De nombreux cas identifiés attestent via SMS de Mobilis, moyenne et mention à l’appui, qu’ils ont réussi l’examen (bac spécifique). Il n’en est rien après vérification auprès de leur lycée…
Méprise à l’Office du bac ou erreur technique chez Mobilis ? Des parents d’élèves du lycée Cheikh Bouamama (Ex-Descartes) ne savent plus quoi penser ni à quel saint se vouer depuis l’annonce des résultats du bac. Leur progéniture figure parmi plus de 50 000 candidats à cet examen. Au matin de la journée du 5 juillet, ils ont confirmé leur succès à ce diplôme via consultation SMS comme il est devenu d’usage de procéder grâce à l’opérateur public ATM Mobilis depuis cinq années consécutives et sans anicroches. Mais voilà que le scandale éclate. “Le bac je l’ai eu, oui, mais pour seulement 24 heures”, témoignent des jeunes lycéens venus, hier, se plaindre au journal. Accompagnés de leurs parents, ils sont venus, en fait, dénoncer une situation des plus rocambolesques mais surtout des conséquences difficiles à gérer aussi bien pour les jeunes que pour leurs aînés. Choqués, consternés, déçus, les qualificatifs se succèdent à la vue et à l’écoute de ces personnes munies de fiches et de SMS qui attestent de l’erreur dont tous ont du mal à en situer l’origine. “J’ai consulté Mobilis et confirmé l’obtention du bac. Je me suis empressé alors de contacter mon père qui est à l’étranger pour lui annoncer la bonne nouvelle qu’on attendait tous. Comment lui dire à présent que son fils a raté le coche”, raconte l’un des concernés les yeux embués de larmes.
Assis aux côtés d’une dame qui essayait de le consoler, ce dernier préfère s’abstenir de tout autre commentaire. Celle-ci prend la relève et explique le cas de sa fille tout à fait similaire. “Elle le repasse pour la seconde fois et c’est toute la famille qui s’est mobilisée pour la soutenir. Malgré cela, il est tout à fait concevable d’accepter un nouvel échec. Ce qui est inadmissible, en revanche, c’est de tromper les gens avec des résultats erronés”, tente-t-elle d’expliquer, submergée par l’émotion à l’évocation de ce qui est vécu comme un drame. “Le bac chez nous est une affaire familiale, s’il est raté c’est toute la famille qui se sent concernée. Alors, s’il faut ajouter à cela la bêtise humaine”, déplore un père visiblement très inquiet pour le moral de son fils. “Je l’ai retrouvé en train d’errer en longeant l’autoroute sans savoir vraiment ce qu’il faisait”, dit-il dubitatif, rejoint par cette mère dont les deux enfants ont échoué à l’examen.
“Leur père tellement fier a annoncé à tous ses collègues que ses enfants ont réussi comme l’attestent les résultats communiqués via Mobilis. Aujourd’hui encore, ils lui réclament des gâteaux et il ne sait plus quoi leur dire”, raconte-t-elle, s’interrogeant comment pa-reille méprise peut arriver et déplorant aussi l’attitude de la directrice du lycée en question. “Elle pourrait au moins témoigner un peu de sollicitude envers ces pauvres élèves confrontés à une situation sans précédent en plus de la déception d’avoir failli à l’examen de leur vie.” Les parents ne comptent pas taire cette histoire. Ils ont déjà adressé une correspondance au directeur général de Mobilis demandant explication et réparation.
ATM Mobilis : “Nos équipes sont mobilisées pour élucider cet incident”
L’opérateur public ATM Mobilis a eu à traiter un million de SMS dans le cadre de l’opération du bac qu’il exécute avec succès depuis déjà cinq années et 635 000 autres SMS pour l’examen du BEM. “Je ne peux à l’heure actuelle me prononcer de manière définitive sur ce qui s’est passé, car je ne veux léser aucune partie”, commence par nous expliquer un responsable auprès de Mobilis. Il indique à l’occasion : “Nos équipes techniques sont mobilisées pour confirmer s’il y a eu vraiment ou pas des données erronées.” Les parents des candidats attestent que le numéro d’inscription correspond parfaitement à l’identifiant sur le SMS. À moins que la machine ne soit devenue allergique à certains codes, il n’est pas admis de parler d’erreurs possibles et d’écarter, par ailleurs, un bug, puisque jusque-là l’on ne relève qu’une vingtaine de cas.
Comment est-ce possible alors que le SMS donne le résultat “ajourné” avec 9,07 de moyenne (code 100030) alors qu’en vérité le candidat a eu son bac ? Comment un sms peut attribuer la mention “assez bien” avec une moyenne de 12,24 alors que le candidat en question ne l’a pas obtenu (code 100021), tout comme la personne qui porte le code 100029.
Et la liste s’allonge pour une vingtaine de cas identifiés jusqu’à ceux portés “absents” avec une moyenne de 0/20 alors que la personne a bel et bien décroché son ticket d’entrée à l’université. Mobilis, nous explique-t-on, traite des numéros qui ne portent aucun nom. Des CD aplatis (sans possibilité d’intervenir dessus) que l’opérateur récupère auprès de l’Office et qu’il implémente sur sa plate-forme pour ensuite effectuer une série de tests. Si tout se passe bien alors commence l’opération d’envoi réelle. Très peu de marge pour des erreurs.
L’Office du bac : “Les résultats du bac spécifique ne peuvent pas être consultés par SMS”
Rencontré, hier, à son bureau pour s’expliquer sur la question, M. Salhi, directeur de l’Office des examens et concours, est formel. “Les résultats du bac spécifique ne sont jamais communiqués à Mobilis et donc ne peuvent pas être consultés via SMS”, dira-t-il, assurant que cela est connu aussi bien de la directrice de l’établissement concerné (le seul du genre sur tout le territoire national) que des élèves. Qu’est-il donc arrivé ? “De très rares cas pour lesquels l’identifiant a bel et bien été communiqué à deux candidats de noms bien distincts”, reconnaît notre interlocuteur. Il précise que vu le nombre réduit de ces candidats (tout au plus une centaine) et la spécificité de leur programme (enseignement en langue française des filières et des matières différentes de l’enseignement général), ils ne rentrent pas dans le même moule que les autres candidats. “Les numéros pour ces derniers sont saisis à la main alors que tout le reste passe par l’ordinateur. Cela n’a jamais posé le moindre problème sauf cette fois-ci pour les rares cas qui se sont présentés.” Un mea-culpa en bonne et due forme qui ne consolera peut-être pas les parents et les lycéens mais qui présente au moins une explication et disculpe parfaitement Mobilis de toute défaillance technique.
Source: Liberté