Epay.dz tisse sa toile : un avant-goût de e-commerce

Vous avez entendu parler de ePay.dz ? Il s’agit en réalité du premier site algérien de vente sur Internet. Du moins, c’est ainsi qu’il se présente. C’est à dire ? Il propose des services de paiement en ligne permettant de commander et de régler ses achats et de recevoir des paiements sur le Net.



Néanmoins, ce système ne permet pas d’envoyer et de recevoir de l’argent. Pour accéder à ces services, l’intéressé doit transmettre diverses coordonnées : son e-mail, un mot de passe et son numéro de téléphone mobile. Les destinataires sont avertis, selon leur choix, par SMS ou mail. Service gratuit, ePay.dz se rémunère en prélevant « 3 à 5% sur chaque transaction effectuée », selon les initiateurs. Mohamed Hamza, concepteur et hébergeur de sites web, revendique près de 1 500 inscrits jusqu’à présent mais il a la conviction que ce projet ne va pas s’arrêter là et va au contraire susciter de plus en plus d’intérêt dans un pays qui est à ses premiers balbutiements dans ce domaine.

Quelques secteurs précurseurs peuvent être le starter de ce mode de paiement : vente de l’électroménager, de télévisions, de voyages sur le Net par les agences, ou la vente de contenu numérique (édition payante, news). Le principe de cette solution électronique repose sur le fait qu’ePay.dz passe des conventions avec des vendeurs qui l’autorisent à se faire payer pour leurs comptes, soit le même principe que la solution PayPal. Un produit parfaitement adapté aux petites sociétés, boutiques en ligne, personnes physiques et autres intervenants qui veulent une solution de rechangeaux mécanismes de paiement traditionnels. L’avantage essentiel est le fait qu’il permet aux gens d’acheter, de payer et d’être payés sur Internet. Mais pour le moment, ePay.dz, ce n’est pas tout à fait du ecommerce. Ce n’est qu’un début…

Malgré les évolutions timides de la monétique dans notre pays, la culture du cash reste prédominante, ce qui provoque parfois des crises de liquidités. Dans le cadre du volet monétique de la stratégie « e-Algérie », l’Etat prévoit d’accélérer la mise en place et l’exploitation d’un système d’e-banking moderne, qui permettra, en plus de la possibilité offerte aux banques aujourd’hui d’effectuer des transactions électroniques entre elles, d’offrir à leurs clients, en particulier les entreprises, des services en ligne. En Algérie, la carte bancaire reste encore rarement utilisée du fait qu’elle n’est pas disponible auprès de toutes les banques algériennes.

L’absence du e-commerce, un frein ?

L’initiateur de ePay.dz semble disposer à dépasser ce stade : « pour ce qui est du domaine de l’e-commerce, certes il n’est pas réglementé mais il n’est pas interdit non plus. Il faut savoir aussi que lorsque je me suis adressé aux autorités compétentes, le ministère des TIC dans mon cas, afin de leur présenter et de leur expliquer mon projet, elles ne m’ont pas dissuadé ni même dit d’arrêter car c’était interdit », a-t-il déclaré à la presse. Mais pour que ce site perce, il faut vaincre d’autres handicaps. Les habitudes du consommateur algérien constituent un sérieux obstacle au développement du commerce électronique. Elles sont caractérisées par l’usage du commerce à proximité et l’habitude de fréquenter un magasin et faire confiance au gérant. Les traditions sociotechniques telles que la relation à la modernité, l’aisance et la confiance dans l’argent numérique notamment, sont quasiment inexistantes.

Un projet entamé en 2001

Un grand nombre de personnes en Algérie est encore attaché au ressenti psychologique de l’argent. Etre acteur, faire face à une situation d’achat semble être indispensable. Compter le rendu de monnaie, visualiser les billets et les pièces, leur valeur monétaire, comptabiliser ce que l’on détient dans son porte monnaie, tout cela fait parti des habitudes des algériens et de leurs actes quotidiens. L’usage de la monnaie sonnante et trébuchante est chargé de symbole difficile à remplacer. Preuve en est : donner un billet de 200 DA ou faire un cadeau d’une valeur similaire à son enfant est beaucoup plus représentatif de la valeur réelle de l’argent qu’une carte. L’éducation de l’enfant, dès son plus jeune âge, est faite par rapport à l’argent dans sa matérialité la plus forte.

Le concepteur du site, qui n’a pas eu de difficultés techniques à finaliser le projet entamé en 2001, s’est heurté à la réalité du terrain, l’e-commerce n’étant pas encore réglementé en Algérie. Mais sa persévérance a fini par payer malgré les contraintes rencontrées. L’argent placé sur un compte ePay.dz appartient à la personne ou à la personne morale qui est enregistrée en tant que détentrice du compte. Aucune autre personne que le détenteur du compte n’a de droit sur les fonds placés sur un compte ePay.dz, excepté dans les cas de succession. Vous ne pouvez pas attribuer ou transférer votre compte ePay.dz à un tiers ni accorder un intérêt légal ou équitable sur celui-ci à un tiers. En fait, ePay.dz se veut une solution alternative au paiement électronique avant la généralisation du paiement en ligne et la monétique.

N'TIC 56 / JUIN 2011