Christine Dedenon est Directrice de l’éditeur en langue française de logiciels de gestion d’entreprises et d’applications métiers « Progisys ». Pour elle, l’Industrie 4.0 est la déclinaison du concept de transformation digitale dans le monde de l’industrie.
N’TIC Magazine : L’industrie 4.0 c’est quoi ?
Christine Dedenon : L’industrie 4.0 est la dernière révolution industrielle. La première était la mécanisation, la deuxième l’électrification, la troisième la robotisation et la quatrième c’est la digitalisation ; c’est-à-dire toutes les informations mises dans un ERP récoltées et repartagées de façon digitale, via des ordinateurs des tablettes, des smartphones ou des capteurs.
N’TIC : Des entreprises algériennes sont-elles passées à l’ère de l’Industrie 4.0 ?
CD : Le fait de passer à l’ère de l’industrie 4.0 oblige les entreprises à changer de mentalité et à se défaire de l’organisation pyramidale pour que l’information soit transversale.
Le grand défi pour les entreprises algériennes c’est justement de changer ce management pyramidal, en laissant les collaborateurs travailler en confiance avec leurs pairs. Les managers des entreprises algériennes issus de la nouvelle génération en sont capables et désirent prendre ce cap. D’ailleurs, ils sont dans l’obligation d’opérer des changements parce que leurs entreprises prennent de l’ampleur et à un moment donné le management pyramidal ne fonctionne plus.
N’TIC : Le concept « transformation digitale » fait pourtant son petit bonhomme de chemin chez les entreprises algériennes…
CD : C’est complètement lié. Quand on parle de transformation digitale pour les entreprises industrielles c’est vraiment l’industrie 4.0. C’est la déclinaison industrielle du concept de la transformation digitale des entreprises.
N’TIC : Y a-t-il des entreprises qui ont tenté des choses dans ce domaine en Algérie ?
CD : Chaque entreprise essaye, à sa manière, d’opérer sa transformation dans le contexte de la digitalisation tous azimuts. Pour moi, la base de toute transformation digitale est de mettre en place un ERP. Or, on s’aperçoit que le taux d’équipement en ERP des PME algériennes est très faible. De même pour certaines grandes entreprises en Algérie.
Toutefois, on voit que les entreprises algériennes commencent à exprimer un vrai besoin, que ce soit en traçabilité ou en certification ISO, en raison du grossissement de leur volume d’affaires et leurs velléités à l’export.
Ces démarches conduisent vers la mise en place d’un ERP. On ne va pouvoir parler de l’Industrie 4.0 qu’une fois l’ERP mis en place. Ce dernier est le socle de cette transformation.
N’TIC : Y a-t-il une réelle prise de conscience chez les chefs d’entreprises de la nécessité d’opérer cette transformation ?
CD : Nous constatons, certes, une certaine une prise de conscience chez les chefs d’entreprises. Mais la peur de l’échec rebute nombre d’entre-eux. Parce qu’il y a eu beaucoup d’expériences malheureuses ces dix dernières années qui ont fait que les entreprises ont peur de mettre en place un ERP.
Pourtant, la mise en place d’un ERP ce n’est pas 10 milliards DA, ce n’est pas une équipe informatique de dix personnes, ce n’est pas avoir un management extrêmement évolué… Pour les PME, on est sur un budget de 5 millions DA avec un retour sur investissement garanti au bout de trois années.