Pour tout ce qui touche aux nouvelles technologies, l’Algérie a choisi la bonne voie. Mais l’Algérie hésite, tergiverse et temporise plus que de raison. Le réconfort suscité par l’annonce de l’adoption d’une nouvelle technologie est bien souvent suivi par ce qui s’apparente à une amère déception due aux reports répétitifs et surtout au silence de ceux qui étaient les premiers à faire la promotion de ladite technologie. Les bonnes intentions ne suffisent jamais à elles seules et les actions concrètes, si elles ne sont pas engagées rapidement, perdent de leur valeur tout particulièrement dans le domaine des TIC.
Sur le plan théorique, l’Algérie a fait les choix qui semblent lui convenir le plus en matière de technologies, mais le rythme auquel progressent les différents chantiers suscite des interrogations quant à la capacité du pays à atteindre les objectifs voulus dans les délais espérés. L’année 2011 a d’ailleurs été particulièrement riche en annonces et beaucoup s’attendaient à ce que cette année soit décisive pour le secteur des nouvelles technologies. La navigation GPS, la téléphonie de troisième génération, le paiement électronique et bien sûr la mise sur pied une fois pour toute du fameux projet Ousratic 2 qui consiste à doter six millions de foyers algériens de connexion ADSL et de PC.
Parmi tous ces projets, l’histoire la plus spectaculaire est celle de la 3G. La première fois que cette technologie a été évoquée en Algérie, c’était il y a sept ans à peu près. L’on savait que la téléphonie de nouvelle génération était une solution d’avenir et l’on savait aussi qu’il était très recommandable de l’adopter. Des essais ont été effectués entre les années 2004 et 2005. Selon le procédé habituel, les tests ont été immédiatement suivis par de longs moments d’hésitation. Il semblerait que l’on ignorait quand exactement on devait franchir le pas et adopter cette technologie. Certains, par contre, ne savaient pas si on devait l’adopter. Cette période de réticence a duré jusqu’à ce qu’une nouvelle solution vienne remplacer la 3G dans plusieurs pays. Il s’agit de la 4G. Cette autre nouvelle technologie a compliqué davantage la situation puisque nous nous sommes retrouvés
obligés de choisir entre la 3G et la 4G. S’en est suivi donc un long débat entre experts, responsables et opérateurs. Certains pensaient que la 3G était devenue une technologie obsolète et préconisaient le passage direct à la 4G. D’autres conseillaient de ne pas brûler les étapes et de commencer par la solution la moins récente pour passer à l’autre.
En 2011, une décision a été finalement prise. L’Algérie a choisi la 3G. Juste après l’annonce de l’adoption de cette technologie, tout semblait se mettre en place. La procédure était simple et rapide. Les opérateurs devaient présenter leur candidature, retirer le cahier des charges, leurs soumissions devaient être étudiées rapidement et les licences d’exploitation retirées le 23 octobre 2011. Tout semblait en bonne voie jusqu’au moment où il a été annoncé le report de la date de retrait des cahiers des charges, quelques semaines seulement avant la date fixée pour l’octroi des licences. Aucune autre date n’a été annoncée et personne ne sait aujourd’hui quand l’opération reprendra. La déception était à la mesure de l’espoir suscité par l’annonce de l’adoption de cette technologie.
Outre l’enthousiasme des usagers potentiels, l’ouverture de l’Algérie sur la téléphonie de troisième génération a capté l’attention de grandes compagnies internationales spécialisées dans le domaine de l’équipement technologique et les constructeurs de téléphones mobiles. Le marché algérien n’a jamais été aussi intéressant à leurs yeux. Actuellement, personne n’est réellement en mesure d’expliquer les raisons à l’origine du gel du processus de l’attribution des licences 3G. On ne peut que supputer.
Sur un autre plan, l’été dernier, il a été annoncé officiellement que les services de navigation GPS destinés aux particuliers devaient être accessibles aux usagers avant la fin de l’année en cours. Rien n’a été dit depuis et on entend à peine parler de cette technologie après cette annonce. Les utilisateurs potentiels sont attentifs, les opérateurs intéressés mais personne ne sait exactement où en sont les choses.
La question du paiement électronique en Algérie est pratiquement aussi vieille que celle de la 3G. Son histoire est ponctuée d’annonces officielles en rapport avec l’imminence de son lancement, mais elle n’a jamais été mise en place réellement. Pourtant, cette technologie est très accessible pour le pays qui dispose à la fois des compétences et des moyens permettant sa concrétisation. Certains sites Web se sont d’ailleurs préparés depuis longtemps à faire du commerce électronique en prévision de la mise en place du système permettant d’effectuer des transactions par voie électronique. Parallèlement, la plupart des banques algériennes ne paraissent pas prêtes pour le commerce électronique, beaucoup de particuliers ne le sont pas non plus, il faut le dire. L’été dernier, encore une fois, il a été annoncé que le paiement électronique sera effectif dès la fin du mois d’août. Rien ne s’est passé à cette date et une nouvelle annonce a été très récemment faite fixant le mois de décembre comme point de départ pour la généralisation du paiement électronique. A force d’attendre, certains responsables de sites internet ont pensé à une solution alternative que l’on pourrait qualifier de commerce semi électronique. Toutes les étapes des transactions virtuelles y sont respectées sauf en ce qui concerne le paiement.
Ousratic 2, projet qui ambitionne de connecter les foyers algériens à Internet et de les doter d’ordinateurs, devait être lancé officiellement en septembre dernier. Deux mois plus tard, ce projet reste toujours à l’état théorique. Il semblerait que les superviseurs d’Ousratic 2 ne parviennent toujours pas à prendre une décision définitive en ce qui concerne les aspects pratiques à mettre en oeuvre pour la réalisation de ce grand chantier.
Plus général, le très ambitieux programme baptisé dès la fin 2008 « E-Algérie 2013 » a fini par se séparer du « 2013 » qui accompagnait son intitulé. Il reste donc un projet très ambitieux mais sans délais précis. Ce programme, qui comporte un peu plus d’un millier d’actions, vise à mettre l’Algérie dans le même cercle que les pays ayant parvenu à mettre sur pieds ce qui est aujourd’hui communément connu sous l’appellation de « société de l’information ». Si le programme algérien est désormais sans délai, c’est en raison de certaines difficultés qui ralentissent sa progression. Il s’agit essentiellement du manque de coordination entre les différents ministères, à en croire les observateurs les plus avertis. En plus de l’hésitation qui ralentit la cadence de ce programme s’ajoutent donc les complications liées au manque de coordination entre les différentes institutions.
Dans un autre registre, il est utile de rappeler que l’histoire d’Internet en Algérie n’a pas dérogé à la règle selon laquelle on regarde toujours les nouveautés avec circonspection. Beaucoup ignorent qu’Internet a été introduit en Algérie en 1993. Le début de sa démocratisation n’a été entamé que quatre années plus tard. L’hésitation semble être le propre des décideurs algériens, mais elle ne fera jamais bon ménage avec les nouvelles technologies.