En pleine transition numérique, nombre de consommateurs scrutent l’arrivée des outils de dernière génération d’un oeil larmoyant d’envie. Seulement voilà, la tablette tactile est encore loin d’avoir pénétré notre marché de façon significative. La tablette, malgré les réticences des premiers temps, tend désormais à supplanter le laptop, prenant des parts de marché de plus en plus importantes de l’autre côté de la fracture numérique. Chez nous, c’est plutôt avec un sourcil relevé que l’on appréhende les annonces des salons internationaux, en ne gardant généralement à l’esprit que les modèles d’Apple, historiquement représentatifs des standards en vigueur. Sur le terrain des détaillants, le premier constat qui s’impose est le suivant : la quasi-totalité des tablettes disponibles se répartissent entre le Samsung Galaxy Tab à 65 000 DA et l’iPad à partir de 55 000 DA. A moindre mesure, on croise l’iPad 2 aux prix qui démarrent à 95 000 DA. La présence d’autres modèles est négligeable, quelques HTC par ci, quelques MSI par là, et pour cause, seul Samsung propose pour l’instant une stratégie crédible et une insertion suffisante sur le terrain pour mettre sa tablette à disposition du consommateur.
L’iPad suit quant à lui les mêmes filières parallèles que l’iPhone et démontre une réussite insolente (relative toutefois au poids négligeable du marché des tablettes) alors que le monde grouille d’alternatives au rapport qualité/prix plus intéressant. Bizarrement, l’entrée de gamme n’est trouvable que très difficilement chez nous. Les tablettes low-cost semblent pourtant plus adaptées à un marché de prix comme le nôtre. Pour les dénicher, il reste le marché de l’occasion, quelques boutiques qui importent des tablettes dans des valises, ou des annonces sur Internet. Quand on parle low-cost, on parle de tablettes dont le prix se situe en dessous des 30 000 DA, moins cher que certains smartphones, pour des prestations parfois comparables. A qui s’adressent ces tablettes low-cost ? Est-ce un bon investissement ? Qu’offre vraiment une tablette à 25 000 DA ? Réponse en 5 chapitres.
Le minimum syndical
Qui dit low-cost, dit low-tech. Ce genre de tablettes est donc conçu pour remplir le minimum syndical à savoir : naviguer sur le Web, gérer ses contacts, ses différents comptes, et sa vie professionnelle, quelques applications utiles ou divertissantes, et la lecture de contenus multimédias. Autant le dire tout de suite, si votre utilisation de l’ordinateur se résume à ces fonctions «basiques », même une Archos 7 Home Tablet (que nous avons trouvé à 20 000 DA) est suffisante. La difficulté avec ces produits réside dans le fait qu’il en existe différentes générations. Quand on dit Archos 7, on parle en fait de plusieurs tablettes au look identique et qui diffèrent de par leur date de fabrication et de leurs performances. Celle que nous avons trouvé à 20 000 DA est vendue 99 euros sur Internet. Côté caractéristiques, on se croirait à l’âge de pierre: un processeur cadencé à 600 MHz, 128 Mo de RAM, un écran 7 pouces 800 x 400 pixels, 8 Go de mémoire interne (extensible via microSD) et elle partage les caractéristiques des tablettes low-cost que nous détaillons de ce pas.
Les écrans résistifs
Avant toute chose, il faut éclaircir cette histoire d’écrans résistifs et d’écrans capacitifs. Il s’agit de deux technologies d’écrans tactiles, et pour faire simple, les écrans résistifs sont beaucoup moins intéressants que les capacitifs. Les résistifs sont souvent plus ternes, moins précis, et se traînent la réputation de perdre de leur efficacité avec le temps, ce qui est tout de même à nuancer. Les écrans capacitifs sont plus beaux, plus réactifs et supplantent tout naturellement les vieux résistifs sur les tablettes et autres smartphones. Evidemment, la quasi-totalité des tablettes low-cost ont des écrans résistifs…même si quelques bonnes surprises font parfois leur apparition. Prenez l’Arnova 10, 10 pouces qui affichent du 1024 x 600 pixels, 4 Go de mémoire extensible via microSD, Android 2.1, 2 ports USB,... et ce satané écran résistif qui gâche le paysage. Quelques temps plus tard, le constructeur sort l’Arnova 10b même prix, même caractéristiques, mais avec un écran capacitif, ce qui en rend l’utilisation bien plus pratique. Vous pouvez le négocier autour de 25 000 DA. Dans tous les cas de figure, la qualité d’un écran de tablette tactile low-cost laisse souvent à désirer ; les couleurs tendent vers le vert, l’angle de vue pour pouvoir lire ce qu’il y a sur l’écran est assez restreint, et vous avez intérêt à ne pas l’utiliser au soleil. Toutefois, les textes restent lisibles et si vous n’en exigez pas plus, vous ne serez pas déçus.
L’impasse sur la 3G
Au moment où sort ce numéro de NTIC, la 3G n’est pas encore disponible en Algérie. Pourquoi alors se soucier que les tablettes low-cost ne peuvent généralement se connecter qu’en WiFi? Simplement car l’intérêt majeur des tablettes réside dans leur mobilité. Dans le low-cost, la tablette fait plutôt office d’un netbook à ergonomie améliorée. Rares sont les endroits à l’extérieur des maisons où le WiFi est disponible. Ces tablettes se réduisent donc à être utilisées à la maison, pour peu que le foyer dispose du WiFi. Prenez la tablette Intex-Envy IT-M709MR qui coûte dans les 26 000 DA (190 euros). A ce prix là, vous avez une tablette qui tourne sous Android 2.2, un écran 7 pouces 800 x 400 pixels résistif (la malédiction du low-cost frappe encore !), 512 Mb de RAM et 512 Mb de ROM, 8 Go de mémoire extensible via microSD, un port mini USB 2.0, une prise jack 3.5 mm, et (Ô miracle !) une sortie HDMI.
L’expérience utilisateur se déroule mieux avec un stylet qu’avec les doigts (c’est là que l’écran capacitif va le plus vous manquer), et bien que les applications gourmandes soient déconseillées, il est très simple d’installer des logiciels et d’utiliser la tablette…MAIS elle ne supporte pas la 3G. Elle se destine donc à faire le travail d’un netbook au design bien inspiré, ou de régler ses affaires courantes sur Internet si le PC principal de la maison est occupé par un autre membre de la famille.
Cependant, certaines low-cost supportent la 3G, et c’est le cas de notre prochain exemple…(suspens)…
Des performances qui limitent les applications
Dans le low-cost, il vaut mieux faire tout de suite le deuil des jeux vidéo en 3D ou des applications gourmandes en ressources. Pour certaines, les applications Flash ne sont pas prises en compte, comme sur l’iPad premier du nom, à ceci près que l’iPad coûte toujours 55 000 DA. Nous allons cela dit démontrer que Flash et low-cost peuvent très bien se rejoindre, nous allons même démontrer que Flash, 3G et low-cost peuvent se rejoindre. De surcroît, le prochain modèle est le moins cher que nous ayons trouvé en vente chez nous : 18 000 DA (autour de 60 euros) ! Il s’agit de l’Epad Android 2.2, 7 pouces. Ce modèle dépasse de loin ce que nous en attendions. D’abord, son écran, bien que résistif 800 x 480 pixels, intègre cette fois le double-touch, ce qui permet de zoomer en écartant ses deux doigts sur l’écran. Ensuite, son processeur cadencé à 800 Mhz, ses 215 Mo de RAM DDR 2, la disponibilité de flash, la capacité de le connecter en WiFi et en 3G via un modem USB, et un Android 2.2 très intuitif et donnant accès à moultes applications, il bat l’iPad sur tous les fronts.
L’Epad Android 2.2 est la meilleure tablette low-cost, sans conteste, car elle intègre tout ce que l’on attend d’une tablette tactile pour un prix imbattable. Tout cela serait caduc si elle manquait de fiabilité, mais le recul permet d’en faire un produit très populaire et satisfaisant. Difficile d’expliquer les raisons de sa rareté sur notre marché, hormis sa méconnaissance liée à l’immaturité du segment tablettes tactiles chez nous.
Des OS en cours de péremption
Dernière caractéristique récurrente des tablettes low-cost, leurs systèmes d’exploitation qui sentent la naphtaline. Comme vous l’avez vu précédemment, tous les modèles que nous avons croisé proposent de l’Android 2.1 ou 2.2, ce qui est tout à fait suffisant si l’utilisation que vous voulez en faire se résume à ce que nous avons décrit, mais qui peuvent paraître lacunaires ou incomplets pour ceux qui ne jurent que par les OS les plus récents. Tout de même, peu de reproches peuvent être faits à Android 2.2 car il permet une gestion des fichiers tout à fait correcte. Maintenant, quand le hardware ne suit pas, vous avez beau mettre à jour l’OS, un écran fade et peu réactif ne va pas faire des miracles. Il faut bien identifier les besoins qu’une tablette low-cost peut combler. Si vous voulez chatter pendant que le PC de la maison est occupé, si vous voulez faire des recherches, regarder un film à résolution standard, télécharger et lire N’TIC en PDF, créer des fichiers textes ou des diapos, naviguer sur vos sites internet habituels,…vous trouverez certainement votre bonheur à moindre frais avec une tablette low-cost. Si vous voulez jouer à World of Warcraft, filmer en HD, ou bénéficier d’un bel écran avec des images saisissantes, des couleurs chatoyantes, et une réactivité totale, passez votre chemin…A moins que votre porte-monnaie ne vous y encourage !
ZIOUCHI Oussama / N'TIC 64