La traque des cybercriminels en Algérie, une menace sur la vie privée ?
En Août 2015, un avant-projet de loi portant règles particulières relatives à la prévention et à la lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication est venu durcir le ton envers les cybercriminels, et donner plus de moyens aux services de sécurité. Il permet notamment de recourir à la surveillance des communications électroniques à des fins préventives, des perquisitions et des saisies dans un système informatique, l’accès à distance à un système informatique ou à un système de stockage informatique. Jusque-là, pas de soucis mais voilà, certaines dispositions de l’avant-projet de loi peuvent faire peur, notamment les défenseurs du droit à la vie privée.
En effet, l’une des dispositions de la loi stipule que les opérateurs en communication électronique ont notamment l’obligation de conserver les données relatives au trafic facilitant ainsi la détection des infractions et l’identification de leurs auteurs. Selon le texte de loi, les fournisseurs de services doivent s’engager à conserver les données pour l’identification des utilisateurs et des destinataires de la communication, leurs adresses, les sites visités, les dates, le temps et la durée de chaque communication. La durée de conservation de ces données est d’un an. Enfin, un organe national de prévention et de lutte contre la criminalité liée aux TIC sera mis sur pied, pour coordonner les actions de lutte contre la cybercriminalité dans notre pays.
Que risque-t-on et comment protéger ses données ?
Il existe globalement 3 types d’infractions liées à la cybercriminalité. Il s’agit des atteintes aux données personnelles (vol d’identités ou de documents), les infractions liées aux cartes bancaires (vol de numéro, escroquerie), et les délits classiques en relation avec l’espace virtuel comme le viol de la propriété intellectuelle, la pédopornographie, l’atteinte à la vie privée, etc. Ces 3 infractions sont peu développées en Algérie en raison du retard de notre pays dans le développement des nouvelles technologies, mais ce n’est que partie remise pour les hackers.
Demain, des millions d’algériens posséderont des cartes bancaires, feront leurs achats sur le Net, paieront leurs factures et signeront des documents électroniques. Une aubaine pour tous les hackers qui n’attendent que cela pour escroquer un maximum de monde. Comment doit-on nous préparer à cette échéance, alors que l’utilisation des simples réseaux sociaux commence à montrer ses limites chez nous ?
Des solutions existent, et le tout restrictif n’est pas une bonne idée. En plus d’un arsenal juridique à même de protéger l’internaute algérien, des outils fiables pour débusquer les escrocs et des campagnes de sensibilisation envers les usagers, pour protéger ses données et tenter de se prémunir contre la cybercriminalité. Pas besoin d’être un expert en informatique, ou un geek convaincu. Quelques astuces et bons réflexes peuvent grandement vous protéger.
Les réseaux sociaux, une autre histoire
Qu’on se le dise, une photo, un statut, une phrase et toute autre action entreprise sur le Net est perdue à jamais. Elle ne vous appartient plus, mais devient la propriété du web, de l’espace virtuel, que vous ne maîtrisez pas et qui peut vous la ressortir à n’importe quel moment. Ça vous fait peur ? Tant mieux. Le nombre de divorces, limogeages et autres litiges en tout genre occasionnés par les réseaux sociaux ne se comptent plus. Une adolescente britannique s’est récemment donnée la mort après avoir été assaillie d’insultes sur Facebook, alors qu’en France des politiques ont perdu des élections après des propos tenus sur Twitter.
Conçus à la base comme des outils de socialisation, les Facebook, Twitter, Google+, Instagram et autre YouTube, ont de nos jours largement dépassé leurs objectifs primaires. Evidemment ils ont leurs avantages: une diffusion large, sans frontière, rapide et efficace. Des distances raccourcies, des personnes rassemblées, des perdus retrouvés. Mais pas que. Force est de constater que les réseaux sociaux ont leurs lots de désagréments. Faut-il s’en méfier pour autant chez nous ? Evidemment.
Bien qu’en Algérie, ce sont les sempiternelles atteintes à la vie privée, publications de discussions ou de photos et autres vols d’identité qui sont mis en cause, cela donne déjà lieu à des incidents graves. Plusieurs titres de presse en ont fait état ces derniers temps, parlant d’un phénomène nouveau, où les gens sont dépassés par la portée de leurs propres agissements. Se protéger sur les réseaux sociaux est tout de même possible, à condition de faire des choix et des sacrifices. Suivez le guide.
Quelques astuces sans prétention
Commencez par filtrer vos amis ou vos followers, dites-vous que ces personnes ont accès à tout ce que vous publiez. Si ce sont des inconnus, ils auront accès à vos photos, connaîtront vos enfants, votre conjoint, vos humeurs, et peut être vos opinions politiques. Ca fait froid dans le dos. Ne publiez pas n’importe quoi non plus. Tout ce que vous publiez est perdu à jamais et pourra réapparaître à tout moment de votre vie, sans que vous puissiez y faire quoi que ce soit. Des photos compromettantes prises pour rigoler, des statuts sensibles, des avis ou des informations sur votre vie à une époque. Evitez tout ce qui peut vous porter préjudice, et pensez à l’avenir, et pas qu’à l’instant présent. Au pire, ne publiez que ce que vous pourriez montrer à n’importe quel inconnu dans la rue ou ailleurs.
Par ailleurs, comme sur le reste de la Toile, les réseaux sociaux sont infestés de hackers. Dans ce cas, ils vous enverront des messages, des documents, des photos, et tenteront de vous escroquer par tous les moyens. En conséquence, n’ouvrez pas les liens inconnus et louches, changez vos mots de passe de temps en temps, ne communiquez jamais de coordonnées sensibles et évitez la géolocalisation. Celle-ci indique où vous êtes mais surtout où vous n’êtes pas ! Pour finir, vos enfants aussi sont en danger. Ils sont facilement manipulables, ne voient pas le danger comme vous le voyez, et peuvent croire un peu n’importe quoi. Contrôlez leurs activités sur le Net, et sur les réseaux sociaux en particulier. Ils sont plus vulnérables que vous.