Les usages des internautes, pirates ou non, ont changé. Comme prévu, la loi Hadopi est complètement passé à côté de cette tendance.
L'augmentation des débits proposés par les FAI et une certaine peur du gendarme ont pour conséquence la baisse importante de l'utilisation des services P2P par les internautes. Les chiffres sont sans appel. Alors qu'il y a encore deux ans, le trafic issu des sites d'échanges en peer-to-peer engloutissait une majeure partie de la bande passante mondiale, aujourd'hui, la situation s'est complètement inversée. Selon les observations d'Arbor Networks, reprises par les médias américains, le P2P ne concentre plus que 18% du trafic des FAI contre 40% il y a deux ans. Ces données apparaissent crédibles puisque Arbor Networks est spécialiste de la gestion des réseaux dont les clients sont plusieurs des plus grands fournisseurs d'accès à internet.
18% du trafic
La firme a ainsi observé pas moins de 264 milliards de giga-octects de données échangées auprès de 110 opérateurs pour parvenir à cette conclusion : "globalement, le P2P décline et il décline rapidement". Pour autant, le piratage a-t-il baissé (rappelons néanmoins que le P2P ne sert pas qu'à échanger des fichiers illégaux) ? Bien sûr que non. Comme tout le monde l'avait prévu (sauf nos chers politiques), les internautes se sont retournés en masse vers les sites de streaming et de téléchargements directs comme RapidShare ou Megaupload.
Il y a les sites officiels comme Dailymotion et YouTube (et son milliard de vidéos vues par jour) mais on trouve également nombre de sites de diffusant des contenus illégaux. Quant aux services de téléchargements directs, qui fournissent des liens internet ciblant des fichiers stockés, leurs fréquentations explosent depuis quelques années. Les raisons de ce succès sont simples à identifier. La hausse des débits sert le streaming et les services de téléchargement. Du côté des RapidShare et consorts, les adeptes du piratage ont par ailleurs vite compris que leurs utilisations permettaient d'agir en toute discrétion.
Cette tendance, qui va s'amplifier dans les années à venir avec l'essor de la fibre optique, sonne le glas de la loi Hadopi qui ne s'attaque qu'aux utilisateurs des sites de P2P... Impossible en effet de surveiller en permanence les sites de diffusion ou de téléchargements directs, ce qui reviendrait à surveiller le Web dans son intégralité ! Seule solution pour les ayants-droit : cibles les éditeurs de ces sites qui se protègent derrière le statut d'hébergeur et non d'éditeur. Rappelons par ailleurs que selon une étude Ipsos Allemagne menée auprès de 6 500 internautes, seulement 15% des internautes français déclarent avoir téléchargé illégalement de la musique contre une moyenne mondiale de 44%. La France est loin, très loin de la Chine (78% des sondés avouent avoir piraté de la musique), la Russie (68%), ou encore l'Espagne (44%), l'Italie (34%) et même les Etats-Unis (18%).
Source: Zdnet