Le e-commerce en Algérie: un marché qui peine à se développer

Lors du Med-IT 2009, le e-commerce en Algérie promettait certes beaucoup mais le discours n’a pas été suivi sur le terrain.


Aujourd’hui, il nous semble légitime de tenter de savoir où nous en sommes. Actuellement, nous recensons très peu de véritables sites de e-commerce en Algérie, capables d’effectuer des transactions de paiement en ligne. Le marché du e-commerce se limite en effet à des achats effectués par des étrangers munis d’une carte bancaire internationale. Dans les années à venir, la croissance et la rentabilité des entreprises dépendront de la capacité à introduire les nouvelles technologies émergeantes et à adopter les nouvelles méthodes de transactions commerciales. L’évolution du commerce électronique implique des réformes pour favoriser son essor et concerne au moins trois domaines: l’évolution des réglementations fiscales et douanières, les systèmes de paiement et les échanges internationaux. Contrastant avec une expansion très rapide et un succès grandissant en Amérique du Nord et en Europe, le commerce électronique est quasi absent dans les pays en voie de développement. Il en est ainsi pour l’Algérie, où le e-commerce ne semble pas trouver un terrain favorable à son développement. Outre l’expérience du Touring Club Algérie, il y a lieu de signaler celle de Ouedkniss.com. Depuis 2006, il a investi dans le créneau de la vente électronique. Ce portail est classé à la 84ème place parmi les sites les plus visités en Algérie. Il enregistre entre 500 et 700 annonces nouvelles tous les jours, les annonces concernant l’immobilier étant les plus importantes (31%), suivies des annonces sur l’automobile (21%), l’informatique (12%), les effets vestimentaires (3%) et les offres d’emploi (2%). Ses promoteurs ont toutefois relevé l’absence d’une base de commerce électronique en Algérie, soulignant qu’il est difficile de vendre sans se déplacer en raison de l’étendue du territoire national.

D’autre part et selon les chiffres fournis en décembre 2009 par la Satim, il y a, depuis le lancement de la carte interbancaire, près de 500 000 cartes, 1 200 distributeurs automatiques de billets (DAB) et guichets automatiques bancaires (GAB) et près de 3 000 terminaux de paiement électronique (TPE) installés principalement auprès des grands hôtels de catégorie 4 et 5 étoiles, pharmacies, restaurants et quelques commerces. Mais jusqu’à présent, les opérations se focalisent dans les retraits et non les paiements par carte bancaire, les opérations étant au nombre de trois millions de transactions. Les principales contraintes dans le développement de la monétique en Algérie sont la faiblesse de la bancarisation (la circulation du cash étant prépondérante) et le refus des commerçants à déclarer leur chiffre d’affaires, ainsi que la méconnaissance de l’utilisation de la carte.

Le Cash et l’informel freine la monétique

Il y a un manque de confiance. Les commerçants ne voient pas l’intérêt d’accepter le TPE. Il n’y a pas suffisamment de cartes, aux bons endroits, pour les convaincre d’accepter les TPE. Il y a aussi la crainte du fisc qui est derrière, en raison de la traçabilité des ventes qu’offre le paiement par carte. La carte « corporate » (entreprises) a été lancée en priorité. Ce sont les banques qui souhaitent donner à leurs entreprises clientes des cartes professionnelles pour payer certains frais, habituellement payés en cash, comme l’essence et autres achats de consommables. La Banque Extérieure d’Algérie (BEA) et Naftal ont lancé une carte électronique (NaftalCard) pour le paiement des carburants et services au niveau des stations d’essence, visant notamment l’élimination progressive des bons de carburant. La carte couvre également l’ensemble des activités non fioul disponibles au niveau des stationsservice, telles que le lavage, l’achat de lubrifiants et la vidange. Cette opération prévoit l’émission de trois types de cartes à puces pour les clients corporate (entreprises, administrations, collectivités locales,…), dont deux cartes à crédit Gold et Silver et une carte prépayée. La BEA a dégagé un montant de 300 millions de dinars pour contribuer à l’opération. Le bon utilisé, jusque là, présentait des contraintes, notamment celles liées à la production, à la gestion et à la sécurisation. Ce qui a incité la direction de Naftal à chercher une solution plus moderne et adaptée aux besoins du consommateur. Les compagnies aériennes, comme Air Algérie, Aigle Azur et Air France se sont lancées aussi dans le projet de réservation en ligne en attendant la généralisation du paiement électronique. Les deux avantages d’un tel mode de paiement : éviter les files d’attente et possibilité d’acheter au dernier moment. Dans le monde entier, vous pouvez vous enregistrer et imprimer votre carte d’embarquement confortablement installé à votre bureau ou votre domicile. Vous pouvez réserver votre siège à bord. Il vous suffit de sélectionner le siège souhaité sur le plan de cabine qui vous est proposé au moment de votre réservation.

D’autre part, il y a une bonne nouvelle pour les diffuseurs algériens de publicité AdSense, Google a annoncé que les paiements des revenus AdSense vers l’Algérie peuvent être faits dorénavant via Western Union, une méthode qui prend moins de 24 heures, et où nous pouvons encaisser nos revenus directement dans une agence postale locale. Cette nouvelle méthode de paiement était très attendue par les diffuseurs algériens, qui voyaient souvent leurs chèques Google refusés par les banques locales, ainsi, certains se retrouvaient avec plusieurs centaines d’euros coincés. Google AdSense permet aux éditeurs de toucher potentiellement des revenus publicitaires intéressants grâce à leurs sites Web. Tandis qu’il donne la possibilité, par le réseau AdWords, aux annonceurs de toucher des visiteurs et consommateurs potentiels via des annonces ciblées et contextuelles.

Les promesses de Google AdSense

Les webmasters, dont le business model est basé pour beaucoup sur la publicité, se doivent d’apporter des visiteurs intéressés aux annonceurs et non des « clics inutiles ». Tandis qu’il est du devoir des annonceurs de fournir une rémunération juste aux éditeurs pour les clic et d’effectuer un travail pratique de ciblage de leurs annonces. Chaque maillon a besoin de l’autre. Sans annonceurs, les éditeurs n’auront plus de revenus pub et devront se réorganiser complètement ou fermer, ce qui pénalise les internautes. Tandis que sans éditeurs, les annonceurs toucheront plus difficilement les internautes et verront leurs ventes largement baisser. Ainsi, force est de constater que le commerce en ligne peine à se développer en Algérie. Entre le programme gouvernemental et la réalité du terrain, il y a une grande différence. Les échanges commerciaux en Algérie se font toujours d’une manière tout à fait traditionnelle, le consommateur ou le demandeur est toujours contraint à se déplacer jusqu’au lieu du commerce (de la vente) pour pouvoir faire une commande ou acheter une marchandise. Les freins existent : un système bancaire non-compatible, une économie dominée par l’informel et les habitudes de consommation. Avec une offre plus facilement comparable, le consommateur a à sa disposition, grâce à Internet - et uniquement sur Internet - une véritable place de marché qui lui permet, enfin, d’être Roi. Au grand bonheur des économistes, qui peuvent y voir l’arrivée d’un marché tendant vers l’efficience. En effet, avec un accès au marché mondial 24/24h, les consommateurs disposent non seulement d’une offre marchande avec la commande en ligne mais surtout d’outils de recherche, d’information, de comparaison et de sélection inédits. L’analyse des comportements d’achat, traditionnellement réalisée par un canal de distribution, s’en trouve bouleversée et le concept de « Multi Canal » prend alors tout son sens. Le profil de l’acheteur sur Internet se rapproche de celui du consommateur moyen. Les produits les plus commandés sur Internet sont avant tout les billets de transport. Les produits techniques et les produits culturels sont deux secteurs où l’achat exclusif sur Internet est majoritaire.

Source: N'TIC 49 / NOVEMBRE 2010