Abderrahmane Tekfi, Consultant en infrastructures cloud et Coordinateur de la communauté OpenStack en Algérie revient dans cet entretien sur le projet OpenStack et nous explique pourquoi cette solution open source monte en puissance.
N’TIC Magazine : Tout d’abord, c’est quoi OpenStack ?
Abderrahmane Tekfi : OpenStack est un ensemble de services open source développés en python qui gèrent de larges pools de serveurs, de stockage et de réseaux dans un datacenter. Les entreprises installent ces services afin de construire leur cloud Computing et offrir des services de cloud. Les premiers qui ont développé l’OpenStack sont : la NASA et Rackspace. La NASA a développé un service nommé NOVA afin qu'elle puisse gérer un nombre important de serveurs et Rackspace a développé SWIFT qui servait à gérer leur stockage. En 2010, exactement le 21 octobre, la NASA et Rackspace ont publié et partagé ces deux projets (NOVA et SWIFT). C’était la première version de l’Openstack, baptisée « Austin ». Le but de ce projet open source est de donner la possibilité à n'importe quel organisme de construire son cloud computing. Tous les six mois, il y a une nouvelle version qui vient pour améliorer les projets existants ou ajouter de nouveaux projets (services). Selon le dernier rapport de l’organisation qui porte ce projet, en l’occurrence la Fondation OpenStack, en 2017 on dénombrait 84385 membres enregistrés dans la communauté. En plus de la NASA et Rackspace, pas moins de 672 organisations contribuent aux différents projets. Ces organisations sont présentes dans 179 pays.
N’TIC : Comment est organisé le projet OpenStack ?
AT : OpenStack est un projet open source géré par un « conseil » appelé La Fondation OpenStack. Cette organisation fondée en septembre 2012 est constituée de personnes ayant des contributions fondamentales au projet OpenStack. La Fondation organise les projets et les contributions, valide les projets et les sponsors, gère les communautés, les évènements… etc. Elle est sponsorisée par un nombre important de partenaires. Il y a plusieurs niveaux de partenariat (Platinium, Gold) et plusieurs catégories de partenaires (donateurs corporates, organismes de soutien… etc.)
N’TIC : Comment fonctionne concrètement l’OpenStack ?
AT : Apres l'installation des services OpenStack, l'utilisateur peut créer, gérer et même supprimer ses datacenters virtuels à partir d'un seul tableau de bord appelé HORIZON. L’utilisateur peut aussi créer un code à base YAML, décrivant son datacenter et le HEAT (OpenStack service) va déployer son service. Les applications aussi peuvent automatiquement solliciter Openstack via des call API.
Donc, les utilisateurs ou les applications peuvent solliciter les services de l’OpenStack afin de créer d’une manière dynamique et automatique leurs datacenters où les services OpenStack vont servir comme des serveurs cachés qui vont déployer les requêtes d'une façon invisible. Cela va permettre aux sociétés de se concentrer sur le développent des applications métier et laisser les services OpenStack gérer leurs infrastructures.
N’TIC : L’OpenStack est devenu la solution open source idoine pour le cloud hybride. Pourquoi selon vous ?
AT : Avec un nombre important de partenaires, de membres et de contributions, OpenStack est devenu le plus grand projet open source de l'histoire. Construire un cloud avec OpenStack optimise les coûts d'investissement et des opérations. De plus, OpenStack est compatible avec n'importe quel fournisseur de technologie, ce qui donne une flexibilité et une multitude de choix lors de la création du cloud. Aussi, le fait qu'il soit open source le rend plus robuste en termes de sécurité. OpenStack permet également d'avoir un cloud souverain, et même en termes d'innovation, il permet d'ajouter et d'améliorer ses services. On peut résumer tout ça en disant que Openstack possède les clés de la réussite de n'importe quelle solution digitale à condition d’avoir la bonne expertise.
N’TIC : Vous avez organisé votre premier Meetup en septembre dernier à Alger. Quelle est la prochaine étape pour la communauté algérienne OpenStack ?
AT : La prochaine étape sera l’organisation des OpenStack Days, un évènement régional qui regroupe toute la communauté afin d'échanger les expériences. On est en train de travailler avec l'équipe OpenStack Algérie afin de donner la possibilité à nos jeunes des universités de travailler sur des projets de fin d'étude en contribuant au projet OpenStack. On veut que nos jeunes soient à jour et avoir le lead dans ce domaine au moins à l'échelle maghrébine et plus tard africaine. On souhaite aussi construire des équipes qui puissent participer à des Hackathons et qui puissent honorer notre pays par des titres.
N’TIC : Les Algériens sont-ils déjà des contributeurs importants à ce projet open source ?
AT : La naissance de la communauté OpenStack en Algérie est récente (septembre 2018), on n'a pas encore fait des contributions, mais on reste optimiste surtout qu'en peu de temps on a pu regrouper des consultants et même des architectes cloud computing qui avaient des contributions auparavant dans d'autres projets open source. Ils sont très motivés et très volontaires pour la concrétisation de cette idée. Le potentiel existe. Notre rôle est d'ouvrir les portes et guider nos jeunes pour qu'ils puissent avoir leurs places dans le domaine des TIC en tant que créateurs, innovateurs et plus tard des leaders.