvant assurer l'essor du pays dans tous les domaines. Dans cette perspective, M. Sbih a estimé que « le REAGE peut devenir une plate-forme de rencontres et d'échange d'informations pour les opérateurs algériens et français, un vecteur de création d'entreprises et de partenariat et un vivier de talents et de compétences pouvant aider l'Algérie à devenir un pays émergent ». Présent à cette rencontre, Brahim Bendjaber, le président de la Chambre nationale du commerce et de l'industrie (CACI), est intervenu sur le thème des «PME/PMI : Export et internationalisation». En préambule, M. Bendjaber a retracé l'évolution historique de l'économie nationale jusqu'à la fin du monopole d'Etat à partir de 1991 avec la promulgation de la loi de la monnaie et du crédit et l'ouverture du marché national, avant d'aborder le cadre régissant les opérations d'exportation des produits algériens et des facilitations accordées aux opérateurs économiques nationaux.

A ce sujet, le président de la CACI a rappelé qu'aucun impôt n'est appliqué sur les bénéfices découlant d'opérations d'exportation.

Il a également évoqué les perspectives offertes aux exportateurs nationaux depuis l'adhésion du pays à l'espace arabe de libre-échange et dans le cadre des adhésions envisagées à la zone UMAO (Union des marchés ouest-africains) et de l'Association de libre-échange, regroupant des pays européens et nordiques. Par les chiffres, M. Bendjaber a fait savoir que « les exportations algériennes hors hydrocarbures ont atteint l'année dernière 1,8 milliard de dollars, dont 80% sont à destination de l'Europe ». Cependant, l'orateur a relevé le problème de conformité des produits nationaux par rapport aux normes européennes, en révélant que « les PME/PMI, pour la plupart d'entre elles, ne sont pas certifiées ISO ». Selon lui, « la réussite des PME nationales passe par la mise à niveau et la modernisation des équipements, celle de l'encadrement et de la ressource humaine et par la mise en place de structures de promotion ». Aussi, il a plaidé pour « la mise en place de joint-venture entre les PME/PMI nationales et des partenaires étrangers pour acquérir l'expérience et le savoir-faire nécessaires avant de se lancer dans des opérations d'externalisation ».

Lui succédant, le président de l'Association algérienne des fournisseurs de services Internet (AAFSI), Ali Kahlane, a brossé un large tableau sur la situation et les perspectives du secteur des TIC dans le pays en faisant remarquer « la faible pénétration des TIC en Algérie, le faible taux de connections ADSL ».

Dans ce sens, il s'est référé aux « résultats mitigés de l'opération Ousratic, qui a été loin d'atteindre les 6 millions de postes projetés du fait que seuls 500.000 ordinateurs ont été acquis ».

Concernant la téléphonie fixe, M. Kahlane a estimé que le taux de pénétration demeure faible avec seulement 3 millions d'abonnés, au moment où la téléphonie mobile enregistre 25 millions, alors que les services en ligne sont quasiment inexistants. Ali Kahlane a également indiqué que 3,7 millions d'Algériens utilisent Internet et qu'on dénombre 10.000 sites algériens dont environ 2.000 en «.dz».

Abordant le volet des caractéristiques du marché national des TIC, l'intervenant a indiqué que ce créneau a « mobilisé quelque 279 millions d'euros pour l'acquisition des équipements, 89 millions pour les logiciels et 87 autres millions pour les services ». S'agissant des perspectives, M. Kahlane a rappelé le projet e-Algérie 2012, en précisant que « 1.010 actions seront lancées pour développer l'utilisation des TIC, pour une enveloppe financière de près de 400 milliards de dinars ».

Le chef de la mission économique française en Algérie, Marc Bouteiller, a, pour sa part, situé les facteurs restrictifs dans le système financier national, l'économie informelle, la faiblesse de la ressource humaine et l'inaccessibilité du foncier pour sa cherté. M. Bouteiller est revenu longuement sur l'importance du marché algérien pour les opérateurs de l'Hexagone en précisant qu'il représente « le premier débouché vers l'Afrique et occupant la troisième place après la Chine et la Russie ».

Il a rappelé que le volume des exportations françaises vers l'Algérie a plus que doublé en l'espace de sept ans, un fait qui place son pays en 2008 comme premier fournisseur de l'Algérie avec 6,421 milliards de dollars et son 4ème client avec 6,465 milliards de dollars.

Le chef de la mission économique française a, en outre, indiqué que la France est le second investisseur en Algérie après les Etats-Unis et le premier hors secteur hydrocarbures et que 400 entreprises françaises versées dans divers secteurs sont installées en Algérie et employant près de 35.000 Algériens. Il a également invité les jeunes diplômés à opter pour la formule «Volontariat international en entreprises» (VIE) destiné aux moins de 29 ans qui leur permet de travailler en Algérie, pour enfin décrocher, à l'issue de leur période de VIE, un poste soit en Algérie ou en France.

Pour sa part, le président de la Chambre de commerce et de l'industrie de Paris, Pierre Simon, a estimé que «l'Algérie est une destination privilégiée pour les entreprises françaises car elle traduit d'une manière concrète des relations économiques basées sur le principe gagnant-gagnant».

Source: Le Quotidien d'Oran