Le président Barack Obama a annoncé, vendredi, un renforcement du dispositif de défense contre les attaques visant les réseaux de communication et d'information américains, une menace multiple et grandissante venant de pirates isolés ou de gouvernements étrangers.
M. Obama a annoncé «une nouvelle approche globale» pour protéger les réseaux, non seulement gouvernementaux mais aussi privés, et la création d'un poste de haut responsable chargé de superviser la défense contre les intrusions. Ces annonces traduisent l'inquiétude croissante de l'Administration américaine devant l'expansion de la criminalité utilisant les nouvelles technologies, mais aussi devant les activités prêtées à des cyber-espions chinois ou russes susceptibles de toucher aux centres névralgiques américains. «Il est clair, désormais, que cette cybermenace est l'un des problèmes les plus graves, qu'il s'agisse d'économie et de sécurité nationale, auxquels notre pays est confronté. Il est clair aussi que notre gouvernement et notre pays ne sont pas aussi bien préparés qu'ils le devraient », a-t-il dit dans des déclarations à la Maison-Blanche.
M. Obama a invoqué la diversité des périls menaçant des systèmes stratégiques comme ceux des marchés financiers ou du trafic aérien, et a fait valoir que lui-même en avait été victime : en 2008, des pirates avaient réussi à pénétrer dans les systèmes informatiques de sa campagne présidentielle et à accéder à des documents confidentiels. «C'était là un rappel éloquent : en cette ère d'information, l'une de nos plus grandes forces, en l'occurrence notre faculté à communiquer avec une multitude de partisans grâce à internet, pourrait aussi être l'une de nos plus grandes vulnérabilités», a relevé Barack Obama, fervent adepte des nouvelles technologies pour communiquer pendant sa campagne et désormais à la Maison-Blanche. Il a rappelé que l'entrée des chars russes en Géorgie en août 2008 avait été précédée d'une attaque paralysant les sites du gouvernement géorgien, donnant un «aperçu du futur visage de la guerre». Face à une telle éventualité, l'Administration américaine prévoit de se doter d'une nouveau cyber-commandement militaire, a indiqué récemment à l'AFP un responsable de la Défense. M. Obama n'a pas évoqué ce nouveau commandement dans ses propos à la Maison-Blanche. Mais, a-t-il dit, «nos réseaux militaires sont soumis à des attaques constantes». Il a aussi relevé que les immixtions dans les données personnelles des Américains auraient coûté 8 milliards de dollars, ces deux dernières années, et que le vol de propriété intellectuelle aurait représenté 1000 milliards de dollars l'an dernier dans le monde.
Mais, a-t-il dit, le gouvernement américain n'a pas assez investi dans la défense de ses systèmes numériques, aucun responsable ni aucune agence n'étaient jusqu'alors chargés spécifiquement de ce combat, et la communication entre l'administration et le secteur privé était inexistante. Il n'a pas dit qui il comptait nommer comme «coordinateur à la cybersécurité». Mais cette personne sera à la fois membre du Conseil de sécurité national et du Conseil économique national, une double appartenance censée signifier que, dorénavant, «la défense de cette infrastructure constituera une priorité de sécurité nationale». Les spécialistes de la sécurité informatique ont salué cette initiative.
Pour Phil Bond, président de l'association TechAmerica, qui regroupe de nombreuses entreprises du secteur des nouvelles technologies, «protéger l'Amérique contre un 11 septembre numérique exige un investissement du président des Etats-Unis, une solide stratégie nationale, la présence d'un personnel hautement qualifié à la Maison-Blanche et une coopération rapprochée avec le secteur privé». Selon lui, plus de 80% des infrastructures américaines vitales en matière de communications sont gérées par le secteur privé, mais leur sécurité doit faire l'objet d'un partenariat avec l'Etat. «C'est le début d'une longue route et il faut que le président continue de s'y intéresser, qu'il trouve le bon budget», a expliqué de son côté Enrique Salem, un dirigeant de la firme Symantec, spécialisée dans la sécurité informatique. «On ne peut se limiter à l'annonce d'aujourd'hui, sans qu'il y ait de suivi», a-t-il ajouté. Tout en se montrant enthousiastes quant à l'initiative de M. Obama, les experts de la sécurité informatique ont observé que de nombreuses questions restaient en suspens, notamment la difficile conciliation entre sécurité et respect de la vie privée et des libertés individuelles.
Source: El Watan