L’intelligence artificielle est là. Tout le monde croit savoir ce que c’est. Certains en sont fascinés, d’autres terrifiés. L’IA est la compétence la plus importante de ce siècle. Aussi importante qu’a été l’électricité pour la révolution industrielle. On a encore beaucoup de mal à appréhender toutes les conséquences de cette avancée sur nos vies privées et professionnelles.
Comme, à peu près, tout ce qui devait être dit sur l’intelligence artificielle a été dit et même son contraire, tentons d’être plus concrets et parlons plutôt de l’impact de l’IA sur les entreprises et sur le monde professionnel.
Intelligence Artificielle
Nous jugeons une intelligence artificielle sur deux critères principaux, qui représentent en fait les deux facteurs où un ordinateur a traditionnellement échoué face à des humains :
Résolution des ambigüités
D’abord, on caractérise une intelligence par sa capacité à prendre des décisions en environnement très incertain : quand nous prononçons une phrase aussi banale que la fameuse « Ma foi, c’est la première fois que je mange du foie dans la ville de Foix », un algorithme quelconque de reconnaissance vocale aurait énormément de mal à orthographier chacun des mots [fwa]. Au-delà des critères purement acoustiques, il y a des considérations orthographiques, grammaticales, contextuelles et même culturelles : faudrait-il savoir qu’il existe en France une ville qui s’appelle Foix. Pour résoudre l’ambiguïté, nous faisons appel à toutes nos connaissances, notre culture, notre expérience et notre intuition.
La résolution des ambiguïtés est un critère essentiel pour juger des aptitudes d’une intelligence. Plus l’ambiguïté est élevée, plus le degré présumé d’intelligence nécessaire pour la résoudre l’est également. A ce titre, l’IA qui a battu des joueurs professionnels à StarCraft II est plus évoluée que celle qui a battu le champion du monde de jeu d’échecs ; puisque un joueur de StartCraft II peut avoir à prendre une décision parmi 1026 actions possibles !
Créativité
L’autre critère pour juger une IA est sa capacité à trouver des solutions qui n’ont pas été suggérées pendant son entrainement ou par le programmeur. A ce titre, il a été constaté qu’AlphaGo a développé sa propre stratégie de Go, complètement déroutante pour un humain. Mais de vraies intelligences capables de créativité restent rares.
Faut-il craindre l’IA
Un mouvement initié par le défunt scientifique Stephen Hawking ainsi que le brillant entrepreneur Elon Musk milite pour une intelligence artificielle éthique. Cela se comprend. Et c’est à ce titre qu’a été créé openAI : pour contribuer à la création d’une IA ouverte et étique. Cela dit, ce même openAI a décidé de ne pas ouvrir le code de GPT-2 leur AI capable de disserter à partir d’une phrase. En effet, ce dernier pourrait servir de générateur automatique de fake news !
Néanmoins, ce même mouvement popularise une image d’une intelligence artificielle apocalyptique qui se retournerait un jour contre les humains. Objectivement, nous sommes très loin de pareilles circonstances, qui sont loin d’être certaines. Et sans atteindre de telles extrémités, nous allons parler de l’IA et comment elle pourrait être bénéfique au business.
L’autre crainte, plus proche de nous celle-là et plus immédiate, est de créer un monde froid, déshumanisé et de détruire les emplois des gens, particulièrement les moins qualifiés et les plus vulnérables. Objectivement, à chaque fois que nous avions émis ce genre de prédictions par le passé, il s’est avéré que le monde savait absorber la technologie et s’y adapter.
IHM
Enormément d’applications de l’IA impactent notre façon de communiquer et d’interagir avec la machine. Après le clavier, la souris, le tactile, les chatbots et la voix ont été les étapes suivantes. Les chatbots, degré zéro de l’IA, c’est ces robots conversationnels qui permettent de dialoguer dans un langage naturel pour réserver un billet d’avion ou pour commander une pizza par exemple, au lieu de passer par une application et une série de menus.
L’autre application qui a nécessité le développement de l’IA est la reconnaissance de la parole. Et comme Google Assistant et Amazon Alexa sont à présent des applications matures et autonomes disposant d’API ouvertes, elles sont de plus en plus utilisées par des fabricants pour rajouter de la commande vocale à leurs produits. Avec le temps, on sera de plus en plus habitués à commander nos systèmes d’alarmes, aspirateurs et autres chaudières par la voix.
Une autre application extrêmement surprenante : LipNet est une IA capable de lire sur les lèvres développée par DeepMind. Au-delà des applications d’aide aux personnes malentendantes et des applications d’espionnage, l’une des applications industrielles les plus prometteuses est la capacité de communiquer sans déranger ses voisins de salle ou alors de commander une machine dans un milieu très bruyant.
Enfin, entre CTRL-kit qui permet de contrôler un PC par la pensée et Myo qui le commande par le geste, on voit toute l’étendue des possibilités offertes.
La transformation digitale
La transformation digitale ou la digitalisation est pour une organisation le processus qui consiste à intégrer les technologies digitales dans ses activités, dans la recherche de l’efficacité. Contrairement à l’informatisation, qui consiste juste à utiliser l’outil informatique, pour la digitalisation, il s’agit d’une vraie révolution culturelle qui intègre l’IoT, la mobilité, l’instantanéité de l’information et l’élimination du papier dans les processus de l’entreprise.
L’autre type de digitalisation, c’est la digitalisation des business : l’introduction de la technologie transforme les business models et crée de nouveaux business qui ne pouvaient exister auparavant.
Enormément d’entreprises de toutes tailles à travers le monde ont fait le saut vers la digitalisation avec succès durant la décennie écoulée et il devient de plus en plus impératif de suivre pour toutes les autres, y compris dans notre pays.
Je suis à présent persuadé que l’IA sera la deuxième vague de digitalisation des entreprises. Voici comment.
Vision artificielle et digitalisation
Comme dit plus haut, je pense qu’à court terme, l’IA servira la deuxième vague de digitalisation qui automatisera et optimisera ce qui restait comme processus inaccessibles à la machine et optimisera encore plus les business models des entreprises, accentuant ainsi l’écart entre les entreprises qui suivent la marche du progrès et les autres.
L’une des grandes applications très actuelles de l’intelligence artificielle est la vision. Nous avons déjà vu ce que les CNN (réseaux de neurones convolutifs) ont apporté dans le domaine médical et le diagnostic du cancer (l’IA réussi un meilleur diagnostic que le meilleur des médecins. En plus l’IA est reproductible). Mais c’est également l’une des applications qui a le plus naturellement trouvé son business model et qui a su s’insérer dans la chaine de valeur des entreprises. Car c’est de cela qu’il s’agit.
Prenons par exemple la startup française Deepomatic, qui, après avoir pivoté a trouvé sa vocation : aider les entreprises dans leur deuxième étape de transformation digitale. Elle a ainsi par exemple aidé le groupe français de restauration Compass Group pour introduire la vision artificielle en caisse et d’en faire des caisses automatiques : au lieu de plusieurs minutes, une dizaine de secondes suffisent pour passer son plateau sous l’œil de la caméra qui reconnait tous les plats, établie une facture en quelques millisecondes et encaisse le prix à travers un badge NFC. Le même processus a déjà été testé en supermarché.
L’apport à la chaine de valeur a été encore plus important avec une entreprise de tri des déchets. La vision artificielle a permis d’automatiser et d’améliorer les processus de tri en réduisant fortement les coûts.
Bien-sûr, je vous entends objecter sur le chômage potentiellement aggravé par la technologie. Mais nous sortirions ici de l’économie pour parler politique.