Le leader mondial des progiciels lance une OPA amicale à hauteur de 7,4 milliards de dollars (avec la dette). Sun accepte donc une offre similaire à celle d'IBM...
Coup de théâtre dans le feuilleton du rachat de Sun. Après de longues négociations avec IBM, on apprend aujourd'hui que le constructeur californien sera finalement racheté par Oracle. L'éditeur de logiciels, qui multiplie les acquisitions, créé la surprise en annonçant avoir conclu un accord pour le rachat de Sun Microsystems, au prix de 9,5 dollars par action en numéraire. Pourtant, Oracle ne faisait pas partie de la liste des prétendants... Cette transaction est évaluée à environ 7,4 milliards de dollars en cash, soit 5,6 milliards hors position nette de dette et de trésorerie et 9,50 dollars par action. L’offre représente une prime de 2,81 dollars par action ou 42% par rapport au prix de fermeture de 6,69 dollars du titre de Sun vendredi.
Le conseil d'administration de Sun Microsystems a unanimement approuvé cette transaction, qui devrait être finalisée cet été après approbation des actionnaires de la société acquise, de certaines approbations réglementaires et réalisations d'autres conditions usuelles. Le leader américain des logiciels d'entreprises estime que cette opération aura un impact positif sur son BPA lors du premier exercice après la finalisation de la transaction.
Selon Oracle, les activités acquises vont alors contribuer à hauteur de plus de 1,5 milliard de dollars à son profit opérationnel ajusté, puis de plus de 2 milliards l'année suivante. L'opération lui permet notamment de mettre la main sur le logiciel Java, le système d'exploitation Solaris et l'activité serveurs de Sun. "Le rachat de Sun va transformer l'industrie des technologies de l'information, en associant les meilleurs logiciels professionnels du marché et systèmes informatiques", pour proposer "un système intégré dont tous les éléments seront adaptés les uns aux autres", s'est félicité le PDG d'Oracle, Larry Ellison, cité dans le communiqué.
La surprise vient du fait que Sun a accepté une offre financière similaire à celle d'IBM (9,4 dollars par action), une offre qui pourtant ne semblait pas convaincre le fabricant. Début avril, Sun a en effet fait savoir que les discussions n'étaient plus exclusives avec Big Blue. En fait, Sun Microsystems a rejeté la proposition d'IBM. Il était question d'un prix situé entre 9 et 10 dollars (contre 10 à 11 dollars quelques jours auparavant). Les dernières discussions qui auraient dû permettre de se conclure par une signature, n'ont pas pu aboutir. Les dirigeants de Sun n'ont pas accepté l'offre qui aurait été de 9,40 dollars. Du coup, la firme aurait fait savoir qu'elle levait l'exclusivité de ses discussions avec IBM. Ce qui a été fait, de manière plutôt rapide puisqu'Oracle emporte le lot en moins de deux semaines... De son côté, IBM semblait également moins intéressé à cause des risques d'abus de position dominante sur certains marchés.
Avec cette acquisition,Oracle, le roi des logiciels professionnels, va prendre des positions stratégiques dans le stockage, les applicatifs Internet et mobiles (Java), l'open source (MySQL, OpenSolaris, Glassfish, OpenOffice.org), la virtualisation (Virtualbox), le cloud computing, dans les services, les datacenters et les serveurs. Précisemment, Oracle entend profiter de la large utilisation qui est faite de Java et du système d'exploitation Solaris chez ses clients.
Hermétique à la crise, entre décembre 2008 et février 2009 (troisième trimestre fiscal), la firme américaine fait état d'un bénéfice net en repli de 1% à 1,3 milliard de dollars. Mais hors éléments exceptionnels et rapporté au nombre d'actions, ce bénéfice atteint 35 cents, au-delà des attentes du marché qui n'espérait que 32 cents. Sun de son côté accumule les pertes et cherchait depuis de longs mois un partenaire.
Rappelons qu'Oracle s'est déjà emparé de grands noms IT : BEA, Siebel et PeopleSoft pour ne citer que les plus importantes.
Source: Silicon