LES CITOYENS N’ADOPTENT PAS LA CARTE DE PAIEMENT

Plus de deux tiers des clients d’Algérie Poste utilisent toujours le retrait par chèque.

Plus de trois années sont passées après l’instauration, par Algérie Poste, du système de retrait automatique d’argent. Néanmoins, les files d’attentes au niveau des bureaux de poste ne manquent pas au quotidien. En effet, de plus deux tiers des clients d’Algérie Poste, considérée par les spécialistes comme étant la plus grande banque en Algérie avec une clientèle estimée à près de 12 millions de personnes, utilisent toujours le retrait par chèque. Une question se pose désormais: pourquoi les Algériens boudent-ils les cartes magnétiques? Un client d’une banque nous a confié que les responsables de cette entreprise financière l’ont convoqué pour lui signifier qu’il devrait payer une somme de 20.000 DA, suite à des retraits répétitifs d’une même somme en une semaine. Pourtant la banque en question ne permet qu’un seul retrait par semaine et le maximum du montant autorisé au retrait est de l’ordre de 8000 DA. Mais le client assure n’avoir effectué qu’une seule opération de retrait, dans un distributeur automatique bancaire (DAB), d’autant plus qu’il était en dehors du territoire national durant la période où les retraits ont été effectués. En déposant une réclamation auprès de ladite banque, aucune suite ne lui a été donnée depuis près d’une année. A Algérie Poste, les problèmes causés par les distributeurs automatiques sont énormes. M.Rachid, salarié dans une APC, a perdu 12.000 DA en effectuant un retrait avec sa carte électronique lorsqu’une panne est survenue dans le DAB. «J’ai déposé une plainte chez les services d’Algérie Poste, et on m’a signifié que je serai dédommagé, mais rien n’est fait depuis trois mois», a-t-il déclaré, et d’ajouter: «désormais, j’utilise les chèques, plus sécurisés malgré la lenteur de l’opération». Il arrive, en fait, des situations où le client effectue une opération de retrait électronique qui se solde en fin de compte par un reçu sans que la somme demandée soit remise par le distributeur automatique. Des citoyens en possession de cartes magnétiques CCP depuis 2007, refusent catégoriquement de les utiliser, de peur tout simplement de perdre leur argent.

Depuis janvier 2007, Algérie Poste a confectionné près de 6 millions de cartes magnétiques. Deux ans après ses responsables ont constaté que seulement 1,3 million de cartes ont été utilisées alors que le reste a expiré sans avoir servi. Les délais de leur validité ont été prolongés de 2 à 4 ans. A l’origine des désagréments, se trouve le fait que plusieurs cartes ont été distribuées aux personnes âgées, notamment les retraités. Seulement, il paraît que ces derniers les ont carrément abandonnés. La sécurité des lieux de retrait est posée. Abdelkrim A. retraité de son état nous a fais savoir qu’il n’a jamais utilisé sa carte magnétique. «Je ne peut risquer un retrait de mon argent au vue de brigands», a-t-il estimé. Plusieurs vols sont, en effet, signalés auprès des services de sécurité, suite aux retraits effectués dans des DAB situés dans des endroits non sécurisés; de ce fait, le citoyen ne se permet sûrement pas de retirer son argent le soir. Un autre inconvénient mérite d’être aussi soulevé: il a trait aux client eux-mêmes, beaucoup d’entre eux ne savent pas utiliser le distributeur automatique. On se demande du coup comment Algérie Poste a-t-elle distribué des cartes à des gens qui ne savent même pas remplir un chèque, en s’attendant à ce qu’ils effectuent une opération électronique! Une mauvaise manipulation du DAB pourra, en effet, entraîner le blocage de la machine, sans oublier de signaler à l’occasion la vétusté de nos billets qui sont aussi à l’origine du blocage. La révolution qu’espéraient les pouvoirs publics dans le secteur de la poste à travers le lancement des cartes magnétiques, semble confrontée à la réalité de la société algérienne, au moment où d’autres pays utilisent les cartes de crédit pour tout achat, retrait ou versement.

Source: L'Expression