Depuis que internet est né, il a charrié des idées idéalistes d’un espace d’expression et de créativité pour tous. Celui en fait d’un nouvel eldorado de la démocratie et de libertés.
Mais depuis que nous sillonnons le web, nous savons qu’internet est en fait un énorme marché où les business et les fortunes se font et se défont. La dernière décennie a accentué cette tendance.
Nous savons également que tout le monde y a sa place. Tout le monde, dites-vous ? Tout à fait, pourvu qu’il/elle prenne la peine d’apprendre les nouvelles règles qui régissent cet espace autrefois de liberté absolue mais depuis longtemps devenu le repère de quelques mastodontes qui y dictent leurs lois.
En effet, initialement un far-west et une terre inconnue à explorer et aux règles libres, internet rentre désormais dans sa quatrième décennie d’existence commerciale. Les nouvelles règles qui le régissent maturent et se figent peu à peu.
Vivre de l’internet
Quand nous parlons de faire du business sur internet, nous pensons à priori à ces géants : les GAFAM américains, les BATX chinois et autres multinationales du digital qui pèsent plusieurs centaines de milliards de dollars.
Il existe également une multitude de sociétés de toutes tailles qui sont nées ou qui prospèrent sur internet.
Il y a enfin de simples particuliers qui y gagnent dignement leur croûte. Pensez aux influenceurs, aux vendeurs occasionnels ou réguliers sur les marketplaces de Facebook ou autres, aux développeurs, graphistes ou autres fournisseurs de services en freelance et j’en passe et des meilleurs.
Confinement et digitalisation
La crise sanitaire de 2020 et le confinement qui s’en est suivi a évidemment soutenu l’activité du numérique dans le monde. Ils ont accentué la fracture entre un monde digitalisé qui explose et un monde traditionnel en contraction.
Alors que les entreprises qui ont su se renouveler sur le web ont vu leur cote littéralement exploser et ont vu l’argent couler à flot alors que d’autres ferment leurs portes et rendent leurs armes.
Songez que AirBnB et Zoom atteignent les $100 milliards de valorisation et que la start-up de vélo virtuel Zwift qui permet de faire des compétitions entre cyclistes chacun confiné dans son appartement a levé 450 millions de dollars. Les levées de fonds ont atteint des sommets jamais vues : incroyable en plein milieu de la pire crise que la plupart d’entre-nous n’ont jamais connue.
Le plus drôle c’est que parfois de vielles entreprises centenaires arrivent à saisir les règles du nouveau monde mieux que d’autres beaucoup plus récentes. J’ai vu récemment que la société Fender s’est transformée en opérateur digital en soutien à la vente de ses guitares légendaires ou que les hôtels Accor se sont transformés en opérateur du nouveau monde digital.
La crise sanitaire a également accéléré la vague de digitalisation des commerces et des entreprises moyennes et petites. On annonce souvent qu’on a gagné près de 5 années en 6 mois. Dans le monde.
Et chez nous ?
Qu’en est -il chez nous ? Quel a été l’effet de cette crise sanitaire sur la digitalisation ?
Ce que je constate, c’est que cela a quelque peu dynamisé l’activité numérique : site de e-commerce, VTC, livraison de courses. Mais c’est à peu près tout. Nous continuons à faire de la résistance passive : pas de e-learning, pas ou peu de vidéo conférence, presque pas d’innovation dans l’e-commerce, pas plus de médias électroniques,...
On peut y trouver quelques explications :
- une réglementation agressive et très inadaptée : très restrictive concernant le e-payement, très répressive concernant les médias, très limitative concernant d’autres activités numériques. Malgré un langage politique très flatteur envers les start-ups, le législateur est très en décalage par rapport à cette révolution qui n’en est plus une, puisque rentrée complètement dans les mœurs. La preuve en est, le ridicule budget de 0.15 Milliards de dinars alloués dans la loi de finances 2021 à l’innovation. De plus, la facilité avec laquelle les autorités procèdent à des coupures de la connexion ou au blocage extra judiciaire de certains sites est proprement ahurissant.
- Un retard technologique : connexion peu fiable, taux d’équipement en smartphones, taux de couverture et qualité des lignes téléphoniques, taux de bancarisation… Je suis personnellement peu convaincu qu’un goulot technologique soit pertinent. C’est plutôt ailleurs un accélérateur de changements. Il existe par exemple le paiement off-line pour les clients non bancarisés.
- Un manque de professionnalisation : le web a fait naître de nouveaux métiers techniques mais également de nouvelles techniques de management, de marketing etc. Des pans entiers de métiers sont soit nés du néant, soit transformés profondément grâce au web. Ces softs skills sont encore peu répondus, peu enseignés et donc peu pratiqués. Si on rajoute à cela la très faible propension de nos concitoyens à s’associer ou à mettre en commun leurs compétences et/ou leurs moyens, lui-même dû à une défaillance du système juridique à régler les conflits qui en résulteraient, nous avons là un cocktail très destructif.
Se lancer et prospérer sur le web
Aujourd’hui, la chose la plus rare et la plus chère sur internet, c’est l’audience. Autant au début du web on pouvait facilement rassembler des dizaines de milliers de personnes facilement, autant aujourd’hui, toucher une audience est de plus en plus coûteux. Les budgets marketing et communication numériques explosent. Même le payement par clic ou par affichage deviennent de plus en plus prohibitifs sur les deux grandes plateformes que sont Google et Facebook. Il faut alors faire appel à toute votre ingéniosité pour faire émerger votre image sur le web. Souvent cela commence par la fréquentation des forums et des groupes de discussions spécialisés afin d’essayer d’attirer des personnes par des offres alléchantes. Ou alors, de faire appel à un influenceur, dont l’image peut amener des adhérents. Il faudra ensuite transformer ces prospects en fans de votre marque. Il s’est ainsi créé un grand nombre de marques qu’on appelle Pure Players, dont la présence se limite au web. C’est les fameuses DVB pour Digital Vertical Brands.
J’ai écouté très récemment sur un très intéressant podcast qui s’appelle Business Secrets. En substance, il dit qu’il existe deux approches pour gagner de l’argent sur internet.
La première façon de faire est d’entretenir cette communauté en leur proposant des offres intéressantes et sans cesse renouvelées. Il faut à chaque fois trouver des offres qui captent leur attention et leur intérêt. En gérant par exemple un groupe de mamans, on peut alternativement leur proposer des produits de puériculture, de décoration de la maison, d’habillement etc.
La deuxième façon de faire et de maintenir une seule offre, très alléchantes et de s’occuper de recruter de plus en plus de membres à la communauté. Si vous donnez par exemple des cours de marketing digital toute l’année, le nombre de personnes intéressées dans votre communauté va rapidement plafonner. Vous gérez alors une communauté de personnes intéressées par le marketing digital et vous allez devoir régulièrement recruter de nouvelles personnes intéressées par vos cours. Avec le temps, votre audience est votre vrai capital. Ceci vous permettra peut-être de devenir LA grande référence dans votre spécialité.
Enfin, et bien-sûr, le Graal c’est de combiner ces deux approches et de faire des offres variées et irrésistibles à une communauté en perpétuelle croissance. Comme on le voit sur la plupart des pages des grands sites de e-commerce algériens.