La première édition des Health Digital Days, portant sur la santé connectée aura lieu le lundi 13 novembre à l'Ecole Supérieure Algérienne des Affaires (ESAA). Elle réunira des professionnels locaux et internationaux du digital et de la santé, devenant ainsi un lien de rencontres privilégié des acteurs de la transformation digitale du secteur médical. Entretien avec Fazia Graine, Co-fondatrice de Sense Healthcare, agence conseil spécialisée dans la communication santé multicanal, et organisatrice de l'évènement.
N'TIC mag : Le digital s'est invité dans tous les secteurs et devient un enjeu majeur également dans celui de la santé. Comment est née l'idée de ce Health Digital Days ?
Fazia Graine : Le secteur de la santé vit actuellement une transformation digitale qui bouleverse les relations entre les différents acteurs de l’écosystème. En effet, le digital change progressivement le comportement des patients et les pratiques des professionnels de la santé. De ce fait, les acteurs de la santé doivent s’adapter à cette nouvelle donne et apporter des solutions pour répondre au mieux aux nouvelles attentes des patients.
C’est dans cette dynamique qu’est née l’idée des Health Digital Days, celle de l'accompagnement des acteurs de la santé dans leur transformation digitale. Ce rendez-vous sera un lieu de rencontre privilégié des professionnels impliqués dans la e-santé en Algérie, le but étant de partager les meilleures pratiques et de mettre à la disposition des professionnels des outils leur permettant de s’adapter au mieux aux nouveaux comportements.
N'TIC mag : Les professionnels de la santé sont les premiers concernés par la digitalisation de leurs métiers, comment cet évènement entend répondre aux interrogations de ces derniers ?
F.G : Cet événement va permettre de sensibiliser les professionnels de la santé au digital en mettant en avant l’importance de ce levier pour faciliter l’accès à la formation et à l’information médicales d’une part, et faciliter l’accès aux soins pour une meilleure observance des patients, d’autre part. Le but étant de mettre à leur disposition des outils qui les aideraient dans leur pratique quotidienne, dans le respect de la réglementation et du cadre juridique de la e-santé en Algérie.
Des experts et des professionnels de haut niveau nationaux et internationaux animeront cette journée en partageant leurs expériences respectives et en répondant à toutes les interrogations des participants.
N'TIC mag : Quel est votre point de vue sur la digitalisation de la santé en Algérie ?
F.G : La digitalisation du secteur de la santé fait peur autant aux professionnels de la santé qu'aux patients. Des aspects liés à la protection des données, à l’absence d’un cadre juridique de la e-santé en Algérie et à la complexité de l’outil technologique présentent encore aujourd’hui des obstacles empêchant de passer le cap.
En Algérie, nous sommes plus de 29 millions d’internautes et plus de 20 millions sont actifs mensuellement sur les réseaux sociaux.
Au vu de ces chiffres, il devient primordial que la santé puisse tirer le meilleur parti de cette révolution numérique.
Charge aux pouvoirs publics de poser le cadre et aux professionnels de la santé numérique de travailler sur les peurs et les croyances des patients et des médecins et de trouver le bon ressort pour lever les freins et les barrières en les accompagnant dans leur transformation digitale.
Par ailleurs, la volonté des pouvoirs publics est bien là, avec la mise en place du projet SIHATIC qui inaugure officiellement le processus de la transformation numérique du secteur de la santé en Algérie.
Le changement a été amorcé, il faudra juste y aller progressivement en commençant par répondre aux problématiques les plus urgentes du secteur.
N'TIC mag : Le milieu de la santé c'est aussi la relation patient-médecin, que peut apporter le digital sur cette problématique ?
F.G : Les technologies digitales appliquées à la santé ont bouleversé la relation médecins / patients.
Le patient a été longtemps le grand absent du parcours de soins. Il est passé du rang de « malade », simple observateur au rang de patient, acteur de sa maladie. Aujourd’hui, l’accès à l’information santé n’est plus destiné qu’aux professionnels, les patients s’informent sur leurs maladies et partagent ces informations sur internet. Le patient est donc aujourd'hui plus impliqué dans le parcours de soins, ce qui favorise une meilleure autonomie dans le suivi et la prise charge quotidienne de la maladie.
Cette nouvelle configuration a créé une nouvelle forme de proximité médecin/patient qui permet au médecin de mieux connaître son patient, donc de mieux cerner son besoin afin de lui proposer des accompagnements et des traitements efficaces.