Entretien avec Patrick Mercanton, Directeur Marketing Nokia pour la région MENA

« Nokia is back ! »

Nokia a annoncé s’être fait détrôner par Samsung après 14 années de leadership dans le monde, et 10 ans en Algérie. Comment l’expliquez-vous ?

Nokia est actuellement en phase de restructuration et de reconstruction. Nous avons redéfini la stratégie de Nokia au niveau de l’OS, restructuré la partie recherche et développement, ainsi que l’outil commercial et l’outil de production. Nous avons eu des coûts de restructuration, mais nous avons désormais le portefeuille produits qui va nous permettre de nous relancer. Nous venons de sortir les quatre premiers produits Lumia, mais aussi les produits Asha, qui sont des smartphones plus abordables, entre 75$ et 125$, donc plus adaptés aux marchés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Nous avons également d’autres produits, comme le duo-SIM, qui a très bien fonctionné en Egypte.

Quel est votre stratégie pour reconquérir le marché algérien ?

En Algérie, nous sommes toujours dans une optique multi-distributeurs. Il nous faut trouver les distributeurs qui vont pouvoir toucher toutes les couches de la population, sur tout le territoire algérien. La demande pour les produits Nokia est formidable en Algérie, c’est même le marché sur la région où l’on sent la plus forte demande. C’est une véritable frustration de ne pas y répondre intégralement. Nous pensons que la gamme Asha est idéale pour ce marché, car elle permettra de démocratiser le smartphone. Elle va permettre à tout le monde d’accéder à Internet, même si il n’y a pas encore la 3G. Nokia considère que le droit à l’Internet est un droit fondamental, car c’est le droit à l’information, à l’éducation.

Avez-vous une date de sortie pour le Lumia ?

Lumia sera lancé en Algérie et dans la région en même temps que les sorties de Windows 8 et Windows Phone 8. Ca nous donne le temps de développer le support de la langue arabe, et d’adapter le Marketplace (boutique en ligne d’applications pour Windows Phone, ndlr). Il nous paraît indispensable de proposer la langue arabe, afin de toucher toutes les couches de la population.

Où se situe Nokia Store par rapport à ses concurrents comme l’AppStore ou l’Android Market ?

Nous avons 13 millions de téléchargements par jour sur Nokia Store, anciennement Ovi Store. On y trouve beaucoup d’applications, des plus importantes (Facebook, Youtube, etc.), jusqu’aux applications locales qu’on essaie de développer via Nokia Qt (utilitaire de développement, ndlr). Nous commençons à avoir un réseau de développeurs dans la région. D’ailleurs la gagnante du concours mondial de développement d’applications que nous avons organisé vient de Tunisie. Par ailleurs, Nokia propose un système de paiement qui permet à l’utilisateur de payer pour des applications via sa facture de téléphone.

Est-ce que le choix de Windows Phone explique le retard technologique pris par Nokia ?

Le retard technologique de Nokia sur la partie smartphone est arrivé bien avant le choix de Windows Phone. Pour réagir, trois choix s’offraient à nous: MeeGo (OS de Nokia, ndlr), Windows Phone ou Android. Avec MeeGo, il aurait fallu développer tout un écosystème autour, ce qui aurait été une contrainte lourde. Si on allait vers Android, c’était «Game Over». La partie aurait été gagnée par cet OS, qui aurait eu le monopole. Nos partenaires, les opérateurs notamment, nous ont soutenus pour trouver une autre solution, et celle de Microsoft, avec qui nous avions déjà eu des partenariats, était la meilleure. Nous parvenons à combiner Windows Phone et ses plateformes très performantes, avec la qualité de Nokia au niveau du hardware. Cela donne le Lumia, qui est l’un des smartphones les plus rapides grâce à l’efficacité de son processeur.

Nokia va-t-il se lancer dans les tablettes ? Vous avez également parlé récemment d’un smartphone «révolutionnaire», avez-vous plus de précisions ?

On s’intéresse grandement aux tablettes, car Nokia se doit d’être présent sur tous les segments. Je ne peux pas vous donner plus de précisions, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas trop tard pour se lancer. Regardez Apple, ils n’ont pas créé les tablettes ni les smartphones, mais ont réussi à imposer l’iPad et l’iPhone. Concernant le smartphone «révolutionnaire», on peut faire confiance à Nokia quant à sa capacité d’innovation, comme il l’a démontré avec le 808 Pureview et ses 41 mégapixels. Nokia doit surprendre de nouveau, car à une période, on ne surprenait plus.

MERABTENE Driss