Entretien avec Majda Nafissa RAHAL, l’une des "twittos" les plus actives en Algérie
« Les Algériens n’utilisent pas encore beaucoup Twitter parce qu’ils n’aiment pas se casser la tête » !
Vous souvenez-vous de la naissance de votre compte Twitter ?
Je me rappelle avoir créé un compte Twitter pour le site edudz.net (@edudz) que je gérais à l’époque. Ayant accroché au concept de ce réseau social, j’ai décidé de créer aussi un compte personnel. C’est ainsi qu’a commencé mon aventure sur Twitter.
Comment vous êtes-vous décidée à assurer l'animation de ce compte ?
Eh bien je dois avouer que l’activité sur mon compte fluctue selon mes occupations et évolue avec mes centres d’intérêts. Lorsque je passe par des périodes de forte occupation, je deviens un fantôme sur Twitter :) Sinon, en temps normal, j’essaie de partager les liens, informations et articles intéressants au moment où je les trouve (c’est le principe même de Twitter après tout !). Je n’hésite pas aussi à partager mes opinions et parfois mes humeurs avec mes chers followers.
Comment caractériseriez-vous le ton et le contenu de votre compte Twitter ?
Le ton que j’emploie est respectueux sans être formel. Quant au contenu, il tourne souvent autour de mes centres d’intérêt personnels : technologies, web, entreprenariat, développement personnel…
A votre avis, quel est le contenu qui suscite le plus d'engagement et de mobilisation ?
Je dirais qu’il y a deux types de contenus qui suscitent deux formats d’engagements différents. Quand je partage quelque chose de personnel, je reçois en général beaucoup de « mentions», cela engendre une véritable conversation, et un partage «peer-to-peer » avec les followers. Sinon, quand c’est plutôt un lien vers un article ou autre, l’engagement peut être estimé au nombre de retweets ou de favoris, sans nécessairement susciter une conversation.
Par quels comptes vous faites-vous retweeter ?
Je n’ai pas vraiment de statistiques sur ça malheureusement.
Etes-vous la seule à assurer la gestion du compte ?
Oui.
Etes-vous attentive à vos stats? Pensez-vous que le nombre de vos followers est en constante évolution ?
Je n’accorde pas tant d’importance que cela aux statistiques, je ne crois pas que c’est ce qui définit un tweeple intéressant. Ceci dit, je peux affirmer que le nombre de followers est en évolution constante, et aussi que cette évolution dépend du degré d’activité de mon compte. En gros, j’ai beaucoup plus de nouveaux abonnés dans les périodes où je tweete énormément.
Avez-vous une idée de qui sont les personnes qui s'intéressent à votre compte Twitter ?
Je pense qu’ils sont trop différents pour pouvoir dresser un profil de « follower-type ». Certaines personnes me suivent pour les infos tech, d’autres parce qu’on partage la même passion pour le tennis ; et ce sont des choses complètement distinctes, qui peuvent intéresser un grand nombre de gens différents.
Pourquoi à votre avis Twitter manque encore de notoriété en Algérie ?
J’ai envie de dire : parce que l’Algérien n’aime pas se casser la tête. Plus sérieusement, je pense qu’il y a plusieurs raisons, et que celles-ci ne sont pas spécifiques aux Algériens. La première est tout le jargon qui entoure ce réseau social, les « retweets», « mention », « follower », « following »,… peuvent en rebuter plus d’un et ceci constitue selon moi la principale raison pour laquelle beaucoup ne franchissent jamais le pas pour devenir actifs sur Twitter. Quand vous comparez à Facebook dont le jargon s’inspire beaucoup de la vie réelle quotidienne, la différence saute aux yeux directement.
La deuxième raison est peut-être le peu d’intérêt que lui trouvent certains. Si je continue ma comparaison avec Facebook, son intérêt est clair : pour rester en contact avec ses amis, chatter, être à jour des nouvelles du monde,… Pour Twitter par contre, beaucoup ne réalisent pas l’intérêt qu’il y a de communiquer sur ce réseau et cette relation de « follower - followé » (qui n’est pas nécessairement réciproque).
La dernière raison (même s’il y a en a sûrement beaucoup d’autres que j’oublie, étant loin d’être une experte en réseaux sociaux) est le fait que les marques et les personnalités (stars) algériennes (à quelques exceptions près) n’ont pas encore une stratégie de communication incluant Twitter, ou alors celle-ci est calquée sur celle employée sur Facebook sans tenter d’adapter ça aux spécificités de Twitter. Dans certaines régions du monde, les marques offrent une réelle valeur ajoutée à leurs followers : régler des problèmes en temps réel (je pense notamment à Air France qui a un véritable service client 24/24h pour répondre à leur clientèle), offrir des promotions, demander l’opinion de leurs followers,… Bref, un véritable engagement et un échange dont les deux bénéficient. Quand nous aurons aussi cela, peut-être que ça poussera certains à rejoindre Twitter !