LE MARCHÉ DE LA PUBLICITÉ EST FLORISSANT EN ALGÉRIE: Près de 13 milliards de dinars drainés en 2008


Selon le cabinet d’études Sigma, la téléphonie mobile accapare 30% du marché de la publicité.

Un chiffre d’affaires de 12,9 milliards de dinars a été généré par le marché de la publicité en 2008 et son évolution s’annonce fulgurante pour les prochaines années. Déjà, au premier trimestre de cette année, les dépenses ont atteint 11,4 milliards de dinars. C’est ce qu’a annoncé hier, Saïd Chabani, professeur associé au secrétariat d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication lors des 3es Journées euro-maghrébines de la communication publicitaire tenues à Alger.
Des sources se référant à une étude du cabinet Sigma indiquent que le secteur de la téléphonie mobile accapare 30% du marché avec des annonceurs comme Orascom Télécom, Mobilis et Nedjma. Le secteur de l’alimentaire vient juste derrière. Le reste du marché est partagé entre les secteurs de la banque et finances, l’hygiène et la cosmétologie et l’automobile.

Les participants à cette rencontre ont eu également l’occasion de s’intéresser à la régulation de la publicité considérant que ce mode de communication peut conduire à des dérives. Cette menace pourrait être réelle si l’on se réfère au nombre d’opérateurs qui interviennent dans ce domaine. Saïd Chabani, a, en effet, expliqué que 2282 opérateurs privés (personnes physiques et morales) activent dans le domaine de la publicité. A cela s’ajoutent 2256 opérateurs dans celui de la communication et qui conseillent les entreprises pour élaborer leurs messages. Le conférencier appelle, en l’absence de texte juridique, ces professionnels à se charger eux-mêmes de l’autorégulation. Cette mission est d’ailleurs bien remplie jusqu’à présent, puisque, dit-il, il n’y a pas eu de dérives qui ont conduit à constater des atteintes à la dignité humaine ou à l’exploitation des enfants ou encore à élaborer des messages portant atteinte à la santé des citoyens comme ceux ayant trait à des boissons alcoolisées ou à des cigarettes.
L’exemple le plus édifiant, selon ce conférencier, est celui de la Télévision nationale qui s’est dotée d’un cahier des charges s’interdisant de dépasser certaines limites dans l’élaboration et la diffusion des messages publicitaires.

Pourtant, ce n’est pas la tentation qui manque. Le marché de la publicité a généré en 2008 un chiffre d’affaires de 12,9 milliards de dinars dont 3 milliards ont bénéficié à la Télévision nationale. Les craintes sont grandes de voir certains gros annonceurs dans le domaine de la téléphonie et de l’industrie automobile exercer du chantage sur les supports de publicité, comme l’ont constaté certains intervenants lors des débats.
D’un autre côté, c’est le recours à des formes interdites de promotion, qui menace le marché. Mais dans ce cas, il est constaté que ce sont les concurrents qui relèvent les infractions et qui les soumettent aux autorités en charge du commerce pour y mettre fin. C’est ce qu’a relevé Philippe Cartallier, expert en marque et marketing, qui intervient aussi en tant que conseiller au secrétariat d’Etat chargé de la Communication. Des représentants du ministère du Commerce ont regretté le manque d’implication des associations de consommateurs.

Ces dernières peuvent être confrontées à diverses difficultés pour la multiplicité des supports de communication même si cette contrainte peut aussi être ressentie par certains acteurs sous un autre angle. Les entreprises, elles-mêmes, ainsi que les agences de publicité sont soumises au diktat de la fièvre de consommation et de la rapidité de circulation de l’information, notamment à travers Internet.
Luc Laurentin, cofondateur de Limelight Consulting, a expliqué qu’il ne reste plus de marge de manoeuvre pour les agences de publicité et les annonceurs. Il ne peuvent que réagir aux événements puisqu’ils ont perdu la faculté du recul et de la réflexion.
La nouvelle manière de regarder la télévision par les jeunes, la convergence des médias (téléphone, télévision, Internet dans un même support) sont des mutations qui posent des défis au monde de la publicité.

Car comment le message peut-il être audible et visible dans un monde où le son et l’image sont omniprésents, jusqu’à saturation? Ce problème se pose, d’ores et déjà, à certains opérateurs économiques locaux à l’image d’Air Algérie.
Son président-directeur général, Abdelwahid Bouabdellah a, d’ailleurs, été invité à présenter la stratégie de l’entreprise en matière de construction de son patrimoine international.
La compétitivité s’annonce comme un combat de tous les jours dans un contexte de concurrence. A la publicité de porter sa touche pour être distinguée par rapport aux concurrents.

Source: L'Expression