En restant presque une semaine sans accès à Internet, j’ai failli péter un… câble ! Mais il faut tout de même reconnaître que cet épisode nous a permis de souffler un peu de ce rythme effréné imposé par notre addiction au web et de revenir vers quelques activités délaissées telles que les sorties familiales ou la lecture. Cela nous a également permis de prendre conscience de notre absolue faiblesse technologique et notre totale dépendance, en termes d’infrastructures, à cet unique lien vers la Toile et d’y remédier. Mieux vaut tard que jamais, mais s’il fallait à chaque fois attendre les déconvenues pour réfléchir à des solutions et les mettre en oeuvre, on risque de revivre très souvent ce genre de crise qui peut paralyser l’économie du pays. D’ailleurs, a-t-on pensé à évaluer les pertes subies par cette coupure Internet ?
En effet, il serait utile (et curieux) de savoir combien l’Algérie a perdu dans cette affaire, en plus des pertes et manques à gagner d’Algérie Télécom, principale victime de cette coupure. Cela non pas uniquement pour citer des chiffres, mais pour identifier – à travers cet indicateur – l’étendue des dégâts et le degré de dépendance de l’économie nationale au web. Ce que je veux dire, c’est qu’il est certainement rassurant de savoir que sa banque n’a pas été touchée par la panne car fonctionnant avec un réseau interne, mais est-ce le cas partout ailleurs ? De plus, peut-on travailler en mode insulaire ? A-t-on les moyens de bâtir et de travailler avec des réseaux fermés dédiés et est-ce que cela ne nuit pas aux performances des entreprises et à leur développement ?
La question en appelle une autre (attention je vais sauter du coq à l’âne), celle de savoir comment l’informatique et les nouvelles technologies au sens large sont utilisés par les organisations aujourd’hui ? Est-ce pour automatiser l’activité seulement ? Accélérer le temps de traitement des demandes clients ? Pour gagner des parts de marché ? Analyser les événements et les tendances pour prédire les besoins futurs ? Les DSI et les CEO ne se soucient que très peu de l’analyse prédictive et naviguent à vue (parfois à cause des premiers?), car ils gèrent bien souvent leur activité sans outils, sans tableaux de bord disposant d’indicateurs de performances pertinents et sans solutions de gestion adéquates.
La mise en place de ces Systèmes d’Information d’Aide à la Décision (SIAD) permettrait aux organisations de suivre en quasi temps réel l’évolution de leurs performances et d’analyser, avec des niveaux de détails variés, les causes des baisses de régime afin d’expliquer par exemple aux collaborateurs comment apporter des réponses à ces contre-performances. Ces systèmes peuvent également intégrer des données du marché afin de comparer les résultats à ceux de ses concurrents et de se positionner donc selon les parts de marché réellement détenues. Cet exemple n’est qu’une goutte d’eau par rapport à ce que peut apporter la technologie à l’entreprise en tant que levier de développement et de bonne gestion. On oublie souvent également que c’est l’informatique qui doit servir le métier et non l’inverse, contrairement à ce qu’on constate régulièrement sur le terrain où on tend à s’adapter au logiciel acquis. On a tendance aussi à bâcler les phases d’études des besoins, de faisabilité et d’opportunité pour arriver rapidement à l’achat de solutions dont le déploiement finit généralement par un échec patent. Ce fut hélas probablement le cas pour l’infrastructure du web mise à mal au large des côtes à Annaba…
Au final, les solutions technologiques sont donc indispensables pour obtenir de meilleurs gains et un avantage compétitif sur ses concurrents, mais leur mise en oeuvre et leur administration demeurent placées sous le sceau des bonnes pratiques de la gestion de projet, de la bonne gouvernance ainsi que des principes d’amélioration continue.