La législation actuelle est en inadéquation avec l’évolution spectaculaire réalisée jusqu’à présent mais l’absence d’une volonté politique semble freiner cette évolution qui doit inévitablement conduire à l’amorce de la troisième génération (3G). En attendant, une nouvelle réglementation serait nécessaire pour mieux réguler le marché de la téléphonie mobile.
Le secteur des télécoms et en particulier celui de la téléphonie mobile en Algérie entame la nouvelle année sur fond de perturbations qui rythme son développement. 2010 bouclera ainsi la dixième année depuis l’avènement d’une ère de changement et de réformes qui a permis l’émergence d’Algérie Télécom et plus tard sa filiale Mobilis mais surtout l’introduction du premier opérateur de téléphonie mobile. Il est privé et étranger. Certains observateurs avertis expliquent ce choix par la volonté politique de l’époque de vouloir à tout prix démontrer à l’opinion publique internationale que non seulement l’Algérie est à nouveau fréquentable mais surtout que c’est un pays solvable à tout point de vue. Le tapis rouge a été ainsi déroulé à Orascom Télécom Algérie, sous son nom commercial Djezzy. Quatre ans plus tard, d’autres concurrents investiront le marché algérien. Aujourd’hui, l’on se retrouve avec 31 millions d’utilisateurs, environ 86 % de taux de pénétration et un peu plus de 98% de couverture au niveau national. Des statistiques des plus spectaculaires. Mais les consommateurs algériens sont-ils satisfaits pour autant ? Il faut dire que le marché n’est pas encore totalement soumis aux règles de la concurrence, une autorité de régulation qui semble n’avoir aucun poids et des consommateurs non représentés par une entité qui les défend.
3 étapes distinctes et fondamentales pour expliquer le développement
Des périodes triennales, et en premier lieu les années 2000 et 2003, l’on retiendra essentiellement l’émergence de l’opérateur entrant et son déploiement. Seul sur le terrain, ce dernier bénéficiera de l’appui des autorités algériennes et d’une mobilisation générale pour satisfaire un besoin plus qu’urgent au moment même où l’on enregistrait pas moins de 3 millions de demandes en instance. L’ouverture de la libre concurrence à l’initiative privée pour ce qui est du GSM était la seule et unique solution pour remédier à une situation des plus déplorables avec à peine 90 000 abonnés chez l’opérateur historique. Au même moment, l’opérateur public se débattait dans sa procédure de restructuration pour passer au statut de SPA gommant au passage l’étape intermédiaire et il ne manquera pas plus tard de payer cher cette précipitation. Toujours est-il ATM Mobilis fait son apparition en 2004 talonné quelques mois à peine plus tard par un autre opérateur privé à savoir Wataniya Telecom Algérie sous son nom commercial Nedjma détenue d’abord par des Koweitiens ensuite par le groupe Karari Qtel.
Commence alors la seconde étape 2004-2006 marquée par des prix cassés de 30% proposés par Nedjma. L’on relèvera, par ailleurs, les difficultés que vont rencontrer Nedjma et Mobilis à suivre une concurrence de plus en plus ardue de Djezzy. Mobilis aura cependant cet avantage de bénéficier des installations d’Algérie Télécom (maison mère) et Algérie Poste. La bataille ne sera que plus rude lors de la troisième étape 2007-2009 durant laquelle OTA lance de nouvelles opérations commerciales et promotionnelles en proposant des réductions jusqu’à 30%. Mais Nedjma répond par d’autres promotions en direction des consommateurs.
Levier de boucliers alors de l’Autorité de régulation de la poste et de la téléphonie (ARPT) qui pense à mettre en place des dispositifs à même d’encadrer les tarifs de tous les opérateurs.
Indépendamment de la mobilité, Internet via le mobile a réussi là où le fixe a failli
Il nous faut admettre que la téléphonie mobile a complètement chamboulé notre quotidien et nous faire admettre des concepts tels que IT, Management, Marketing qui jusque-là nous étaient complètement inconnus alors qu’ils étaient d’usage sous d’autres cieux. C’est là, l’une des retombées positives de ce bouleversement qui constituent des progrès considérables dans notre société. On doit attendre les chiffres de l’ARPT (prévus pour janvier 2010) pour être fixé mais l’on peut déjà avancer comme premier signe de progrès les 86% de taux de pénétration de la téléphonie qui nous place en tête de liste par rapport au Maroc et la Tunisie qui avaient une longueur d’avance d’au-moins 3 ans et beaucoup plus de moyens. Deuxième progrès significatif, on le doit à la réglementation en vigueur et il réside dans la couverture à hauteur de 95% pour un vaste territoire de presque 2,5 millions de km2. Le troisième et dernier signe de progrès à mentionner concerne l’Internet. Indépendamment de la mobilité, l’internet via le mobile a réussi à résoudre des problèmes là où le fixe a failli. L’on note par ailleurs, l’introduction de nouveaux métiers et l’impressionnante capacité de création d’emplois (100 000) mais aussi et surtout cet intérêt particulier axé sur le facteur humain et la formation continue.
La régulation du marché doit figurer parmi les priorités
Mystère et boule de gomme. L’Algérie est capable d’avancer sur des chapitres compliqués qui nécessitent de lourds investissements et de bloquer complètement lorsque la situation n’acquiert que la fermeté dans la décision pour réguler le marché. L’État tarde, sans que rien ne l’explique, à désigner une juridiction qui soit en mesure de prendre des décisions rapides lorsqu’il y a le flagrant délit de la part d’un opérateur. Prenons le cas des offres promotionnelles. Sur les 40 ou 45 décrets qui existent, aucune disposition explicite ne concerne ce volet. Ce dernier est actuellement pris en charge par l’ARPT qui perd de vue, par ailleurs, le problème des tarifs de base qui constituent l’essentiel de l’activité. La mise en place de l’encadrement tarifaire de base rendra d’ailleurs obsolète l’encadrement des offres promotionnelles et disciplinera ainsi certains comportements émanant des opérateurs.
Le marché reste pourtant bien ouvert et suppose davantage d’investissements pour la prise de nouvelles parts malgré le manque d’initiative actuel des opérateurs qui s’adonnent à la frénésie des offres promotionnelles sans tenir compte du manque à gagner qu’elles impliquent. Cela ne relève pas d’un manque de logique de la part des opérateurs qui ne sont pas dupes mais se retrouvent poings liés devant l’absence d’autorité et de textes clairs à même de réguler le marché. La révision de la loi devient urgente et doit porter sur le comportement des opérateurs et les capacités de l’ARPT en matière de sanctions. D’autres révisions complémentaires doivent être apportées à la réglementation avec notamment la possibilité à l’ARPT de s’auto-saisir lorsque les intérêts d’un opérateur sont lésés ou lorsque des opérateurs mettent en péril les intérêts des abonnés.
La portabilité d’un numéro ne devrait pas être un privilège mais un droit
En l’absence d’une association de consommateurs de la téléphonie, les usagers dans leur majorité ne connaissent pas leurs droits. Les opérateurs sont tenus pourtant à la satisfaction des besoins et la continuité du service. La portabilité d’un numéro ne devrait pas être un privilège mais un droit. Lorsqu’il y a changement de numéro, le renvoi des appels devrait être assuré par l’opérateur abandonné ce qui n’est pas le cas actuellement.
L’Internet ou le haut débit qui est défini par l’élargissement de la bande passante doit absolument intervenir dans un contexte qui ne supporterait aucun recul sous peine de charger l’économie du pays. En tout état de cause, il est utile d’insérer d’ores et déjà les exigences d’une stabilité du marché fondée sur une saine évolution des services qui répondent aux besoins du développement du pays. Raison pour laquelle l’État devrait anticiper par des mesures de nature à relancer le développement du marché de la téléphonie mobile par l’introduction des technologies avancées et l’offre de nouveaux services. L’on citera, entre autres, l’urgence d’autoriser l’introduction de la 3G+, à plus forte raison, que des opérateurs ont déjà répondu à l’appel d’offres lancé par l’État pour observer ensuite le statu quo.
Ce blocage pénalise grandement les entreprises, en particulier celles qui ne peuvent pas disposer de l’accès à très haut débit à l’Internet au moment où la demande de ce service est de plus en plus croissante avec le développement et l’introduction massive de l’informatique dans leur gestion.
Ce retard, qui implique aussi la non-possibilité d’ouvrir le service de la télévision mobile, va se répercuter sur l’édification de la société d’information et en particulier tout ce qui concerne les activités commerciales (location des biens et services, commerce extérieur, payement de factures etc.), activités devenues courantes dans les pays voisins…
Source: Liberté