La 6e édition 2022 d’Emerging Valley, le sommet international dédié à l’innovation africaine qui s’est tenu mardi 29 novembre au Palais du Pharo à Marseille, a abordé les thématiques de l’heure liées aux enjeux de la souveraineté numérique, énergétique et alimentaire, dictées par les contextes géopolitique et climatique.
Le ton avait été donnée dès l’ouverture officielle de ce sommet international qui se veut pont de l’innovation entre l’Europe et l’Afrique. « La situation géopolitique et environnementale n’a jamais été aussi fragilisée, et c’est pour cette raison que les entreprises innovantes n’ont jamais eu autant besoin de se rencontrer et d’accélérer leur développement pour avoir un impact concret sur des sujets absolument vitaux comme la souveraineté. Qu’il s’agisse de souveraineté numérique, alimentaire ou encore énergétique », indique Samir Abdelkrim, fondateur et organisateur de la manifestation Emerging Valley 2022.
L’événement a exploré tout le long de la journée les voies de coopération entre l’Afrique et l’Europe où les maitres-mots étaient « co-costruction » et « co-innovation ». C’était aussi l’occasion de présenter les travaux des startups africaines impliquées dans l’Agritech sur le défi de la souveraineté alimentaire sur le continent africain, via le numérique : problématique d’accès à l’eau potable, à l’énergie et augmentation de la productivité agricole. Pour traiter de cette question cruciale à l’aune des innovations numériques, des startups africaines ont développé des procédés innovants, à l’image de l’entreprise AgroSfer de Francis Dossou Sognon qui facilite la relation entre les agroindustriels et les coopératives de petits agriculteurs en Afrique en s’attaquant à une double problématique : D’un coté, les petits agriculteurs africains ne produisent pas en grande quantité pour satisfaire les besoins du marché parce qu’ils le peu qu’ils produisent déjà a du mal à être commercialisé. De leur coté de la chaine, beaucoup d’industriels éprouvent du mal à se procurer la matière première pour leurs industries.
AgroSfer a développé une plateforme SAAS qui apporte un outil technologique qui facilite la structuration des coopératives pour qu’elles puissent délivrer de gros volumes de production qu’elles mettent sur le marché en B2B. En clair, AgroSfer crée un lien direct entre le producteur et l’industriel, ce qui élimine tous les intermédiaires et donne la possibilité aux agriculteurs de gagner 30% de productivité.
Il y a aussi la société tunisienne Kumulus Water qui a développé des machines qui créent de l’eau potable à partir de l’air et de l’électricité notamment celle issue du renouvelable, en s’attaquant à la problématique d’accès à l’eau, l’objectif étant que chaque famille ou entreprise dispose sa propre source d’eau potable. Si cette problématique touche la partie du globe, le premier marché de Kumulus est l’Afrique et le pourtour méditerranéen. Les machines développées par l’entreprise tunisienne sont contrôlables à distance et donnent des mesures en temps réel sur la qualité et la quantité d’eau produites.
Wayout Ecological Solutions, une autre startup tunisienne a tiré son épingle du jeu en raflant le prix du jury Med’Innovant Africa, décerné le même à Mohamed Rammeh pour système de filtrage et de récupération des déchets au niveau des bouches d’égout.
La startup congolaise « GreenBox », proposant aux agriculteurs des chambres froides mobiles fonctionnant à l’énergie solaire, se voit, elle, attribuer le Prix « Coup de cœur ».
Pour rappel, la 6e édition du sommet international Emerging Valley a rassemblé plus de 3000 participants entre investisseurs, startups, incubateurs, médias, conférenciers, autour de débats sur les enjeux de l’Afrique et la Méditerranée.