Pour la fondation Mozilla, Microsoft a une meilleure politique de confidentialité que Google.
Les propos d'Eric Schmidt sur les données personnelles et la vie privée n'ont pas eu l'air de plaire à la Fondation Mozilla. « Ce qui m'ennuie le plus dans les propos du PDG de Google, c'est qu'il ne comprend visiblement pas la vie privée. Qu'une entreprise disposant d'autant de données de ses utilisateurs soit dirigée par quelqu'un qui ne comprend pas le sens de la confidentialité m'effraie vraiment et devrait aussi vous effrayer », note Aza Dotzler sur son blog. Le coordinateur de la communauté chez Mozilla va même jusqu'à estimer que « Bing a une meilleure politique de vie privée que Google » (sans pour autant étayer son propos) et invite l'utilisateur à basculer le moteur de recherche de Firefox de Google par défaut à celui de Microsoft.
Dans une récente interview données à CNBC, Eric Schmidt abordait la question du respect de la vie privée sous l'angle simpliste du discernement. « Si vous faite quelque chose que vous voulez que personne ne sache, peut-être ne devriez-vous pas le faire », avait déclaré le PDG de Google en rappelant que l'entreprise conservait un certain temps les données qu'elle collecte et serait prête à les mettre à disposition des autorités nationale comme la loi le lui oblige. Autrement dit, seuls ceux qui ont des choses à cacher se préoccuperaient de l'usage de leurs données et traces de recherches en ligne.
Des propos que Tristan Nitot n'a pas goûté non plus. En réponse, le président de la branche européenne de Mozilla cite les propos tenus en 2006 par l'expert en sécurité Bruce Schneier. En substance, celui-ci rappelle que « la notion de vie privée nous protège de ceux qui ont le pouvoir » au risque de perdre « notre individualité, parce que tout ce que nous faisons est observable et enregistrable. » En résumé, ce n'est pas vie privée contre sécurité mais vie privée contre contrôle. « Et c'est pour cela qu'il faut soutenir le respect de la vie privée même quand on n'a rien à cacher. »
Cette querelle pèsera-t-elle sur l'avenir de Mozilla? L'éditeur de Firefox tire en effet plus de 90 % de ses revenus (de près de 79 millions de dollars selon le bilan 2008) de son partenariat avec Google. Lequel reverse à la fondation un pourcentage sur le trafic généré sur son moteur depuis la fenêtre de recherche intégrée à Firefox.
Si la réponse viendra en novembre 2011, date d'échéance du contrat de partenariat, Google pourrait de toute façon envisager à terme de se passer du trafic de Mozilla. Depuis le lancement de Chrome, Firefox apparaît de plus en plus comme un sérieux concurrent du navigateur de Google. Les deux applications sont en effet proposées sous licences open source et risquent dans ce cadre de viser le même public d'utilisateurs comme de développeurs.
De son côté, Mozilla qui a toujours revendiqué la plus grande indépendance dans ses choix de développements, pourrait bien commencer à chercher à développer un modèle économique qui le rendra moins dépendant vis-à-vis de Mountain View. Dans tous les cas, cette affaire prouve, s'il était besoin, que Mozilla conserve sa liberté d'expression et n'hésite pas, quand il se doit, de mordre la main de celui qui la nourrit.
Source: Silicon