Parents, enfants et adolescents, institutions publiques et privées, le citoyen en général, tout le monde est concerné par les dangers que constitue l’utilisation abusive et sans précaution d’Internet. L’Algérie ne serait pas encore vulnérable à la cybercriminalité, mais le risque augmente à mesure que les TIC se développent dans le pays.
L’absence d’un cadre juridique identifiant les infractions liées à la cybercriminalité en Algérie devrait être bientôt comblée, rappelons-le, par la publication prochaine dans le Journal officiel d’une nouvelle loi pour la prévention et la lutte contre la cybercriminalité, qui tend à préserver en même temps et protéger les libertés individuelles et publiques. L’Algérie se dote ainsi de moyens supplémentaires pour tenter de se prémunir de certains des fléaux qui se développent à travers la toile Internet. Un vide juridique aura déjà été rempli par une première loi en 2004, modifiant et complétant le code pénal qui a introduit “les actions malveillantes dirigées contre les systèmes de traitement automatisé des données”. La nouvelle loi vient, par conséquent, consolider la législation en vigueur en s’adaptant au mouvement général de lutte contre la cybercriminalité de par le monde. La panoplie des menaces est vaste : propagande des actes terroristes véhiculée par les “portails djihadistes”, diffusion d’images pédophiles et pornographiques, méthodes pour se suicider, etc., dont la plupart relèvent au départ d’ailleurs plus de la cyber-intimidation vis-à-vis de jeunes adolescents inexpérimentés dans la vie pour aboutir parfois au désastre.
Avec les perspectives d’introduction du paiement électronique, du commerce électronique et la facilitation des prestations financières, il était temps aussi de baliser le chemin. Bien sûr, la Toile offre d’immenses possibilités de savoir et d’échanges au point, comme on le sait, où les techniques de l’information et de la communication (TIC) occupent de plus en plus une place importante dans le monde d’aujourd’hui, sinon indispensable. Mais le constat général d’un pays à un autre est doublement significatif dans tous les cas. Les menaces informatiques ne se limitent plus aujourd’hui aux réseaux créés par des étudiants isolés ou par des hackers sans grande ambition que de perturber les internautes en redoublant d’ingéniosité, d’une part. D’autre part, tous les parents ne sont pas fortement impliqués dans la vie des jeunes ou ne suivent pas avec assiduité les propos qu’ils tiennent sur les sites sociaux qu’ils fréquentent. Tel est le constat que font la plupart des spécialistes concernés par les TIC, et les Algériens ne sont pas en reste, loin s’en faut. Or, les réseaux de la cybercriminalité sont présents partout.
Un seul point d’intervention nationale
Surtout, avertissent les spécialistes, leurs stratégies sont bien ciblées et la manière d’opérer sophistiquée. En Algérie, bien que le réseau national soit techniquement sécurisé, tout ordinateur ouvert demeure tout de même une cible, a-t-on noté d’une rencontre à une autre sur les TIC. Avec cette quasi-certitude que toutes les quatre secondes, il y a une page infectée sur le Web, et que 4,5 secondes suffisent pour infecter une page.
Le second constat est un peu plus édifiant : aucune sécurité ni aucun filtrage n’existent à l’heure actuelle au niveau de tout ce qui entre à travers les providers existants (Jaweb, Eepad…), selon les experts algériens. Aussi est-il permis de se poser la question de savoir quelles défenses pourraient bien avoir les jeunes d’abord — 70% des utilisateurs — qui méconnaissent la mauvaise emprise que peut avoir l’outil internet sur eux, et ensuite certains opérateurs économiques ainsi que des institutions publiques et privées qui négligent parfois de sécuriser des données de première importance. On peut noter au contraire, à titre d’exemple, que le ministère algérien de la Justice a verrouillé le problème pour ainsi dire en créant son propre système de filtrage pour ses magistrats, en plus d’un second système de sécurité existant au niveau des cours et des tribunaux, complètement fermé (Intranet). Au niveau des cybercafés, des responsables algériens d’entités informatiques préconisent en conséquence un renforcement de la réglementation où certaines responsabilités devraient être définies, avec un strict respect du cahier des charges. La protection de tous passe cependant par des techniques de filtrage généralisées et efficaces. Ce serait, semble-t-il, le souci de spécialistes algériens de recherche et des fournisseurs d’accès Internet que d’arriver, avec la collaboration de tous les opérateurs (providers notamment), à l’installation d’un seul point d’intervention nationale où tout le monde devrait transiter en tant qu’unique point de sortie vers Internet pour tous les providers d’Algérie. Ce qui faciliterait considérablement, selon eux, l’utilisation de techniques de filtrage. Question : est-ce possible d’y parvenir sans altérer, voire sans modifier l’essence de ce qui fait l’existence même de l’Internet : un outil sans frontières ? Un rien pourrait supprimer son attrait.
La Toile représente un élément majeur aujourd’hui dans l’évolution des technologies et des sciences. Des TIC au service du développement durable en passant par la télémédecine, l’information, la Bourse, etc., les pays en développement sont contraints de s’y accrocher. Faute de quoi, ils risqueraient de creuser l’écart technologique avec les pays riches et d’accentuer la fracture numérique qui existe entre pays du Nord et pays du Sud, à savoir les inégalités dans l’usage et l’accès aux techniques de l’information et de la communication. Une fracture numérique qui ne constitue, par ailleurs, qu’une partie de l’ensemble des inégalités de développement.
Source: Liberté