Microsoft donne le coup d'envoi de Windows Phone 7

La contre-offensive de Microsoft dans les smartphones est donc lancée. Windows Phone 7 ne manque pas d'atouts pour séduire et Redmond entend bien rattraper son retard face à Android, Blackberry et iOS.


C'est donc le grand jour pour Microsoft. Huit mois après sa présentation lors du Mobile World Congress de Barcelone, l'éditeur a officialisé ce lundi le lancement de Windows Phone 7 dans le monde entier. Des conférences de presse avaient lieu un peu partout sur la planète, notamment à Paris. On sait déjà beaucoup de choses sur le dernier né de Redmond qui a été développé à partir d'une page blanche. Débordé par l'iPhone, dépassé par Android, Microsoft devait réagir surtout après l'échec de Windows Mobile 6.5 qui n'a pas cristallisé d'engouement particulier autour d'un terminal. Au pied du mur, le géant de Redmond a décidé de repartir de zéro pour la nouvelle mouture de son système. "Face à un marché où les smartphones proposent tous des expériences assez semblables, j'ai lancé un défi à mes équipes : repenser entièrement l'usage du mobile", expliquait Steve Ballmer, le patron de Microsoft.

"Nous avons le mis le paquet depuis plusieurs années, c'est un projet stratégique pour nous. On réécrit la mobilité pour Microsoft mais aussi pour le marché", ajoute ce lundi Eric Boustouller, patron de Microsoft France.

Approche panoramique

Et il est vrai que WP7 tranche avec ce qui existe sur le marché. Son interface 'Metro', sous forme de panneaux et de hubs est innovant, ergonomique et semble avoir séduit les premiers observateurs. Oubliés les icônes, Windows Phone 7 propose une page d'accueil inspirée de son Zune contenant des vignettes dynamiques qui donnent en un clin d'oeil les informations utiles et automatiquement mises à jour, et amènent l'utilisateur en un clic sur le contenu souhaité. Ce dernier peut sélectionner à l'envi les vignettes les plus utiles ou les plus fréquemment utilisées (contacts favoris, album de musique ou photo, accès à ses favoris Internet,...). Microsoft a préféré mettre l'accent sur les hubs qui rassemblent les contenus issus du web, les applications et les services préférés en un seul panorama thématique (ou univers) et centralisé.

Objectif, réduire les étapes de navigation dans le terminal et accéder le plus simplement aux informations, sans forcément passer par les applications. "Le but est d'éviter de jongler en permanence avec les applis avec cette approche panoramique", commente Nicolas Petit, responsable de la division mobilité de Microsoft France.  Reste que l'offre applicative n'est pas oubliée. Les géants du Web comme Facebook et Twitter sont évidemment présents lors de ce lancement. De grands noms français comme Allo Ciné, PagesJaunes ou le Figaro ont d'ores et déjà développé leurs applications maison. Pour autant,  Microsoft souligne qu'il ne mise pas sur la quantité (histoire de se démarquer d'Apple) mais sur la qualité. Redmond met ainsi en avant la cohésion de son offre : WP7 intègre les services Live, les fonctionnalités du Zune, le service de musique numérique, Explorer 6 et s'interface simplement avec Windows et la XBox 360. D'ailleurs, adapter un jeu XBox sur Windows Phone est très simple puisque les deux systèmes utilisent le même langage. Mais il faudra convaincre les développeurs. Car repartir d'une page blanche a son revers : aucune des applications disponibles dans le MarketPlace n'est aujourd'hui compatible avec WP7... Normal donc de ne pas parler de quantité.

"200 applications seront certifiés à court terme, nous nous engageront pas dans une course à la quantité", souligne Nicolas Petit, patron de la division mobile de Microsoft France. Pour autant, le vrai nerf de la guerre se situe au niveau des fabricants de mobiles. Microsoft aura cruellement besoin d'un terminal séduisant pour promouvoir son offre. Déjà, Samsung, LG et HTC ont répondu présent et les premiers modèles WP7 ont été présentés ce lundi (voir notre galerie d'images). Ils seront lancés le 21 octobre.

5 smartphones en France le 21 octobre

Le HTC Mozart le LG Optimus 7, le Samsung Omnia 7 devraient être commercialisés chez Orange, tandis que le HTC Trophy et le Samsung Omnia 7 seront disponibles chez SFR. Chez Bouygues Telecom, on trouvera le HTC HD7 et le Samsung Omnia 7. Les fabricants sont confiants même si l'éditeur ne leurs permettent pas de personnaliser l'interface, à la différence d'Android, et impose des spécifications matérielles assez strictes. Quant aux opérateurs, ils voient d'un bon oeil l'arrivée de WP7 qui propose un modèle économique plus généreux qu'un Apple. Non seulement, ils pourront placer leurs services sur la page d'accueil de l'OS mais en plus, contrairement à Apple et Google, Microsoft leur reversa une partie des revenus tirés de la vente d'application ou de musique. De quoi les séduire dans le sens du poil... Impossible néanmoins d'en savoir plus sur ce partage de revenus.

"WP7 répond véritablement aux attentes des utilisateurs, qu'il soit grand public, pro, ou digital native", commente Alice Holzman, directrice marketing d'Orange. L'opérateur a d'ailleurs noué un partenariat étroit avec Microsoft, notamment en termes de publicité. La question est désormais de savoir si WP7 n'arrive pas trop tard sur un marché déjà bien encombré : iPhone OS 4, Android 2.2, Bada, Symbian 3 ? "85% des Français n'ont pas de smartphone et ce taux peut s'appliquer à de très nombreux pays", rétorque Nicolas Petit, patron de la division Windows Phone pour Microsoft France. Néanmoins, les positions fortes sont déjà prises. Windows Mobile ne dispose plus que d'environ 5% de parts de marché, contre 9% un an plus tôt, selon le cabinet d'études Gartner. Dans le même temps, Android de Google est passé de 2 à 17% de part de marché, quant à iOS (iPhone), il revendique 14% de PDM. Pour beaucoup d'observateurs, WP7 représente donc la dernière chance pour Microsoft de reprendre la main sur le marché des smartphones. Et face à la multiplication des références Android, Redmond devra séduire et vite. D'ailleurs, Gartner estime que Microsoft ratera son pari. Il table sur une part de 3,9% en 2014 contre 4,7% en 2010... IDC est plus optimiste et estime que sa part passera de 6,8% à 9,8% entre 2010 et 2014. Mais à ce niveau, WP7 sera encore loin des BlackBerry, iPhone et autres Google phones.

Néanmoins, Microsoft refuse d'écouter les cassandres et croît en son produit. "Notre ambition se situe dans la durée, nous sommes des coureurs de fond. C'est dans le temps que l'on mesurera la pertinence de WP7", souligne Eric Boustouller, tout en précisant "que le marché attend cette alternative". En attendant, la firme va dépenser sans compter en publicité, le budget français alloué à WP7 sera ainsi supérieur à celui consacré à Windows 7...

Source: ZDnet