Entretien avec Ali KAHLANE, président de l'AAFSI

Entretien avec Ali KAHLANE, président de l'AAFSI


Web algérien : " Il est important que le quantitatif aille de paire avec le qualitatif "


N’TIC Magazine : Vous avez organisé récemment une assemblée générale à l’occasion du renouvellement du bureau de l’AAFSI. Qu’est-ce qui en est ressorti ? En tirez-vous un bilan plutôt positif ou le contraire?

En effet, le 16 décembre dernier, nous avons tenu notre Assemblée générale élective. Pour la première fois de son histoire, l’AAFSI a pu rassembler non seulement la quasi-totalité des Fournisseurs de Services Internet (providers) actuellement en activité, le réprésentant personnel du Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, Younès Grar, mais également des opérateurs de télécommunications tels qu’Algérie Télécom, TDA (Télé Diffusion Algérie), et Nedjma (Wataniya Telecom Algérie). Le PDG d’Algérie Télécom était personnellement présent et a été élu à la vice présidence du Bureau de notre association. C’est dire l’importance qu’accorde désormais l’opérateur historique à l’apport du métier de provider dans le développement des technologies de l’information et de la communication. La preuve, les récents partenariats qu’a signé Algérie Télécom avec Touiza Télécom (un Groupement d’Intérêts Communs de 11 providers pour le développement d’une solution ADSL Triple Play alternative) et Anwarnet (une société mixte algérojordanienne spécialisée dans le déploiement du WiMax), l’engagement du Ministère d’inclure tous les acteurs, grands et petits, dans la mise en place de la Stratégie E-Algérie 2013 pour une réelle édification de la Société du Savoir. Je pense que globalement, nous n’avons jamais été aussi proche de former le « mouvement d’ensemble » capable de nous propulser dans la cour des grands.

Pouvez-vous nous dresser un bilan d’internet en Algérie (nombre d’internautes, nombre d’abonnés ADSL recensés,…) ?

Il est actuellement toujours aussi difficile de donner des chiffres à ce propos par manque de structure qui s’en occuperait à l’échelle. Une agrégation des chiffres donnés par Algérie Télécom sur le site et un recoupement de ceux que nous avons avec les chiffres officiels donnés par les instances techniques internationales, telles que l’ITU (Union Internationale des Télécommunications) et l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), nous permettent d’avancer le nombre de 3.5 millions d’utilisateurs d’Internet (taux de pénétration de moins de 10%) pour un peu moins de 400.000 connectés à l’ADSL. Pour les sites web, nous sommes toujours aux alentours de 10.000 sites, tout enregistrement confondu, sachant que le CERIST (Centre de Recherche sur l’Information Scientifique et Technique) a enregistré un peu plus de 1 600 noms de domaine en Algérie (.DZ).

Ce qui a marqué l’année 2008 est bien évidemment la baisse des tarifs internet. Certains fournisseurs souffrent d’ailleurs des conséquences d’une telle décision. Pensez-vous que ce choix a été judicieux ?

Cette baisse peut être vue sous deux plans. Pour l’utilisateur final qui était déjà connecté, c’est une bénédiction. Elle lui a en effet permis de passer à une autre bande passante et surtout, à ceux qui hésitaient às’abonner, de venir grossir le nombre des connectés. Pour les fournisseurs de Services Internet, aussi bien pour Algérie Télécom à travers ses filiales Djaweb, Easy Adsl et Fawri, que pour les providers privés tels que l’EEPAD, SLC, Icosnet pour ne citer que ceux-là, la baisse a été catastrophique sur leurs chiffres d’affaires.

Qu’en est-il de l’état d’avancement du projet Ousratic (du moins de la nouvelle formule) ?

D’après nos informations, le Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, pilote actuel de l’opération, maintient l’opération Ousratic en la modulant de manière à lui donner une autre forme.

Qu’en est-il du web algérien ? Comment l’état peut-il booster l’industrie du contenu ?

Je présume que nous parlons ici de contenus à mettre en ligne dans les sites web. Il est important que le quantitatif aille de paire avec le qualitatif et que la normalisation des sites institutionnels soit respectée par tous: la symbolique de la république, la charte graphique, la perrinité et la pertinence de l’information,... Il faudrait :

1. demander aux institutions, Ministères, administrations,… de développer des sites web. Pour ceux qui en n’ont pas, le faire au plus vite et « relooker » et redynamiser les autres. Mettre en place des services en ligne ayant comme premier objectif l’aide au citoyen. Comme nous l’avons toujours dit, c’est l’information qui doit aller vers le citoyen et non pas l’inverse. Le citoyen ne doit plus jouer au facteur entre les différentes administrations. Il faut que le métier de webmaster ne soit pas dorénavant confié uniquement à un technicien ou à un « gouru » informatique, mais à une équipe capable de préparer et mettre en forme l’information à mettre en ligne tout en la maintenant à jour d’une manière efficace.

2. promouvoir le .DZ pour que toutes les entreprises privées ou publiques, petites ou grandes, utilisent le site web pour faire connaitre leurs sociétés et mette en ligne leurs produits et services, tout en préparant l’avènement du commerce électronique.

3. lancer au plus vite les chantiers nationaux de numérisation tels que l’Etat civil, le cadastre, le patrimoine touristique, les archives nationales écrites et audiovisuelles,…