Hocine Ettayeb, ingénieur Supélec (France) a occupé plusieurs postes à responsabilités au sein de multinationales activant en Algérie avant d’être installé Directeur Général de Heetch Algérie. Dans cet entretien, il revient sur le lancement récent des activités de cette plateforme VTC en Algérie et la stratégie mise en place pour s’imposer face à ses nombreux concurrents.
NTIC Magazine : Où en est Heetch dans son déploiement en Afrique francophone ?
Heetch est une plateforme VTC bien implantée en France et en Belgique. En France, elle est la deuxième application VTC la plus téléchargée par les Français avec une proportion importante d’utilisateurs actifs.
Pour soutenir son développement, Heetch a réalisé deux levées de fonds. La première en janvier 2018 a permis à la plateforme d’accélérer son déploiement en France. Grâce à la seconde levée de fonds d’un montant de 34 millions d’euros, réalisée en mai 2019, Heetch a pu se développer encore plus rapidement, notamment en Afrique francophone.
Sur le continent africain, Heetch est aujourd’hui présent au Maroc, à Casablanca et Marrakech en l’occurrence. En juillet 2019, Heetch s’est officiellement installée en Algérie avec un partenaire local pour déployer ses services à Alger, avant de les étendre vers d’autres grandes villes du pays. Depuis notre lancement, nous avons enregistré 75.000 téléchargements de l’application et plus de 1000 chauffeurs inscrits et actifs.
En même temps que son installation en l’Algérie, Heetch s’est aussi installé au Cameroun puis dans d’autres pays d’Afrique pour réaliser l’ambition qui est la sienne de devenir leader du marché VTC en Afrique francophone.
NTIC Magazine : Quel est l’intérêt pour un opérateur VTC de s’installer dans un marché comme l’Algérie ?
Le choix porté par Heetch sur l’Algérie obéit à une réflexion profonde sur les besoins de ce marché à fort potentiel. L’Algérie c’est d’abord un pays avec une jeunesse très connectée. Le nombre d’abonnés à internet ne cesse d’augmenter, essentiellement sur le réseau mobile. C’est un terreau fertile pour les applications qui offrent des services de mobilité surtout que le pays connait un déficit en matière de transport. En effet, Heetch vient répondre, comme pour les autres plateformes présentes en Algérie, à un besoin impérieux de la population locale en matière de mobilité. Aussi, pour un opérateur VTC l’Algérie offre un prix de trajet, certes nettement plus inférieur à l'Europe, mais reste meilleur que dans beaucoup d'autres pays africains.
NTIC Magazine : Quelle est la stratégie de Heetch pour s’imposer sur un marché qui connait de plus en plus d’acteurs « sérieux » ?
Chez Heetch, nous sommes conscients que nous évoluons dans un environnement ultra concurrentiel. Il y a de plus en plus d’acteurs sérieux comme vous le dites et c’est tant mieux. Car, la concurrence lorsqu’elle est saine, ne peut être que bénéfique pour le client algérien. L’environnement concurrentiel va aussi permettre une décantation du marché. Nous confronter à ces concurrents « sérieux » ne nous rebute pas. Au contraire, nous avons beaucoup d’atouts à faire valoir sur le marché.
Les clients algériens devront désormais compter avec Heetch sur une application qui a fait ses preuves en Europe. Notre produit est d’un très haut niveau d’innovation, de technologie et de fiabilité, fruit d’un travail acharné d’une équipe d’une centaine d’ingénieur. Depuis son lancement, notre application a fait preuve d'une très grande fiabilité auprès de ses utilisateurs.
Ils devront aussi goûter à une qualité de service optimale, grâce à notre stratégie axée sur un rapport de confiance et de convivialité avec les chauffeurs. Ces derniers, acteurs majeurs de notre écosystème, passent lors de la phase inscription par un sas d’évaluation pour ensuite se former à l’utilisation de l’application, mais aussi à comment entretenir une relation de qualité avec les passagers.
Heetch est connue en Europe pour ses prix passagers parmi les moins chers et des commissions chauffeurs parmi les plus basses. Nous ne comptons pas nous défaire de cette réputation.
NTIC Magazine : La filière VTC n’est pas réglementée en Algérie. Comment avez-vous remédié à ce vide juridique ?
Notre filière n’est certes pas totalement réglementée, mais un code d'activité existe, ce qui nous permet d'exercer aujourd'hui. Il existe également une fiscalité adaptée, qui permet aux autorités de collecter à travers notre plateforme, une taxe de 5% dont s'acquittent les chauffeurs utilisant ce service.
De notre côté, nous insistons sur notre engagement à travailler en étroite collaboration avec les autorités compétentes et de mettre à leur disposition notre longue expérience dans ce domaine.
NTIC Magazine : Pour l’heure les chauffeurs de taxis « traditionnels » ne se plaignent pas trop des VTC comme c’est le cas dans d’autres pays. Comment comptez-vous anticiper une possible levée de boucliers de ces professionnels ?
Chez Heetch un chauffeur de taxi est un partenaire et non un concurrent. La difficile mobilité à Alger de par sa densité, son étendue géographique et son relief, ainsi qu'une demande nettement supérieure au nombre de taxis, sont autant d'éléments qui positionnent notre offre comme complémentaire aux taxis et non concurrente. Depuis notre arrivée sur le marché nous avons privilégié la voie d’une relation de coopération et de complémentarité de service avec les chauffeurs de taxis qui ont accès à notre plateforme en tant que chauffeurs partenaires et bénéficient des fonctionnalités de l’application.
NTIC Magazine : On estime le marché VTC algérien à 100 millions de dollars/an. Que pensez-vous de cette estimation ? et comment ce marché va-t-il évoluer, selon vous ?
Le marché est potentiellement intéressant, mais les données disponibles aujourd'hui ne permettent pas de le mesurer. Cela étant dit, le potentiel du marché peut atteindre des montants conséquents compte tenu de la maturité du secteur et du taux de pénétration des plateformes.