Si le gouvernement algérien conclut que le service Blackberry peut représenter une menace pour la sécurité nationale, son interdiction sera décrétée immédiatement, estime une source proche du secteur des télécoms.
L’Algérie pourrait emboîter le pas aux Emirats arabes unis, l’Inde ou encore l’Arabie Saoudite, qui menacent d’interdire certains services de ces smartphones (téléphones intelligents) fabriqués par le canadien Research in Motion (RIM). L’interdiction interviendrait si les autorités arrivent aux mêmes résultats auxquels ont abouti les investigations des autres pays, à savoir que les services email et internet du Blackberry constitueraient une menace pour la sécurité nationale ou contreviendraient aux lois locales relatives à la pornographie ou à la pédophilie. Le risque est inhérent au téléphone Blackberry lui-même : les emails sont cryptés et seul le canadien RIM possède les clés de décryptage. Ce qui rend la tâche quasi-impossible aux services de sécurité de parer aux menaces terroristes ou autres. L’autre problème est le fait que les emails et les services d’agenda ou de carnet d’adresses, par exemple, sont stockés sur des serveurs installés au Canada, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour le cas de l’Algérie. C’est dire les risques d’espionnage pour les 46 millions d’utilisateurs de par le monde.
Le Blackberry est proposé en Algérie par deux opérateurs de téléphonie mobile : Orascom Télécom Algérie (Djezzy) et l’opérateur public Mobilis. Son introduction a été précédée par l’obtention d’un agrément de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). Cette dernière n’a pas été très regardante sur le côté sécurité et a plutôt été intéressée par l’offre commerciale. Une source du secteur des télécoms a rappelé à El Watan que « l’ARPT a plus concentré son travail, lors de l’étude du dossier d’agrément du Blackberry sur une approche de défense de consommateur pour éviter d’éventuels abus de tarification ». L’article 25 du cahier des charges de la licence GSM de Djezzy et Mobilis stipule que « le titulaire peut… proposer à ses abonnés un service de cryptage dans le respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur. Il est tenu de déposer auprès de l’Autorité de régulation les procédés et les moyens de chiffrage et de cryptage des signaux préalablement à la mise en service de ces systèmes ».
Or, l’ARPT ne peut pas exiger de Djezzy, par exemple, les clés de cryptage car celles-ci sont détenues par la compagnie canadienne RIM. Donc, le volet sécurité n’a pas été pris en charge comme ce fut le cas en France, par exemple, où, sur avis des services de renseignement, il est interdit aux hauts fonctionnaires et aux ministres d’utiliser les Blackberry. Le Président français utilise un terminal ultra-sécurisé fabriqué par Thalès. Idem pour Barack Obama, qui n’utilise son BlackBerry que dans un cadre très restreint. La Tunisie interdit depuis décembre dernier aux ministres et hauts fonctionnaires d’utiliser ce téléphone multifonctions. Pour rappel, en Algérie, bien qu’il n’y ait pas d’interdiction formelle, l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, utilisait un autre système que le Blackberry. Il n’a jamais réussi à obtenir l’agrément de l’ARPT après le niet de sa présidente, Zohra Derdouri. Selon la même source, il ne serait pas surprenant que dans quelque temps et pour toutes ces considérations, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, élabore une circulaire interdisant le Blackberry si le canadien RIM ne fournit pas les clés de cryptage à l’Algérie ou ne collaborerait pas avec les autorités algériennes, à l’image des exigences des Emirats arabes unis ou de l’Inde.
Source: El Watan