Dans un entretien accordé au quotidien électronique TSA, le PDG du groupe Algérie Télécom s'est dit être serein face à l'arrivée de la 3G en Algérie. Le haut débit mobile ne signera pas l'arrêt de mort du fixe en Algérie.
Azouaou Mehmel reste fidèle à ses habitudes, confiant comme toujours. Dans une entrevue accordée à TSA, le responsable a évoqué pas mal de points dont l'arrivée en fin d'année de la technologie de troisième génération. Une technologie qui, selon plusieurs experts en TIC, mettra des bâtons dans les roues de notre opérateur historique. Pour M. Mehmel, que nenni.
" La 3G peut sembler comme étant une concurrence directe pour l’offre ADSL d’Algérie Télécom. Même s’il y a un impact au début, à terme, les opérateurs mobiles auront du mal à garantir une qualité de service et offrir un débit similaire à ceux de l’ADSL. Un réseau mobile est fait pour une utilisation en mobilité avec des terminaux mobiles. De ce fait, il sera loin de répondre aux multiples usages qu’offre l’ADSL même si c’est du haut débit. Nous sommes en train d’investir massivement pour réaliser les extensions nécessaires du réseau et aussi pour améliorer la qualité de service et faire évoluer le réseau sur le plan technologique, afin de faire migrer Algérie Telecom de l'état d'opérateur téléphonique à celui d'opérateur de services basés sur les TIC. À terme, nous allons connaître en Algérie les mêmes scénarios qui se sont déroulés dans les autres pays où la 3G existe : des opérateurs mobiles et fixes cohabitent et coexistent. Dans des pays européens, ce sont parfois les mêmes opérateurs qui proposent des offres convergentes fixes et mobiles. Le mobile ne va pas sonner le glas des services fixes ".
Pas d'inquiétudes donc à avoir d'autant plus que Algérie Télécom oeuvre à moderniser son réseau. Un investissement qui coûtera au final près de 48 milliards de dinars à l'opérateur en 2013. " Nous avons plus de quatre millions d’équipements d'abonnés à remplacer du fait de leur obsolescence. Nous sommes à 30% d’avancement. On a été freinés par la lourdeur des procédures mais aussi suite la décision de justice qui excluait nos principaux fournisseurs (les chinois Huawei et ZTE) de l'accès à la commande publique. Heureusement que la décision a été levée en appel. Cette situation nous a fortement impactés ". Azouaou Mehmel se donne jusqu'à 2015 pour achever la modernisation de son réseau.
Le Ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication déclarait récemment que les actions engagées par Algérie Télécom pour améliorer le service internet devraient donner de bons résultats dès la fin de cette année. Moussa Benhamadi soulignait alors les efforts entrepris par l'opérateur afin de développer ce service via l'intégration de nouvelles technologies et le remplacement des câbles classiques de transport ADSL par de la fibre optique.
Pour Azouaou Mehmel, si la qualité de service de son groupe laisse à désirer, c'est dû au réseau en lui-même. " On parle bien d’un service de données fourni à travers un réseau initialement conçu et développé pour la voix. Nous sommes en train d’assainir le réseau de câbles vétustes qui a subi des agressions, suite à des dérangements et des réparations que ce soit à cause des vols ou suite à des travaux. Cette situation impacte la qualité de service et se répercute sur la relation commerciale. On a beaucoup de réclamations et sur le plan relationnel, c’est difficile à gérer. En plus de l’assainissement du réseau, nous procédons aussi à son extension pour satisfaire les nouvelles demandes. C'est un énorme chantier qui est lancé ".
Algérie Télécom compte aujourd'hui 3.2 millions d'abonnés à la téléphonie fixe et 1.2 million d’abonnés à l’ADSL. L'objectif de l'opérateur est d'atteindre, d'ici 2016, les 6 millions d'abonnés. " Chaque foyer doit être connecté au haut débit. Il y a un travail à faire avec les promoteurs immobiliers pour que ces derniers intègrent le câblage dans l’aménagement des nouvelles cités. Nous sommes en discussion avec des promoteurs et il y a des textes en préparation qui obligeront l’intégration des infrastructures téléphoniques ", déclare M. Mehmel.
L'opérateur a enregistré un chiffre d'affaires en 2012 de 70 milliards de dinars, soit une hausse de 7% comparé à 2011. Il table sur 85 milliards de dinars de chiffre d'affaires en 2013.
Enfin, dans la case "projets à venir", Algérie Télécom compte lancer en 2014 " l’IPTV ou le triple play. Un appel d’offres a été lancé pour sélectionner un prestataire pour fournir la solution. Nous sommes également en discussions avec les fournisseurs de contenu. Le problème réside toutefois dans la part de l’informel dans ce domaine avec la prolifération des paraboles individuelles qui permettent d’offrir un nombre de chaînes illimitées avec des prix dérisoires au détriment notamment d’Algérie Télécom. Nous sommes actuellement focalisés sur la mise à niveau de l’infrastructure. Pour offrir l’IPTV, il faut garantir avant tout une qualité de service. Il y a d’autres projets en préparation. En plus du triple play, nous avons signé une convention avec un fournisseur de contenus pour la mise en place d’une grande bibliothèque en ligne. Mais pour concrétiser tous ces projets, il faut améliorer la qualité de service sachant que nous avons accusé un grand retard dans la mise à niveau de l’infrastructure ".