Le e-commerce est un mode de distribution qui tend à se démocratiser, partout autour de ce modèle de nombreuses startups dans le monde ont réussi à digitaliser des services qui, souvent, cohabite déjà dans le monde réel. Parallèlement, les distributeurs classiques ont investi ce modèle tout naturellement en s’adossant sur une industrie existante, une chaine logistique performante, des moyens de paiement digitaliser, de la technologie et des solutions de connexion à la hauteur des besoins.
En Algérie, beaucoup d’entreprises, de distributeurs, de producteurs ont aussi adopté ce modèle de distribution et par conséquent de nombreux acteurs ont investi le secteur du transport pour accompagner ces nouveaux e-commerçants. Des jeunes très courageux, ambitieux, avec un esprit entrepreneurial très développé et une culture de startupeur. Ils ont vite compris qu'il y’avait un marché et qu'il fallait y aller maintenant. En réalité, ce marché de la logistique existait déjà de façon archaïque, souterraine, sous la forme de groupage de marchandises permettant de transporter différents produits depuis Alger et d’autres grandes villes du pays, vers les régions de l'est, du sud-est et de l'ouest. Des artisans-transporteurs plus ou moins efficaces et organisés, installés à Hamiz, notamment, ont réussi à tisser depuis des années des réseaux qui offrent la possibilité d’expédier un colis à partir de 150 DA sur une distance de plus de 500 kms ! Bien entendu, les conditions d’expéditions et de réceptions ne sont pas idéales pour le B to B et en général pour assurer une prestation de qualité durable et surtout une livraison à domicile en B to C. De même, pour le réseau des bus et des taxis qui proposent aussi des solutions de groupages très fragiles, mais qui représente une alternative sérieuse pour les particuliers et les commerçants, à défaut d'une meilleure solution. Malheureusement, l'écosystème, la maturité des acteurs et de leurs clients, n’a pas permis à ce secteur de se développer. Pas d’investissements, ou très peu, pas de stratégie à long terme, énormément de bricolage et du provisoire qui dure ! Même si, tout de même, quelques-uns sont devenus une référence et restent très crédibles, à l'image de Sekfali , Kazi tour ...
Contrairement aux pays développés, lorsque le E-commerce s’est imposé comme un modèle de distribution inévitable, le transport en groupage était déjà très performant et très rentable, il suffisait d’y intégrer le dernier kilomètre et la livraison à domicile pour les particuliers. En Algérie, ce n’est pas le cas ! Les transporteurs doivent reconstruire tout depuis le début : Last mile, home delivery, stop desk, tout est à faire ! Dans un marché où la bataille des prix est rude, ou les investissements sont très importants pour multiplier les hubs, s’équiper en matériels de transport, de surcroit indisponible, tout cela accompagné d’un manque de financements chronique. Résultats des courses : Des prestations médiocres, un vrai bazar qui s’installe. Le risque est de voir une nouvelle génération d’entreprises, semblable à ses ainés, s’établir dans l’approximation et le désordre.
Dans cette confusion, les trois premiers acteurs de ce nouveau marché que sont, le département E-commerce LOGISTICS de ANDERSON LOGISTIQUE, lancé il y a deux ans, Easy Relay et Yalidine, proposent des prestations relativement modernes et déploient des efforts considérables pour se structurer et s’adapter aux mêmes problématiques que les autres. En effets, les préoccupations des e-commerçants sont nombreuses. D'abord d'ordre financier, le délai d’acheminement du cash delivery, qui représente 99% du mode d’encaissement des recettes, peut aller jusqu'à plus d'un mois pour les régions, avec tous les risques de manipulation qui en découlent. Les taux de retour très important, qui avoisine souvent les 50%, engageant ainsi des surcoûts. Le niveau des couvertures d’assurance, quasi nul. Les délais de livraison hors wilaya, trop lents, dans un secteur où tout va très vite, où le client peut changer d’avis aussi très rapidement. Enfin, l'informel qui rend les choses encore plus complexes, puisque la majorité des e-commerçants se situe dans cette économie. Ces entreprises tissent leur toile à travers le territoire national , s’appuyant sur leurs propres hubs dans les grandes villes ou sur des partenaires sérieux, consolident des navettes régulières pour relier les entrepôts principaux, fédèrent des coéquipiers-transporteurs pour assurer la livraison à domicile, sécurisent les transactions, établissent des règles et des codes pour permettre une meilleure couverture des risques liés aux dommages et aux vols, mettent en place des systèmes d’information interconnectés entre tous les protagonistes des opérations, y compris les e-commerçants. Les investissements sont très importants, en financement et en ressources humaines, mais cela est encore une autre problématique !
L’avenir de ce secteur dépend en grande partie de la logistique, l’enjeu est de taille pour les entreprises de transport. Le changement est inéluctable pour s’adapter aux nouveaux modes de consommations. La digitalisation des transporteurs, l’optimisation des chargements, l’utilisation de système intégré reliant la logistique aux web marchands. Cette transformation pourrait permettre au secteur du transport de faire sa mutation et de réussir à imposer le groupage comme « le modèle » universel dans notre pays. Le premier qui y parviendra contrôlera ce marché de façon durable et assurera sa suprématie.
(*) Entrepreneur