Les réseaux sociaux en Algérie: ENQUÊTE SUR UN TERRAIN MINÉ

Internet s’est imposé dans la vie quotidienne ces dernières années. A l’espace de libre échange et d’accès direct à l’information s’est récemment ajoutée la potentialité du web à susciter la formation de nouveaux réseaux sociaux. En témoignent le succès rencontré par les sites MySpace, Twitter et surtout Facebook.

Cette vague mondiale a fini par déferler sur l’Algérie. Selon nos observations, nous pouvons dire sans nous tromper que le fait d’adhérer à un réseau social en ligne varie sensiblement d’une classe d’âge à une autre puisqu’il décroît fortement au fur et à mesure que nous nous élevons sur la pyramide des âges. Le phénomène apparaît également nettement plus répandu parmi les cadres et les internautes résidant dans les agglomérations. Lorsqu’ils adhèrent à un réseau social sur Internet, les internautes le font principalement pour se constituer des relations et retrouver d’anciens camarades de classe ou d’anciens amis. D’autres s’y connectent pour partager des passions et des hobbies. Ainsi, comme première constatation, nous pouvons dire qu’Internet en Algérie n’échappe pas aux phénomènes de mode. Après les blogs, l’explosion des réseaux sociaux se confirme. En pleine expansion, ces réseaux favorisent l’interaction entre utilisateurs et attribuent à l’internaute une casquette d’acteur afin que celui-ci délaisse peu à peu celle de simple spectateur. Ce phénomène est littéralement porté par les jeunes et pour essayer de comprendre pourquoi cette frange l’a adopté, il faut affiner leur profil. En étant au début de leur vie active, leur vision du monde, de la culture et de la technologie a une influence croissante sur l’ensemble de la population. Ils maîtrisent Internet et n’imaginent pas un monde sans Internet. Ils utilisent de nouveaux canaux de communication (SMS, Mail, Messagerie Instantanée), écoutent plus de MP3 que de CD et sont d’ailleurs plus enclins à une dématérialisation du contenu que leurs parents. Ainsi, leur vision du monde est globale, ce sont des enfants de la mondialisation. Les réseaux sociaux absorbent, à eux-seuls, près de 10% du temps passé sur la Toile par les internautes.

Quand nous évoquons Facebook, nous sommes impressionnés par ses statistiques. Facebook, c’est aujourd’hui plus de 500 millions d’utilisateurs actifs dont 50% se connectent chaque jour, 2.6 milliards de minutes de connexions par jour, 27 000 événements créés par mois, 7 millions de messages échangés par jour et 30 millions de photos publiées par mois. Ce succès fulgurant répond à des besoins quasi « primaires » : la communication interpersonnelle, la séduction et le divertissement.

Profil et comportements des communautés

Sa grande force a été de synthétiser des besoins séparés par le passé entre les métiers d’opérateur, de média,… en une seule plateforme. Facebook est par essence la définition d’un service communautaire : une plateforme permettant et favorisant les échanges entre des identités virtuelles. Nombreux sont les indicateurs qui montrent que ce succès dépasse le phénomène Internet. Les changements de profil et de comportements des internautes communautaires, notamment en termes d’âge (croissance significative de la tranche des 35-49 ans) et de connexion (Internet mobile est de plus en plus utilisé) ont aussi été étudiés. Bien sûr, d’un pays à un autre, les usages diffèrent. Il n’y a par exemple que la moitié des allemands qui l’utilisent alors que 80% des brésiliens pratiquent le réseautage (notamment via Orkut). Première, l’Italie ! Deuxième, l’Australie. A la troisième place, les Etats-Unis. Nous ne parlons pas de Coupe du Monde de Football mais de la fréquentation des réseaux sociaux.

Du point de vue des usages, les réseaux sociaux sont portés par des jeunes, diplômés, avec une vie sociale plutôt active. Il y a une génération très utilisatrice et une autre qui l’est moins. Mais nous avons tous été familiarisés aux réseaux sociaux par une série d’outils : les messageries instantanées mais aussi les e-mails avec copies (e-mail adressé à une personne pouvant être lu par de nombreuses autres). Nous avons ouvert les portes étanches de la communication personnelle à un public plus large. Ce qui caractérise l’utilisation des réseaux sociaux est également le fait que nous y passons du temps, non pas parce que nous y restons très longtemps en une seule période, mais parce que nous y revenons très fréquemment. Depuis que l’homme existe, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle, il se regroupe par centres d’intérêt pour former des réseaux. Maintenant, ces réseaux ont la possibilité de se regrouper en ligne via Internet en particulier via les réseaux sociaux.

Repliés sur le présent et les relations de proximité - moi, mes amis, mon groupe – les adeptes des réseaux sociaux ne cherchent plus à distinguer par un style, un décorum, une manière d’être… ou plutôt de paraître. Le réseau devient ainsi un outil de mise en vitrine de l’intimité, qui leur permet de se construire une identité en ligne… En Algérie, un site prend de l’ampleur, Dzchat.com. Un site qui se veut être le premier réseau social algérien. Dans ce monde virtuel, les membres peuvent visionner des vidéos, écouter de la musique, être informés quotidiennement de toutes les nouvelles du monde, de toute information culturelle, sportive, high-tech,... Un espace gratuit est prévu pour les petites annonces en tous genres ainsi qu’un chat en flash pour discuter avec d’autres membres du site. L’objectif est de réunir le plus grand nombre d’algériens et de marquer une présence sur le web mondial.

Les pièges à éviter et les trucs à retenir

Les réseaux sociaux ont également un nouveau pouvoir inquiétant. Influence ou simple caisse de résonance ? Difficile de trancher cette question : un réseau social peut entretenir une idée ou un projet. Il apporte surtout une rapidité et une massification des messages, mais aussi un lien géographique qui nous donne l’impression d’une « appartenance globale ». Les réseaux sociaux font plus de la résistance que de l’influence selon certains, car ils sont avant tout des médias de contre-pouvoirs. Ils évoquent ce qui se passe en Egypte, où Mohammed El Baradei (ancien président de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique) envisage de se présenter à l’élection présidentielle. El Baradei a 250 000 supporters sur Facebook mais pas de parti. Simplicité et souplesse, personne ne pouvait imaginer que ces réseaux deviendraient des outils de communication pour les internautes en quête de liberté. D’un autre côté, même si un certain nombre de gouvernements arabes cherchent à réglementer, voire dans certains cas contourner l’utilisation d’Internet, ils restent néanmoins incapables de tout maîtriser. Car le vrai problème, c’est que face à cette évolution, ces gouvernements n’ont pratiquement que deux choix. Soit ils embrassent la révolution technologique soit non. Ils risquent alors de voir leur pouvoir s’affaiblir et s’ils viennent à l’encontre, de ce mouvement, ils risquent de voir leurs pays dépassés par un indéniable progrès technologique. Il convient de préciser que les réseaux sociaux sont des espaces qui peuvent aussi constituer une menace si nous n’y prenons pas garde. Il est donc préférable de connaître un certain nombre de choses qui peuvent éviter à l’avenir bon nombre de pépins ! Savoir quelles photographies publier, ne pas faire l’étalage de sa vie privée, ne pas accepter tout un tas d’inconnus, sont autant d’erreurs à ne pas commettre. Internet est le réseau privilégié des pédophiles et des individus malsains en quête de victimes et/ou de photos et vidéos.

L’internaute évolue sur un terrain miné ! Il faut éviter de mettre en ligne toute photographie permettant d’être identifié, comme les photos de vacances des enfants devant la belle voiture, avec la plaque d’immatriculation visible, ou devant la maison qu’on pourrait reconnaître. Il vaut mieux s’abstenir de mettre en ligne son adresse ou son numéro de; téléphone. Des informations qui semblent anodines peuvent s’avérer précieuses pour des malfaiteurs. Certains internautes mettent des messages sur Facebook du type : «ce matin, nous partons en vacances en Tunisie pour 15 jours». Une aubaine pour les cambrioleurs qui scrutent le web. D’une façon générale, il faut restreindre à ses amis l’accès aux comptes personnels ouverts sur les réseaux sociaux. Il faut savoir qu’une fois que nous publions une information sur le Net, celle-ci se répand et ne nous appartient plus. C’est pourquoi, il est nécessaire de nous demander à chaque fois que nous souhaitons publier une information, si cette dernière nous sert ou nous dessert, et ajuster nos actions ensuite. Cette auto-restriction est essentielle car à l’heure où tout le monde réagit contre la mise en place du fichage informatique, nous nous livrons de plus en plus sur la Toile sans retenue, divulguant ainsi des informations personnelles auxquelles tous les internautes ont accès. La plupart des réseaux sociaux invitent les internautes à se créer un espace personnel, sur lequel ils peuvent diffuser leur nom, prénom, adresse, numéro de téléphone,... Ces données sont ensuite diffusées et partagées avec des sites tiers experts en marketing. Garder une certaine part d’anonymat vous protégera des spams intempestifs.

Source: N'TIC 46 / AOUT 2010