L'équipementier chinois mise toujours autant sur l'international, les terminaux et surtout sur les offres de financement auprès des opérateurs : 15 milliards de dollars de crédit y seront consacrés.
Le chinois ZTE ne tremble pas face à la tempête. Il faut dire que les fondations de l'équipementier télécoms sont solides. En 2008, le géant affiche un chiffre d'affaires en progression de plus de 27% à 6,5 milliards de dollars dont plus de 60% réalisé à l'international. Le résultat net s'établit quant à lui à 239 millions de dollars. De quoi voir venir...
Face à la crise et au ralentissement des investissements, ZTE peut s'appuyer sur plusieurs piliers pour assurer son développement. Une position de force qui lui permet de "prévoir une forte croissance pour 2009", selon les termes de Lin Cheng, patron de la division Europe. Un discours qui dénote dans le paysage actuel où les équipementiers parlent plutôt de restructuration et où les analystes prévoient un repli du marché des équipements mobiles de 7% entre 2009 et 2011.
En Chine, ZTE peut d'abord compter sur le déploiement du réseau de téléphonie mobile de troisième génération (3G) qui a enfin commencé. Evidemment, le groupe est très bien placé et revendique déjà la première place sur ce marché avec une part comprise entre 22% et 40% selon les équipements. "Les trois opérateurs du pays vont investir 2 milliards de dollars dans la 3G, c'est une énorme opportunité pour nous", souligne Lin Cheng.
De l'autre côté de la chaîne de valeur, ZTE entend également mettre le paquet dans les terminaux (22% de son activité), marché dans lequel il vend des mobiles en marque blanche pour les opérateurs. 45 millions d'unités ont été écoulées en 2008 (dont 25% de datacards). Si en Chine, le fabricant ne revendique qu'une part de marché de 2% à 3%, il est déjà le numéro deux sur le marché indien derrière Nokia grâce à un accord avec le britannique Vodafone. Cette année, ZTE compte étendre sa gamme : "nous allons lancer des smartphones dotés de plus fonctions, et monter en gamme", souligne le responsable. Le groupe prépare-t-il un terminal sous Google Android comme son concurrent Huawei ? "Nous proposons déjà de nombreux modèles équipés de Linux. Avec Google, les discussions sont en cours". Des terminaux sous la marque ZTE seront également proposés, notamment en France.
Surtout, l'équipementier entend poursuivre son développement international. Les ventes hors de Chine représentent déjà 60% de l'activité et ont progressé de 33% l'année dernière. ZTE veut aller plus loin, notamment en Europe, marché qui représente 10% de l'activité totale. L'organisation commerciale du géant a été remaniée afin de mieux répondre aux attentes du marché. Le groupe va se focaliser sur les inftastrctures (rafraichissement des stations 2G, extension 3G, LTE, WiMax mobile) et un peu sur les terminaux.
Face aux éventuelles difficultés d'investissements des opérateurs, ZTE a décidé de se transformer en banquier. "Nous avons ouvert une ligne de crédit de 15 milliards de dollars auprès d'institutions financières chinoises. Cette ligne nous permettra de proposer des offres de financement pour nos clients, notamment ceux qui ont du mal à trouver des fonds. Il s'agira de crédits fournisseurs ou de crédits acheteurs". C'est une première. A l'heure où les grands équipementiers en sont à chercher partout des économies, ZTE se positionne comme un bailleur de fonds pour les opérateurs, fort du soutien des banques chinoises, très agressives aujourd'hui. Une stratégie payante ? "Plusieurs milliards ont déjà été dépensés", confie Lin Cheng. ZTE va également fortement investir en Afrique, continent très prisé des firmes chinoises. Le groupe y réalise déjà 21% de son activité ce qui provoque chez certains des soupçons de corruption. "On a une vision du marché qui correspond plus à la vision que les Africains ont de leur économie. Dire que nous prenons des parts de marché grâce à la corruption est faux, c'est un fantasme", s'agace le vice-président. Sur ce sujet, la discussion n'ira pas plus loin...
Le terrain de l'entreprise semble être le seul où ZTE ne compte pas pousser ses pions. "On a déjà beaucoup à faire en Europe, ce n'est pas une priorité pour nous pour le moment", explique Lin Cheng.
Source: Silicon