Tout a commencé quelques semaines après le lancement de Google+. Plusieurs personnalités influentes du monde numérique se sont vues bannir du réseau social. Pourtant, plus connus sous leurs pseudonymes que sous leurs véritables identités, la politique de Google est sans équivoque : « les Profils Google sont conçus pour être des pages publiques sur le Web, destinées à aider à trouver de vraies personnes dans le monde réel », dixit Kati Watson (Responsable de communications globales et des affaires publiques).
Quelques temps après, Facebook prônait par la voix de Randi Zuckerberg (ex-responsable marketing de Facebook et soeur de Mark Zuckerberg) la disparition des pseudonymes. « Je pense qu’il faut en finir avec l’anonymat sur Internet… Les gens se comportent bien mieux quand leur véritable nom est affiché. Je pense qu’ils se cachent derrière l’anonymat et ont l’impression de pouvoir dire ce qu’ils veulent face à une porte close ». La politique maison est claire, la règle aujourd’hui pour exister sur les réseaux sociaux est de mettre son vrai nom. Mais alors que devient notre vie privée ? Doit-on nous aussi prôner la fin de l’anonymat ou alors combattre pour notre liberté numérique ? Pour vivre heureux, vivons cachés, disent-il …
L’anonymat est un moyen pour tout un chacun d’aborder certains sujets délicats et tabous. Mettre un terme à l’utilisation de pseudonymes constituerait un frein énorme à la liberté d’expression. Qui oserait à visage découvert parler sur des forums de sa consommation de drogue, de ses relations extraconjugales, de ses opinions politiques ou encore de son tyran de supérieur?! Le respect de la vie privée est également un argument de taille. Dans la vie de tous les jours, nous ne portons pas de pancarte avec toutes nos informations personnelles inscrites dessus. Alors pourquoi serions-nous obligés de le faire sur Internet ? Et pourtant, sur Facebook, notre profil est facilement visible. Sur Google+, il est même indexable. Avec les moteurs de recherches, nos achats et nos recherches font l’objet de marchandage publicitaire. Sans le savoir ou même sans le vouloir, nous aidons les entreprises dans l’élaboration des fichiers clients.
La fin des pseudonymes pour un Internet plus responsable
Peut-on réellement dire aujourd’hui qui se trouve de l’autre côté de nos écrans ? Est-ce un pédophile déguisé en gentille adolescente, un cinquantenaire pervers ou encore un tueur en série ? Comment protéger au mieux les éventuelles victimes des propos inexacts, mensongers ou diffamatoires ? La levée de l’anonymat ne faciliterait-elle pas le contrôle pour un Internet plus responsable ? Etre anonyme, c’est aussi ne pas être présent sur Internet. A l’heure où le personal branding est valorisé, ne pas être présent, c’est prendre le risque de ne pas exister du tout. Internet est aujourd’hui un formidable levier pour exposer ses compétences, son savoir-faire. Il devient l’outil indispensable de son auto-promotion. Etre identifié aide à se faire connaître, à humaniser les liens avec sa communauté et à créer un sentiment de confiance.
L’anonymat sur Internet, une utopie
Que l’on soit partisan ou non de l’utilisation de pseudonymes, que l’on déplore ou non ce changement, la fin de l’anonymat s’annonce finalement à nous telle une fatalité. L’évolution des réseaux sociaux et le temps passé sur les moteurs de recherches mettraient en péril notre vie privée. Si vous ne vous dévoilez pas, vos amis le feront pour vous ! Seule une mort numérique pourrait assurer un parfait anonymat. Etre ou ne pas être anonyme? En réalité plus personne ne peut se vanter de passer totalement incognito sur Internet. Big Brother is watching you.
Etre ou ne pas être anonyme sur le Web ? Telle est la question …
L’anonymat sur Internet est-il menacé ? Avec l’arrivée des réseaux sociaux, la frontière entre le IRL (In Real Life) et le online s’estompe. L’anonymat, grand mythe d’Internet, tend à disparaître et les géants du Web ne cachent plus leur politique du tout public visant à créer un annuaire mondial.
Sara Nadia MEHCHEM / N'TIC 58