Le blocage des BlackBerry en Inde repoussé d'un mois

L'ultimatum imposé au fabricant canadien est repoussé de 30 jours. Les autorités du pays évoquent l'avancement de négociations afin d'accéder aux données échangées par les utilisateurs.

La forteresse BlackBerry est-elle en train de se fissurer ? Les autorités indiennes viennent en effet d'annoncer avoir prolongé de 60 jours l'ultimatum imposé au fabricant canadien du BlackBerry. Comme dans d'autres pays, notamment dans le Golfe Persique, RIM est sommé de permettre l'accès aux données des utilisateurs de BlackBerry qui sont chiffrées et stockées sur des serveurs au Canada et en Angleterre, sans quoi les services du terminal seraient bloqués. Ce que le fabricant a toujours refusé. Trop sécurisées, ces données échappent aux grandes oreilles des gouvernements qui entendent pouvoir y accéder pour des raisons officielles de sécurité et de lutte contre le terrorisme.

Compromis

Le report de cet ultimatum laisse penser que RIM est prêt à mettre de l'eau dans son vin. L'Inde fait ainsi état de progrès dans les négociations concernant l'accès aux données cryptées : "Le ministère de l'Intérieur reverra la question de la sécurité liée aux services BlackBerry d'ici 60 jours, période à laquelle le DoT (département des Télécommunications) soumettra son rapport", a déclaré le gouvernement dans un communiqué. Et de poursuivre : RIM a fait "certaines propositions pour un accès légal (aux données cryptées) par une exécution de la loi concernant les agences de sécurité et elles seront rendues opérationnelles immédiatement". Le détail de ces propositions n'est pas connu mais elles pourraient permettre à un juge de demander un accès aux données des utilisateurs en cas de saisine des agences de sécurité. Mais ces dernières pourraient également agir seules. De quoi grandement minorer l'attrait des BlackBerry en matière de confidentialité, domaine qui a fait son succès. Mais RIM doit également s'attacher à développer sa présence en Inde où il compte déjà plus d'un million d'utilisateurs.

Il y a quelques jours, RIM tentait le compromis avec la création d'un forum industriel qui réunirait d'autres acteurs (fabricants, opérateurs...) des télécommunications pour réfléchir aux solutions susceptibles de satisfaire les demandes indiennes en matière de sécurité, tout en préservant la confidentialité des utilisateurs. RIM n'a pas cité de noms d'entreprises susceptibles de s'engager. « L'utilisation du cryptage fort dans la technologie sans fil n'est pas exclusive à la plateforme BlackBerry. C'est indéniablement un problème qui concerne tout le secteur. Bannir ces services d'information et de communications cryptés limiterait sévèrement l'efficacité et la productivité des entreprises indiennes », plaide RIM. Cet ultimatum est le troisième auquel RIM est confronté après ceux des Émirats arabes unis (11 octobre) et de l'Arabie Saoudite qui est tombé il y a une dizaine de jours. Le blocage saoudien de la messagerie instantanée des BlackBerry n'aura duré que quelques heures, sans que l'on sache si et à quoi RIM a consenti.

Source: ZDnet