Next Gen : les nouvelles règles du jeu

Numéro dossier: 79

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Consoles Next Gen : une différence de…philosophie

Comme on vient de le voir, la PS4 et la Xbox One partagent beaucoup de points communs. Pourquoi choisir l’une plutôt que l’autre? Voyons ce qui fait de chaque plateforme une machine à part.

La polémique Xbox One : quand Microsoft jouait avec le feu

La Xbox One partait avec un paquet de désavantages liés à la politique de Microsoft concernant les droits des consommateurs. Clairement, la bataille de l’E3 a été gagnée haut la main par la PS4. Au départ, Microsoft indiquait qu’il était impossible de jouer à un jeu Xbox One sans l’installer sur le disque dur ; qu’il était impossible de revendre son jeu en dehors de circuits pré-approuvés ; impossible de prêter ses jeux ou de les offrir ; et impossible de jouer si la console n’est pas identifiée sur Internet au moins une fois par 24 heures.

De la pure folie ! Microsoft apportait quelques consolations, comme la possibilité de partager ses jeux avec un groupe de 10 personnes, ou la possibilité de jouer à ses jeux sur n’importe quelle Xbox One grâce au Cloud. Un système de « prêt » par Internet a aussi été évoqué, mais limité à une fois pour chaque jeu. Des consolations bien maigres, qui n’ont pas suffi à redonner le moindre intérêt à la console. La polémique allait encore plus loin. La nouvelle version de Kinect, une petite merveille technologique qui fait phi de la latence connue de l’ancien dispositif et qui introduit une nouvelle façon d’interagir avec sa console, était accusée d’espionner les utilisateurs.

Kinect est toujours allumée, peut détecter les personnes présentes dans une pièce, les identifier, vérifier si oui ou non elles ont payé pour le contenu qu’elles regardent. Kinect peut estimer le degré d’implication du spectateur devant sa télé, devant les publicités qui y passent et évidemment devant un jeu vidéo. Les données récoltées peuvent servir à affiner la publicité ciblée, identifier les pirates, et à classer les joueurs dans des « catégories ».

Le pire est que Kinect est désormais indissociable de la Xbox, vendu avec, on ne peut le débrancher. Microsoft a tenté de rectifier le tir en ajoutant la possibilité d’éteindre son capteur optique, et promet qu’aucune information ne sera récoltée ou envoyée sans l’accord de l’utilisateur. Pour autant, le micro de Kinect sera toujours à l’écoute, attendant la commande vocale qui permet de démarrer la machine. Microsoft assure en outre que le micro n’enregistrera aucune conversation.

Microsoft pensait tenir le dispositif anti-piratage ultime, ainsi qu’une infrastructure qui donne plus d’outils aux éditeurs pour rentabiliser leurs jeux. La campagne de communication, jonchée de gaffes monumentales, aura coûté sa place à Don Mattrick, patron de la division des loisirs interactifs chez Microsoft. 6 ans de bons et loyaux services qui se soldent par un « si vous n’avez pas de connexion Internet, nous avons un produit pour vous, il s’appelle Xbox 360 » qui sonne comme le coup de boule de Zinedine Zidane en finale de coupe du monde.

Mattrick part, et avec lui toute la politique de Microsoft autour de la Xbox One. C’est après l’E3, dans un communiqué, que Microsoft retrouve ses esprits et rend possible le jeu sur sa console sans contrôle internet quotidien, ainsi que le prêt et la vente des jeux d’occasion, rééquilibrant les forces avec un Sony jubilant.

Nouvelles consoles et porte-monnaie

Autre différence entre les deux consoles, le prix. 399 euros pour la PS4 et 499 euros pour la Xbox One. Nous savons donc déjà quelle est la console préférée du portemonnaie. La PS4 n’embarque pas sa caméra par défaut, l’Eye reste donc un périphérique en plus, pour ceux qui aiment se trémousser devant leur écran, ou qui veulent tirer parti de toutes les fonctionnalités de la console en termes de gestions intelligente des profils. La caméra peut en effet reconnaître la manette et adapter le profil des joueurs de façon dynamique et automatique, ce qui évite quelques casse-têtes d’identification quand on est 4 sur une partie.

Le fait que la Xbox One intègre Kinect par défaut ne suffit pas à expliquer la différence de prix. La PS4 propose tout simplement un meilleur rapport qualité/prix, une leçon que Sony a appris à la dure à la sortie de sa PS3. Microsoft propose une Xbox handicapée non seulement par son prix, mais aussi par ce qui le justifie ; un périphérique que de nombreux gamers considèrent comme un gadget superflu.

La « console gamer » versus le « media center »

Du superflu, Xbox One en a à revendre. On remarquera son entrée HDMI, oui, une entrée, en plus de sa sortie HDMI. La Xbox One joue en effet le rôle d’un média center et sert à consommer son contenu télé en plus du jeu vidéo. Elle s’apparente en fait à un démodulateur intelligent, capable d’aller sur YouTube et de faire tourner Skype…pleins de fonctionnalités que votre smartphone ou votre Smart TV peuvent très bien accomplir seuls. Les jeux ne sont donc qu’un contenu parmi d’autres, perdus entre les services de musique ou de vidéo à la demande.

D’un autre côté, la PS4 met l’accent sur les jeux et se présente d’une façon plus conventionnelle, plus pertinente pour le public visé. Au final, ce que permettront les deux consoles en termes de multimédia se vaut largement, mais c’est la façon dont cela est mis en avant qui imprime une identité différente à chaque console. Ce qui fera véritablement la différence, ce sont les exclusivités.

Les exclusivités, un choix crucial

Dans la période qui précède le lancement d’une console, le fabriquant cherchera à tisser un maximum de partenariats qui lui assurera du contenu spécifique. Quand pour certains jeux, l’exclusivité se limite à des tenues, à des armes, ou au mieux, à un niveau exclusif, d’autres jeux ne voient le jour que sur une seule plateforme. On peut citer Halo, exclusivité historique de Microsoft, ou God of War, qui n’existe que sur Playstation.

Pour la Next Gen, la guerre des exclusivités est d’autant plus cruciale que les deux plateformes se confonderaient presque en termes de fonctionnalités. Les deux géants ont dégainé des licences inédites qui cristallisent l’enthousiasme des gamers. Microsoft l’emporte par le nombre des exclusivités. On notera Quantum break, un jeu comme on n’en a jamais vu, car il fera évoluer le joueur dans un scénario croisé avec une série télévisée du même nom. Ryse : Son of Rome semble être la réponse de l’Xbox One au God of War de la PS3 ; batailles épiques, QTE, et ambiance romaine sont au programme. Sunset Overdrive, l’exclu la plus colorée, ajoute une pointe de désinvolture à l’ambiance BD au catalogue Microsoft. Ces trois titres ne sont que des exemples, Forza, Halo, et Dead Rising assureront le fan service, mais la PS4 n’est pas entièrement battue sur ce territoire.

Les exclusivités de la PS4 envoient du très lourd, comme le Deep Down de Capcom et sa version médiévale fantastique de la chasse aux dragons, ou le #DriveClub de Sony qui tente l’aventure MMO appliquée au jeu de course, un concept intéressant. Knack revisite le jeu de plateforme coloré et nous renvoie au Spyro et Ratchet de nos jeunes années, et Infamous: Second Son apporte un gameplay jubilatoire fait de bonds improbables et de pouvoirs électrisants. The Order : 1886 et Killzone : Shadowfall achèvent de rassurer quant aux exclus PS4. Une affaire de goût donc mais au fond, à quoi ça ressemble un jeu Next Gen ?