Quels progrès peut-on attendre de Firefox ? A quoi ressemblera Fennec, le futur navigateur pour les téléphones mobiles ? Faut-il attendre un système d'exploitation (OS) Mozilla pour les mobiles, concurrent de Google Android ? Comment travaille la communauté de développeurs de Mozilla ? De passage à Paris le 27 mars dernier, Chris Beard, le responsable de l'innovation au Mozilla Labs, s'est prêté au jeu des questions/réponses pour 01net. Il était accompagné de Tristan Nitot, président de l'association Mozilla Europe.
Quels sont les atouts de Firefox, le navigateur de la fondation Mozilla, par rapport à ses concurrents, et notamment Internet Explorer de Microsoft ?
Chris Beard : Nous avons beaucoup travaillé par exemple sur JavaScript, ce qui a ouvert de nouvelles perspectives aux utilisateurs, notamment pour la 3D, même chose pour la vidéo en ligne. Nous avons également plancher sur l'interface utilisateur pour que les gens puissent s'adapter beaucoup plus facilement à un Web de plus en plus complexe. Firefox est capable de détecter la présence de malwares, de tentatives d'attaques [intrusion, phishing, NDLR], autant de dangers pour l'utilisateur et pour sa machine.
C'est l'idée de permettre à chacun de savoir avec qui il dialogue, ou avec qui il est en contact en ligne. Et en plus de tout cela, il y a aujourd'hui près de 8 000 add-on, ces petites extensions qui permettent à chacun de « personnaliser » son navigateur et de rajouter de nouvelles fonctionnalités.
Où en est Fennec, la version mobile de Firefox ?
Nous sommes toujours en phase de développement. Fennec est le nom de code pour ce qui deviendra Firefox Mobile. Une partie de la stratégie consiste à concevoir Fennec non pas comme une mini version de Firefox mais comme un véritable Firefox pour les mobiles. L'idée, c'est simplement d'adapter Firefox à cette nouvelle plate-forme, après celles de Linux, de Mac et de Windows…
Chaque version de Firefox s'adapte à son environnement propre, ce sera aussi le cas pour le mobile. En prenant en compte les dernières évolutions du mobile, notamment les interfaces tactiles. Notre objectif final est de permettre à l'utilisateur de faire avec Fennec tout ce qu'il pourrait faire sur Firefox avec son ordinateur classique.
C'est-à-dire ?
Par exemple, vous cherchez l'adresse d'un restaurant sur votre PC. Vous éteignez la machine. Vous quittez la pièce, et là vous vous apercevez que vous avez oublié l'adresse sur votre bureau. Pas de panique, vous avez votre mobile, vous lancez Firefox Fennec et vous retrouvez votre session et, donc, vos informations. Synchronisation des mots de passe, des signets, de votre historique, tout sera présent sur Fennec avec cette idée de pouvoir gagner du temps en surfant, en tout cas, de ne pas en perdre en tapant des choses inutiles.
Quand comptez-vous diffuser Fennec et y a-t-il encore de la place pour un nouveau navigateur sur le mobile ?
Tristan Nitot : Je dirais simplement que si vous regardez Windows Mobile, par exemple, vous voyez qu'il y a de la place pour quelques améliorations ! Et l'industrie du téléphone mobile est une industrie ouverte.
Chris Beard : Quant au timing, l'essentiel quand on développe un produit, c'est de se concentrer sur les besoins de l'utilisateur final, et non forcément d'avoir l'œil rivé sur le calendrier.
La Mozilla Foundation planche-t-elle aujourd'hui sur un OS pour mobile ?
Non. Enfin, pas que je sache [rires]. Plus sérieusement nous n'avons pas du tout l'intention de nous consacrer à se type de projet. Nous préférons concentrer nos efforts sur le navigateur Web.
Comment fonctionnent les Mozilla Labs (le centre de R&D virtuel de Mozilla) ? Qui participe au développement des logiciels ?
Au départ, tout le monde est invité à participer. Tout le monde peut venir avec son idée pour améliorer le navigateur Web. Tout le monde peut venir échanger en ligne sur nos forums de discussion ou, en vrai, au cours de Lab Nights, une initiative qui a commencé à Mountain View [en Californie, NDLR], qui se déroulent maintenant régulièrement dans plusieurs pays, en Grande-Bretagne ou au Canada, à Toronto. Il ne faut pas oublier que les meilleures idées peuvent parfois partir juste d'un bout de code griffonné sur un coin de table. Les meilleurs éléments sont ensuite soumis à validation, de manière graduée, c'est comme ça que nous améliorons le produit.
Mozilla travaille-t-il également avec le monde universitaire ?
Oui. Nous collaborons avec des dizaines d'universités dans le monde, dont plusieurs établissements en France. A ce propos, nous avons lancé au printemps un concours de design (Design Challenge), cette fois-ci autour d'une thématique « A quoi ressemblerait un navigateur si le Web était juste ce qu'il devrait être ? Sans fenêtre et sans chausse-trappe. Si c'était juste le Web ».
Source: 01Net