Lecteur(s) de carte, port USB, connectivité Internet, haute résolution, décodeur intégré, ou simplement analogique, il n’y a pas « un » mais « des » démos, dépendamment des options que vous jugez adaptées à vos besoins. Détails de chaque élément pour y voir plus « clair ».
L’entrée de gamme : l’offre de base ne comprend qu’un seul lecteur de carte et la capacité de flasher le démodulateur, forcément numérique. Les prix vacillent entre 3 000 et 6 000 DA et semblent s’être stabilisés après une série de réductions. Cette catégorie a dominé le marché jusqu’à la dernière coupe du monde comme en atteste le gérant d’un magasin spécialisé en la matière : « La réception satellite, il y a quelque mois, était surtout une affaire de cartes. On s’intéressait alors aux offres officielles et garanties à 9 000 DA pour Bis, jusqu’à 17 000 DA pour Al Djazeera. Ou encore la fameuse carte pirate Omnia à 3 500 DA. Le démo n’était alors qu’un vecteur pour les cartes, on ne voyait pas l’intérêt de payer plus cher, donc l’entrée de gamme dominait largement. Mais on a aujourd’hui des alternatives aux cartes, et d’autres modèles s’épanouissent ».
La base + USB : l’option de pouvoir brancher sa clé USB fait monter l’échelle des prix d’environ 1 000 DA. De quoi enregistrer vos programmes préférés ou connecter votre démo à un décodeur externe. Quèsaco ? Une des fameuses alternatives aux cartes. Par exemple, un démo Next à 7 500 DA possède son décodeur externe qui permet de décrypter n’importe quelle chaîne. Assez rare sur le marché, nous ne l’avons trouvé qu’au bout de dix magasins visités, le vendeur explique alors que « les décodeurs externes ne sont pas très connus, il y a des produits plus simples à utiliser. Généralement, on flashe les démos ou on a recours aux abonnements qui utilisent Internet ». Il existe en effet de nombreux paramètres à prendre en compte avant d’installer un décodeur externe, telle que la compatibilité de ce dernier avec votre démo par exemple.
Le démodulateur et Internet : avec Dreambox en chef de file, il s’agit de démos que l’on branche au Web non pas pour recevoir les chaînes (la réception se faisant par satellite), mais pour télécharger en continu les clés qui permettent de décrypter les différentes chaînes. Ayant incarné la quintessence du piratage, ce système donne accès à n’importe quel bouquet pour un investissement initial de 8 000 à 11 000 DA plus un abonnement qu’on nous a proposé à 1 000 DA par mois. Ce système trouve sa limite quand on voit que tous les foyers sont équipés pour recevoir la télé par satellite, ce qui n’est pas le cas pour Internet. Il faut toutefois faire la part des choses «il s’agit d’une offre tout à fait officielle », nous a-t-on juré à moultes reprises. Il s’agit là d’un mensonge caractérisé. Les bouquets satellitaires victimes de piratage ont installé un système où les codes changent en continu. La Dreambox permet de contourner cette ultime défense en téléchargeant en continu les nouvelles clés.
Il est possible de recevoir la télévision sur PC. Des dispositifs à installer (cartes internes) ou à brancher (cartes externes) sur PC, fournis avec un logiciel, permettent de contracter un abonnement à un des sites Internet qui couvrent la zone Maghreb. Encore une fois, la réception se fait par satellite, sauf que c’est cette carte qui est branchée à la place du démo. C’est cette fois-ci dans un magasin en informatique que nous avons mené notre enquête. La complexité du dispositif tranchant avec la facilité relative de brancher un démo à un écran de télévision, cette offre ne se trouve pas facilement dans les magasins qui s’occupent de réception satellite. L’investissement va de 3 900 à 12 000 DA sans compter le prix de l’abonnement (2 500 DA par trimestre). « Ce produit vise une certaine catégorie de gens. On préfère généralement voir la télé sur un écran de télé, mais si un membre de la famille veut voir une chaîne où il y a de grands films, ou pour suivre le foot, là ça peut être intéressant d’avoir une carte PC en plus dutéléviseur dans le salon », nous a expliqué le responsable.
Les écrans à haute résolution creusant leur sillon sur le marché national, on pourrait s’attendre à ce qu’il en soit de même pour les démos HD ou full HD. « Ils ne sesont pas très bien vendus parce que les prix étaient rédhibitoires». En effet, il y a encore peu, la fourchette des prix allait de 42 000 à 65 000DA. « Mais il commence à en être autrement depuis l’arrivée de modèles plus accessibles », a rajouté notre interlocuteur, technicien installateur de paraboles, avant de nous proposer un modèle HD à 10 000 DA. Pour la full HD, il faut compter 19 000 DA. Bien que cette gamme de produit ne soit pas encore démocratisée, on gagnerait à parier qu’elle s’apprête à suivrela même cinétique que les écrans HD. «Il est frustrant d’avoir un beau plasma HD pour voir la télé toute pixellisée », nous a confié un client qui était à la recherche d’un démo HD. Il aura finalement opté pour un Sagem à 27 500 DA muni d’une carte officielle permettant de recevoir le bouquet TNT pendant 4ans, « de quoi être tranquille pour longtemps ».
Il s’agit du système le plus astucieux, le gold standard qu’on nous a proposé dans tous les magasins non-affiliés à une marque précise. Le système qui fait peur, que le vendeur en magasin affilié à une marque dénigre systématiquement, toujours avec la même phrase « ça peut s’arrêter à tout moment, vous pouvez l’acheter aujourd’hui et le voir dysfonctionner demain ». Il s’agit en réalité de démodulateurs capables de lire tous les bouquets, tous satellites confondus grâce à son décodeur intégré. Inauguré par Morebox il y a plus d’un an et demi, ce système est essentiellement représenté aujourd’hui par les démos Samsat. Morebox fonctionne toujours alors qu’on criait au loup dès sa sortie. Elle est proposée aujourd’hui à 6 000 DA. Pour Samsat, les prix varient avec les différentes options proposées, de 9 000 à 18 000 DA. Il s’agit du nec plus ultra actuel en matière de piratage, et dans tous les magasins qui le proposent, les vendeurs confient que c’est ce qu’ils vendent le plus actuellement.
Quelle meilleure occasion de découvrir la production nationale que la foire de l’électronique et de l’électroménager qui s’est tenue à la SAFEX le mois dernier. Quand il s’agit de réception satellite, deux constructeurs mènent la barque en proposant des gammes diversifiées: Essalem Starlight et Condor. Il y a en outre Cristor avec son Atlas E, qui annonce l’arrivée prochaine du Phenix, démodulateur HD avec connectivité Internet et lecteur de carte. Sur le stand Condor, l’accent a été mis sur la haute résolution. Ainsi, deux modèles parmi la large gamme Condor étaient exposés, l’un HD à 16 500 DA et l’autre full HD à 19 000 DA. Condor compte donc bien suivre la cinétique de vente des démos HD qui deviennent enfin plus accessibles. Coté Starlight, la stratégie est différente car n’étaient exposés que les modèles à résolution standard, car « ils sont encore les plus demandés », selon une exposante qui nous parlait de l’entrée de gamme. 2 900 DA pour le modèle le plus simple avec deux lecteurs de cartes, 4 900 DA pour celui qui intègre l’USB, des jeux, et la connectivité Internet. Un modèle intermédiaire dépourvu de connectivité Internet vaut 3 900 DA. « Ces prix sont 10% inférieurs à ceux du marché à l’occasion de cette exposition ». Quand on demande quels sont les critères de choix pour le consommateur, la réponse est la suivante : « Tous les clients posent la même question : est-ce qu’ils sont « flashables » ? La réponse est oui pour les trois modèles. L’entrée de gamme et le modèle avec option Internet sont ceux qui se vendent le mieux, soit on achète le moins cher si on ne voit pas l’intérêt des options que propose un démo, soit on prend celui qui possède toutes les options, la connectivité Internet étant la plus attractive». Cette attractivité étant expliquée par le succès des abonnements par Internet détaillés plus haut.
Papy fait de la résistance, mais pas pour longtemps. Relégué au rang de roue de secours, c’est pour palier à des problèmes techniques liés au numérique que le démodulateur analogique a pu subsister dans les chaumières. Sa fin annoncée dans un peu plus d’un an à travers le passage au tout numérique fait qu’ils ne sont quasiment plus en vente. Il y a des enfants qui ne verront jamais la neige !
En conclusion, rares sont les marchés aussi réactifs et suscitant autant d’intérêt dans la population générale que celui de la réception Internet. L’absence de législation quant aux offres non officielles fait que les systèmes de piratage sont à l’origine de la quasi-totalité de l’offre en la matière. Quand viendra la contre-offensive des bouquets officiels ? Difficile d’y répondre quand on constate que toutes les tentatives ont échoué jusqu’ici devant la vitesse de réaction ahurissante des pirates. Une des stars du petit écran, Jean-Pierre Foucault, disait « Quand on se penche sur les toits, ce n’est plus Alger la Blanche, c’est Alger la Parabole ! » et il est loin d’en être autrement !
Source: N'TIC 49 / NOVEMBRE 2010