Cette semaine, dans la blogosphère, une mémé a découvert que son « journal intime » était en fait un compte consultable par tous ses amis. Quand on pense qu’elle comptait se faire de nouveaux copains… Elle s’est retrouvée bloquée par tous ses ex amis, et ils la surnomment désormais « Mémé Menchar ». C’est ainsi que finalement son « compte Facebook » était devenu un journal intime.
Note pour moi-même : il ne faut jamais pratiquer le tmenchir sur Internet et penses à vérifier les paramètres de confidentialité… Oui, Internet est un formidable outil pédagogique. Oui, grâce au Web, les frontières matérielles de l’accès à l’information tombent tel un mur de Berlin numérique. Oui, Internet est un outil de pouvoir, plateforme de résistance pour les printemps des opprimés, et lieu de révélation des Watergate version 2.0. Certes, mais chose bien plus importante, Internet est le seul média où l’on peut trouver un article en 3 249 mots, soit 15 558 caractères (espaces NON compris) qui répond à la question existentielle suivante : « Comment se couper les ongles des pieds quand on est observé par un caniche d’aspect taciturne » ! Oui, c’est le seul média où quand on tape une telle question sur un moteur de recherche, la bibliothécaire ne vous rit pas au nez. Bref, l’humour (et plus souvent un grand n’importe quoi qui y ressemble vaguement) pullule à l’état sauvage sur la Toile. Dans la jungle des blagues sur le Web, chacun trouve ses sites fétiches, havres de rires en quantité industrielle, garants de la gymnastique zygomatique, seule activité sportive pratiquée par toute une population de geeks effarouchés. Voici une petite sélection maison de 5 de ces sites…tout en bienseillance.
Peut être le meilleur site d’humour sur Internet ! La désencyclopédie est une parodie de Wikipédia où la raison n’est plus qu’un vague souvenir. On plonge dans ce site comme on plongerait dans une autre dimension, et au bout de quelques heures à s’imprégner de cette littérature inqualifiablement chtarbée (je me rends alors compte qu’ «inqualifiablement» n’existe pas dans le dictionnaire alors que « chtarbé » n’est pas souligné en rouge par mon éditeur de texte), on n’est plus la même personne. Tout est dit dans la page d’accueil du site : « Si vous prenez au sérieux un traître mot de ce qui est écrit, vous êtes encore plus con que vous en avez l’air». SIC. Impossible de choisir un passage qui illustrerait correctement l’esprit du site, mais « Impossible is nothing ». reSIC. Voici alors un court extrait d’un article sans queue ni tête en 1 399 mots soit 14 818 caractères, espaces NON compris, et qui traite du célèbre jeu ; le « Ni oui, ni non » : Considéré comme l’un des jeux les plus anciens de l’Histoire du Monde, le Ni oui ni non serait apparu dès la préhistoire. À l’époque, le langage n’était composé que de deux mots : Oui et Non. Le Ni oui ni non fonctionnait donc sur le même principe que Le Premier qui parle a perdu.
L’arrivée de nouveaux mots distingua clairement les deux jeux, bien qu’aujourd’hui certains fassent encore l’amalgame et, pour parler du Premier qui parle a perdu, emploient le nom de «Ni oui, ni non, ni a, ni à, ni aa, ni abaca, ni abaissable, ni abaissant, ni abaisse, ni abaisse-langue, ni abaissement, ni abaisser, ni abaisseur, ni abajoue, ni abandon, [...], ni zygote, ni zyklon, ni zymase, ni zythum». Évidemment, cette variante est bien moins palpitante que la forme originale du jeu, à savoir le Ni oui ni non. Cela va sans dire que c’est aussi sur ce site que l’on trouve la réponse à la fameuse question posée en début d’article.
Pour un public gamer averti. Dorkly.com est une mine d’or où l’on trouve vidéos, articles, photos et bandes dessinées humoristiques ayant pour point commun l’univers des jeux vidéo. Il faut maîtriser la langue de Shakespeare (ou à défaut de cela, maîtriser l’anglais, ça ira très bien) ainsi que les codes du microcosme vidéoludique. Les parodies irrésistibles issues de l’esprit un peu ravagé des concepteurs du site se renouvellent quotidiennement. Si vous vous demandiez ce que peuvent bien se raconter les personnages de vos jeux préférés quand ils se retrouvent sur Facebook, ou que vous voulez faire le plein d’images de Cosplay, Drokly.com est l’endroit idéal. Mention spéciale aux vidéos «originals » du site qui reviennent sur les grands classiques pixellisés et revisitent avec un humour complètement déjanté les jeux qui ont bercé notre enfance. L’humour repose souvent sur la transposition du monde vidéo-ludique dans la réalité. Imaginez par exemple que le monde de Crazy Taxi existe pour de vrai…cela donnerait des situations comme celle ci :
Passager
Hey, j’ai besoin d’aller à Union and Packard.
Conducteur
C’est où ça? Ah oui, le gros truc carré qui clignote, là? Pas de problème.
Passager
Quoi? Il n’y a rien qui clignote. Vous êtes sur que tout va bien?
Conducteur
Ouais, ce bon vieux ‘gros carré qui clignote’. Je vais suivre cette grosse flèche verte qui lévite en l’air aussi vite que possible.
Passager
Quoi?
Conducteur
Accrochez-vous bien, parce que nous allons percuter pas mal de choses.
Passager
Vous êtes fou? Ecoutez, le plus important c’est que...
Conducteur
... nous arrivions à destination le plus vite possible à n’importe quel prix.
Passager
Que personne ne meurt.
Passager
Quelle horreur! Vous avez percuté la moitié des voitures et le tiers des piétons, puis vous êtes sorti de la route pour faire des sauts complètement inutiles et dangereux !
Conducteur
Vous m’avez payé un bonus quand j’ai fais ça.
Passager
Okay, mea culpa, mais tout de même, où avez-vous appris à conduire ?
Conducteur
Bein quoi, vous n’avez jamais essayé ce jeu? Ca défoule un max.
Passager
Vous êtes fou, complètement fou.
Conducteur
JE suis fou? Monsieur, cette course a duré 18 secondes et vous a coûté 280 dollars un jour ensoleillé. Ma compagnie s’appelle “Crazy Taxi”et vous avez tout de même décidé de monter. Vous m’avez vu percuter trois voitures quand j’arrivais pour vous prendre, vous auriez pu alors continuer à marcher...et c’est MOI qui suis fou?
Passager
Vous avez tué 4 personnes.
Conducteur
Mouais, ça c’est peut être vrai.
Tout en sobriété, dearblankpleaseblank.com mise sur les mots pour vous décrocher un sourire, et plus si affinité. Il s’agit d’un espace où l’internaute peut poster sa blague sous forme d’une lettre (encore une fois en anglais). L’humour participatif ça a du bon, et donne naissance à quelques petites perles comme on n’en trouve nulle part ailleurs :
« Cher Oussama Ben Laden, Au moins, vous n’avez pas été assassiné par un gamin de 17 ans. Bien à vous, Lord Voldemort »
« Chers iceberg, J’ai entendu que vous souffriez du réchauffement climatique. La roue tourne. Bien à vous, le Titanic »
Un système de notation achève de rendre le site démocratique au possible. Les perles qu’on y trouve circulent de plus en plus sur les réseaux sociaux. Facebook est par ailleurs un vivier de pages d’humour en tous genres. Plus de 44 000 fans pour une des pages de blagues algériennes… Décidément, l’humour participatif, ça a du bon.
Incontournable, devenu un grand classique de l’humour sur Internet, viedemerde.fr est un pur antidépresseur. Quand on a une baisse de régime, rien ne vaut les tracas d’autrui pour retrouver le sourire. Encore une fois, il s’agit d’humour participatif, et il y en a pour tous les goûts, florilège :
Aujourd’hui, ma meilleure amie me montre son nouveau téléphone. Je lui dis qu’il a l’air pas mal, mais qu’elle met toujours des fonds d’écran de bébés tous pourris. C’était une photo de ses enfants. VDM
Aujourd’hui, j’ai décidé de repeindre mon balcon. Novice en la matière, j’ai choisi une peinture monocouche, application facile : deux heures. C’est à peu près le temps qu’il m’a fallu pour ouvrir le pot. VDM
Aujourd’hui, en voulant rattraper le pot de mayonnaise qui tombait du frigo, je lui ai malencontreusement mis une claque monumentale qui l’a envoyé tout droit sur le mur fraîchement repeint quelques heures plus tôt. VDM
Un système de vote permet encore une fois de montrer de la compassion, ou d’en remettre une couche en cliquant sur « tu l’as bien mérité». Rire sadique, oui, mais rire quand même !
Les webcomics (ou BD en ligne) sont aussi l’occasion de se payer une bonne tranche de rire entre deux utilisations dignes et sérieuses de ce fabuleux outil informatique. La station V3 (quelques notions d’anglais et d’astrophysique sont à avoir) est l’oeuvre d’un certain Tom T qui depuis 2004 publie une planche par jour, friandise gratuite pour des fans de plus en nombreux. La BD en question raconte la vie dans une petite station spatiale de ravitaillement en orbite autour d’une lointaine planète. Le karma semble très défavorable pour cette boite de conserve esseulée qui connait coupures de courant, assaut de pirates décérébrés, faille vers un univers parallèle, un chef cuistot aux recettes douteuses, et de sombres rumeurs et machinations fomentées par la population locale. Le concept est simple : une planche, un rire, et cela fait des années que ça dure. Au bout d’autant de planches, on finit par parfaitement cerner les mécaniques de l’humour absurde de station v3. Pourtant, Tom T arrive toujours à surprendre par une idée encore plus déjantée que celle que l’on croit deviner…chapeau l’artiste.