«La baisse de moitié des coûts de connexion à l’ADSL décidée par Algérie Télécom par le biais de sa filiale Internet Djaweb (aujourd’hui dissoute) est suicidaire», a estimé hier le président- directeur général de l’Eepad, Nouar Harzallah. Intervenant à l’occasion du Forum du quotidien El Moudjahid, le patron de l’un des premiers établissements privés de fourniture d’accès à la toile a affirmé que la réduction de ces tarifs a mis «dans l’impasse» les providers privés, compromettant même leur existence. «Suite à cette mesure, AT a continué à vendre à perte alors que nous, nous avons été obligés de compléter nos offres et les diversifier avec des services à valeur ajoutée», a encore expliqué Nouar Harzallah. Et en guise de riposte, l’Eepad proposera des offres de connexion à internet pour le prix simple avec le double du débit. Une décision qui n’a pas été sans conséquence puisqu’il y a eu surcharge sur la bande passante, louée rubis sur l’ongle auprès de l’opérateur historique, et donc des offres de qualité moindre que celles voulues avec la charge initiale. Une surcharge qui se répercute sur les prestations de services offertes aux clients, souvent confrontés à des déconnexions récurrentes dues «à la perturbation du réseau d’AT» et qui causent des «pertes énormes au provider». Pourtant, depuis 2004, et jusqu’au juin dernier, l’Eepad a payé 3,7 milliards de dinars à Algérie Télécom pour ses prestations. A cet égard, le P-dg de l’Eepad appellera l’ARPT (Agence de régulation de la poste et télécommunications) à «ouvrir un dialogue pour débloquer la situation» qui dure depuis le 20 avril dernier et à laquelle il faut mettre un terme, entre autres, par la mise en place «d’un consensus sur les prix de l’ADSL au niveau national». Revenant sur Ousratic, Nouar Harzallah, en termes prudents, évoque un «ralentissement » de l’opération en raison, notamment, de la «faible implication des établissements financiers ». Mais aussi, l’absence de «besoins» auprès du consommateur algérien qui le pousserait à utiliser le web. Il relèvera à ce propos que «la stratégie gouvernementale a été basée sur l’accès à internet et non sur les services à valeur ajoutée» ; or, selon lui, «il ne faut pas lier l’évolution des TIC en Algérie à l’accès à internet », mais surtout «développer un contenu national ». Abordant la position de l’Algérie en matière des TIC sur le continent africain, le conférencier indiquera que notre pays occupe la 6e place avec 4,5 millions d’internautes, plus de 200 000 abonnés ADSL, 6 000 cybercafés et 30 providers. La première place est occupée par l’Afrique du Sud. A l’échelle maghrébine, l’Algérie est classée troisième, derrière l’Egypte (8 620 000 internautes et le Maroc avec 5 000 000). «Ce faible nombre d’internautes en Afrique s’explique, de manière générale, par les prix élevés de la connexion, la faiblesse des prestations et surtout l’absence du contenu national», a noté Nouar Harzallah. Outre ce manque de contenu, poursuit-il, «les internautes africains préfèrent naviguer sur des sites web étrangers avec une préférence particulière pour les sites de piratage et gratuits, les sites musicaux et de téléchargement de vidéos et ceux dédiés au tchat et au football».
Source: Le Soir d'Algérie
RÉDUCTION DU COÛT D’ACCÈS À INTERNET D’ALGÉRIE TÉLÉCOM : Une mesure «suicidaire», estime Nouar Harzallah
- nabil