Twitter tente de tisser sa toile en Algérie. Moins célèbre que le facebook, ce réseau social a quand même ses adeptes et ses inconditionnels. La courbe d’adoption est en constante évolution. Il semble avoir passé l’effet de mode. Mais la progression reste très lente selon les spécialistes. Combien de membres renferme-t-il ? Pourquoi ce réseau ne décolle pas vraiment ?
3 000 tweetos en Algérie
Le nombre d’Algériens possédant un compte Twitter jusqu’à fin octobre 2012 avoisine les 3 000 utilisateurs, selon les chiffres communiqués par « A world of tweets » (Un monde des tweets). L’Algérie est à la peu honorifique 136ème place parmi les 229 pays qui ont accès à ce réseau.
Plus de 30% de ces comptes ne sont pas utilisés régulièrement. Aucun officiel algérien ne figure parmi ces rares utilisateurs bien que des hauts cadres de plusieurs ministères et autres institutions étatiques en possèdent mais ne les utilisent pas pour communiquer dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions officielles.
Les raisons qui justifient cette désaffection de Twitter sont multiples. Il y a en premier lieu son caractère pseudo-professionnel qui fait peur aux jeunes gens et son interface peu conviviale. Ensuite, il y a la limitation à 140 caractères qui oblige l’utilisateur à optimiser son message, à faire de la gymnastique pour réduire le nombre de caractères sans être capable de poster directement des messages audio-visuels.
Il donne l’impression d’être ouvert aux quatre vents avec très peu de maîtrise sur la confidentialité des informations. L’introduction de la langue arabe dans le système Twitter s’est faite en mars 2012. Elle a permis à plusieurs pays arabes, tels que l’Arabie Saoudite et l’Egypte, d’être en tête des pays arabes et de voir figurer Ryad par exemple comme la dixième ville la plus active dans les échanges diplomatiques à travers Twitter, contrairement à l’Algérie qui reste à la marge pour ne pas dire sur la touche.
« Il est de tradition, dans notre pays, que le droit de réserve est la règle et non l’exception dans l’institutionnel. Nous remarquons que cette réticence officielle ou abstention maladive à communiquer et à échanger est déjà de mise dans toutes les administrations. Il n’y a qu’à visiter les sites web dont le contenu le plus mis à jour sont les CV de ministres et le compte rendu de leurs visites dans les wilayas. Toutes les autres informations, pourtant les plus utiles aux citoyens et au développement du pays, passent à la trappe », ironise Ali Kahlane, président de l’AAFSI.
Dans un classement sommaire, les médias écrits prédominent, suivis par plusieurs journalistes et des blogueurs. De plus en plus d’artistes se servent aussi de Twitter pour rentrer en contact avec leurs publics. Leur but est la construction de leur image numérique, voire soigner leur réputation en ligne. On constate à travers ce survol que si en Algérie, l’utilisation de Facebook est acquise, celle de Twitter est encore à ses débuts.
Facebook, à l’inverse de Twitter, reste un réseau social à fort contenu multimédia, interactif grâce au tchat et favorable aux rencontres virtuelles pouvant aboutir à des rencontres réelles. « Sur Twitter, le partage reste actuel mais éphémère alors que sur Facebook, il est question d’un journal intime que les internautes peuvent partager entre eux », explique un analyste.
Twitter est plus un site de micro-blogging pour intellectuels qu’un espace d’échanges grand public. Sans Twitter, le reste du monde n’aurait jamais été aussi bien informé sur les révolutions. Il serait réducteur de cibler Twitter ou Facebook comme les déclencheurs du printemps arabe.
Par contre, ces deux plateformes, particulièrement Twitter, ont permis au monde entier et aux manifestants eux-mêmes de partager les petits et grands événements d’une révolution qui a été écrite en lettres d’or dans l’histoire. En Algérie, on est encore loin de cette révolution.
Un dernier facteur peut expliquer le retard : le taux de pénétration d’Internet reste faible et surtout le haut débit. Si la 3G passe du stade de projet gouvernemental virtuel à un produit commercialisable sur le marché, l’adoption de Twitter pourra s’accélérer. Car dans ce cas précis, le débit étant plus fort, les Algériens seront plus tentés d’échanger via ce réseau social. L’Algérie est au début du processus. Le chemin reste encore long pour accéder à la « société de l’information et du savoir ».