Brandt Algérie se lance officiellement dans la téléphonie mobile. Nazim Saib, Directeur Marketing-Mobile chez Brandt Algérie revient, dans cet entretien, en détails sur ce nouveau business lancé en exclusivité en Algérie. Les lignes d’assemblage hébergées au niveau du complexe industriel de Guedjal, à Sétif, assurent la production de smartphones qui « répondent à un besoin algérien et à la qualité Brandt », affirme-t-il.
N’TIC Magazine : Présentez-nous la nouvelle division mobile de votre entreprise ?
Nazim Saib : Brandt vient de se doter d’une nouvelle business unit « Mobile ». Honneur pour nous de faire un tel lancement en Algérie et en exclusivité, avec un parcours historique de la marque Brandt existant dans plusieurs pays dans le monde.
Cette unité d’assemblage de téléphones mobiles est hébergée dans notre complexe industriel au niveau de Guedjal à Sétif. Un complexe qui s’étale sur plus de 110 ha et qui abrite, en outre, les unités de fabrication des produits électroménagers.
Durant cette phase de lancement, nous avons opté pour trois lignes d’assemblage et deux lignes de packaging qui sont opérationnelles. Ce sont des lignes conformes aux normes internationales, réalisées en étroite collaboration avec des experts mondialement reconnus dans le domaine.
Au total, nous avons cinq lignes qui ont passé la phase test. Aujourd’hui, nous sommes en phase de production en masse pour certaines références.
Ces lignes disposent d’une capacité de production de 1000 pièces /jour chacune, employant 200 personnes de formations variées. Les opérateurs qui sont sur ces lignes sont des techniciens bien sûr, les responsables sont des ingénieurs scindés en trois groupes répartis en équipes : Production, Qualité et Méthode.
Pour ce projet, nous n’avons pas lésiné sur les moyens. Un investissement de 5 millions de dollars a été nécessaire pour le réaliser, notamment en matière d’équipement. Nous avons opté pour un équipement de marque. Sur la partie RF test tout est allemand, alors le laboratoire R&D et contrôle qualité, il est 100% équipé de produits allemand et japonais.
N’TIC Magazine : Pourquoi avoir choisi l’entrée de gamme pour le lancement de vos activité ?
NS : Le choix du lancement est justifié par le fait que l’entrée de gamme est relativement plus simple, sachant que la téléphonie mobile est un nouveau business pour nous.
Nous prévoyons toutefois de nous lancer dans le segment haut de gamme, qui nécessite, par ailleurs, un peu plus de savoir-faire et de technicité que nous aurions acquis dans cette phase de lancement avec les deux premiers smartphones Bstart et Bstart+ qui sont déjà assemblés dans notre unité. Nous commençons en outre à étoffer et compléter notre gamme avec le lancement de notre flagship, le BOne durant ce premier trimestre 2019 pour aboutir en fin d’année avec une offre complète.
Globalement, Brandt s’inscrit dans une logique de marque généraliste avec des produits pour chaque segment de prix et pour chaque besoin client. Nos téléphones vont répondre à un besoin spécifique du client algérien avec des prix étudiés.
N’TIC Magazine : Quel est le taux d’intégration de vos produits ?
NS : Pour l’heure nous ne pouvons pas parler de taux d’intégration. En toute transparence, nous faisons de l’assemblage, mais du réel assemblage en SKD. Nous avons 33 étapes dans le processus d’assemblage. Ce que nous intégrons localement, ce sont les manuels d’utilisation, les fiches de garantie, le labeling etc. En clair, c’est tout ce qui est packaging. Mais, nous n’allons pas nous satisfaire de l’assemblage bien sûr. Bien au contraire, l’intégration s’inscrit dans notre projet. C’est un chantier ouvert. Dans une première étape nous travaillons sur le software. Actuellement les téléphones qui sortent des lignes d’assemblage sont customisés dans la partie software. C’est-à-dire que la version Android de nos téléphones est alimentée avec nos propres animations, sonneries, wallpapers (paysage algériens) etc.
Nous avons par ailleurs ouvert un deuxième grand chapitre dans ce volet qu’est la surcouche. Nos équipes R&D travaillent en étroite collaboration avec Google sur la personnalisation, sous toutes ses formes, de la version Android de nos téléphones.
Autre chapitre ouvert par Brandt, c’est d’avoir des lignes SMT ; ce sont des lignes de très haute technologie qui nous permettent de fabriquer les cartes mères. C’est une technologie qui est fonctionnelle dans les autres segments d’activité de Brandt en Algérie, comme la TV ou l’électroménager.
L’unité Mobile va aussi intégrer cette technologie avec un process totalement robotisé. Personne ne le fait actuellement en Algérie. A Brandt, ce process sera déployé au maximum l’année prochaine.
N’TIC Magazine : Concrètement comment se fait l’assemblage d’un téléphone Brandt ?
NS : Comme je l’ai déjà dit, nous recevons des kits SKD, soit 33 composants, qui sont injectés au niveau de chaque ligne d’assemblage, suivant des étapes bien précises. Sur ces lignes, nous avons des ingénieurs de contrôle qualité qui veillent au grain, contrôlant scrupuleusement tout ce qui se passe durant toutes les étapes de l’assemblage.
Une fois le produit assemblé, nous procéderons au test de 100% de la production sur l’aspect réseau et connectivité notamment, grâce à l’équipement RFtest. Après cette étape, vient le contrôle Aging (vieillissement) où nous mettons toute la production journalière dans des conditions extrêmes pendant un temps limité par les équipes R&D. Le produit qui ne réussit pas le test est écarté. Ensuite, nous passons à l’étape packaging et labeling. Tout ce qui sort des lignes d’assemblage est contrôlé à 100% sur plusieurs étapes.
N’TIC Magazine : Quelle est votre stratégie pour glaner des parts de marché dans un secteur très concurrentiel ?
NS : La téléphonie mobile est un nouveau business pour Brandt. Nous tablons surtout sur la qualité pour être à la hauteur de la marque Brandt et sa renommée mondialement reconnue. Notre souci majeur est de développer des produits qui répondent à un besoin algérien et à la qualité Brandt. Ensuite, on parlera de parts de marché.
Nous avons d’abord besoin d’avoir le bon feeling avec le consommateur et de partager avec lui la valeur Brandt qu’il connait par ailleurs dans d’autres produits. Nous avons fait beaucoup d’études pour comprendre les besoins des clients algériens. L’exercice de cette année va nous donner les indicateurs qu’il faut pour pouvoir aller de l’avant.
Encore une fois, nous nous positionnons comme une marque internationale généraliste qui va répondre à chaque besoin dans chaque catégorie, avec en prime un service après-vente de qualité, grâce à notre centre d’appel dédié au service client joignable au numéro court 3314 où des techniciens pourront guider les clients sur les manipulations. Pour des cas plus compliqués, nous disposons de 100 Brandt Stores qui recueilleront les demandes de réparation qui seront dispatchées à travers 5 centres de réparation répartis à travers le pays.
N’TIC Magazine : Avez-vous des projets à l’export ?
NS : Notre objectif premier est de développer notre business en Algérie. Nous nous focalisons à fond sur le marché algérien. Une fois stable sur ce marché, en tant que multinationale, Brandt va forcément aller vers l’exportation, comme cela s’est passé avec les autres produits de la marque notamment la machine à laver Top.
Brandt est le premier exportateur d’électroménager en Algérie depuis 2017. Nous restons très confiants quant à la division mobile surtout que nos téléphones sont labellisés CE.
Mais pour l’heure, notre production est destinée aux consommateurs algériens. Pour aller vers un autre marché, nous devons comprendre les besoins car chaque marché à ses spécificités.
Quand nous aurons assez d’expérience et de savoir-faire pour développer et customiser des produits qui vont répondre à ce besoin, nous prendrons le chemin de l’export.
N’TIC Magazine : Que pensez-vous des récentes mesures prises par le Gouvernement, notamment le DAPS, vont-elles impulser le développement de l’industrie de l’assemblage ?
NS : Cette mesure telle qu’elle a été conçue va certainement réduire l’importation et encourager la production locale. Mais à elle seule, elle ne suffira pas. Il faudra probablement d’autres mesures administratives et douanières qui vont dans le sens de faciliter l’investissement dans ce secteur.
En même temps, il faut venir à bout de la bureaucratie et l’instabilité réglementaire qui nuit à l’acte d’investir. Le Gouvernement doit avoir une vision et une stratégie claire pour développer cette nouvelle industrie en Algérie.
Passer par de l’assemblage est une étape accessible au début. Mais, il ne faut pas rester juste à cette étape. Pour aller de l’avant, il faut une vision à long terme.