Les Cyberparcs en Algérie: le défi technologique des nouveaux pôles

Les cyberparcs en Algérie avancent par petites touches. Après avoir libéralisé le secteur des télécommunications, l’Etat veut s’engager davantage et ne pas donner l’impression de se contenter du discours politique.



Sid Ahmed Karcouche, le dynamique directeur général de l’Agence Nationale des Parcs Technologiques (ANPT), a attesté que le projet du Cyberparc de Sidi Abdellah avait été initié dans le cadre du plan de soutien à la relance économique et qu’il avait fait la première étude de faisabilité de ce projet en 2002. Il espérait du moins qu’il connaisse un développement durable dans les années à venir. Le Cyberparc a pris forme au fur et à mesure et est devenu rapidement opérationnel. Il s’étend sur une superficie de 100 hectares et a demandé un investissement de près de 10 milliards de dinars. Il comprend entre autres un bâtiment multi locataires destiné à accueillir des entreprises. 30 entreprises TIC sont actuellement présentes dans cet immeuble. Il compte également un incubateur d’entreprises réceptionné le 24 décembre 2009 qui assure deux fonctions : prise en charge des porteurs de projets ; pépinière pour les start-ups.

Trois autres projets sont d’ailleurs prévus dans trois villes différentes dans le but de faire des TIC l’un des noyaux de l’économie numérique. Ils seront implantés respectivement à Annaba (projet déjà entamé), Oran et Ouargla. Des projets qui se veulent la nouvelle vitrine technologique de l’Algérie. Quels sont les réels avantages à tirer d’un cyberparc ? Sont-ils suffisamment attractifs pour attirer les investisseurs et surtout le climat des affaires est-il aussi propice qu’on tente de le faire croire? Des questions auxquelles N’TIC Magazine tente de répondre.

Les objectifs


Les objectifs des cyberparcs, tels que définis par les pouvoirs publics, sont nombreux : il s’agit en priorité de créer un espace d’accueil pour regrouper les professionnels et les compétences des TIC et favoriser les synergies, et proposer un environnement de travail de qualité grâce aux infrastructures de pointes et des incitations spécifiques aux TIC. Mais le but recherché à moyen terme est surtout de favoriser l’innovation grâce à un incubateur, l’hébergement des activités R&D de grandes sociétés TIC, et un centre de recherches TIC national (CERTIC). En bref, il vise à créer « un écosystème favorisant le décollage des TIC en Algérie ». C’est un enjeu majeur.

Le principe des technopoles n’est pas nouveau dans le monde, mais leur rôle dans la planification de la nouvelle société du XXIème siècle l’est. Leur développement se fait autour d’un point focal géographique (une zone industrielle ou un corridor relié en réseau) à partir d’un secteur d’excellence en haute technologie (qui rassemble une masse critique d’acteurs du secteur privé et au moins une université pour la R&D et la formation), à partir d’une vision intégrant le socio-économique à l’utilisation des technologies de l’information et aux nouveaux capitaux (cela aide lorsqu’elle peut générer un ou deux success stories). C’est un secteur post-industriel, né de la rencontre du savoir, des arts, de la culture, des technologies interactives et des nouveaux capitaux, offrant des contenus à valeur ajoutée. L’Algérie reconnaît le rôle que peuvent jouer les TIC au sein de la société et prépare cette dernière à entrer dans l’ère de l’information en prenant des mesures de nature à faciliter cette évolution. C’est d’ailleurs clairement mentionné dans la stratégie e-Algérie, devenue une feuille de route pour les opérateurs.

Compte tenu de la rapidité des évolutions technologiques et de l’intensité de la compétition mondiale dans le secteur des TIC, il est recommandé l’engagement d’une politique très active en faveur de la création de sociétés de technologie. Le parc technologique d’Alger peut offrir un environnement favorable à la multiplication de ces entreprises. Un autre facteur a son importance: la création d’industries de contenus. Dans ce cadre, la majorité des spécialistes insiste sur un point. Seule l’industrie de création de contenus ou de services contribuera fortement à la création d’emplois nouveaux et tout particulièrement d’emplois pour les jeunes. Il faut soutenir son démarrage, si nous ne voulons pas perdre l’un des domaines où nous pourrions être reconnus et enviés. C’est une grande priorité. Les champs d’activité sont multiformes : services adaptés à des niches d’usagers bien ciblés, édition électronique, créations multimédia, gestion des serveurs de collectivités locales, création de bases de données et aide à la conception de produits.

Le Technoparc de Annaba


Le Technoparc de Annaba aura la vocation d’un parc technologique régional en charge du lancement et du développement de grappes industrielles de la région, notamment celles rattachées aux filières de la sidérurgie et de la métallurgie. Relié au cyberparc d’Alger, il sera appelé à créer une masse d’activités TIC, à promouvoir des collaborations et à susciter des innovations afin d’accélérer la croissance régionale. Un budget de 200 millions de dinars a déjà été dégagé pour la réalisation du technoparc de Annaba, qui devra s’étendre sur 17 hectares et qui est supposé commencer à fonctionner partiellement à partir de l’année prochaine. Le technoparc d’Oran, quant à lui, reposera sur 20 hectares. C’est un projet qui est encore à l’étude.

Parmi les décisions prises récemment par le Ministre de la Poste et des Technologie, de l’Information et de la Communication, figure également l’implantation d’un cyberparc à Sétif. “ Nous avons considéré la spécificité de Sétif comme un pôle universitaire et technologique. Partant de là, nous avons donc décidé de lancer l’étude d’un cyberparc à l’instar de ceux d’Alger, de Ouargla et de Annaba. De ce fait, Sétif va en effet bénéficier d’un cyberparc qui sera un élément pour accompagner les industriels, les universitaires, les investisseurs, les jeunes sortant de l’université qui veulent créer leur propre entreprise dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour densifier la dynamique des acteurs et des opérateurs dans ce domaine et bien faire dans l’accompagnement et l’édification d’une société fondée sur la connaissance et le savoir ”,  précise le Ministre à ce sujet.

Le phénomène des technoparcs en Algérie s’insère dans la mouvance mondiale qui est irréversible. Il existe des acquis et une accumulation d’expériences réels sur le terrain qu’il faut analyser et diffuser. La qualité et l’engagement des acteurs sont l’un des principaux atouts. Il n’y a pas à vrai dire de modèle idéal à importer mais il s’agit de développer à partir des pratiques et du contexte algérien. Ces espaces de création et de développement régional favorisent l’implantation des jeunes dans leurs régions d’origine, la réduction de l’exode et la création d’une réelle dynamique économique, d’autant que tous les secteurs nécessitent une réponse à l’accroissement de leurs besoins en TIC et en innovation technologique, facteurs essentiels de sédentarisation et de développement économique et social. Sid Ahmed Karcouche, qui s’exprimait en marge de la Semaine du Web organisée du 18 au 23 avril au Cyberparc de Sidi Abdellah, a affirmé concernant le business tower qu’« il sera géré par des coréens. Nous avons présenté un dossier au Conseil de Participation de l’Etat (CPE) pour un joint-venture ».

Il a indiqué qu’au niveau du cyberparc de Sidi-Abdellah, “27 projets d’investissements sur 45 déposés au niveau de l’ANPT avaient été approuvés” par le conseil technique de l’agence composé de managers publics et privés, ainsi que de représentants de la société civile. “ Le reste des projets étant en cours d’étude”, a-t-il expliqué. Il ajoute qu’il y aura une affectation de terrains provisoire au niveau du cyberparc pour chaque investisseur approuvé. “ Ils auront 6 mois pour faire leur montage financier et commencer les travaux ”, a-t-il noté.

N'TIC 55 / MAI 2011