Censure, surveillance des échanges électroniques, des contenus... Dans un rapport, l'ONG liste les pays portant atteinte à la liberté d’expression sur internet. Surprise, l'Australie et la Corée du Sud y figurent au milieu d'Etats autoritaires.
Internet et liberté ne vont pas encore de soi dans de nombreux Etats. Défense de la morale, sécurité nationale, respect des religions et des ethnies, sont selon Reporters sans frontières autant de prétextes utilisés pour justifier le filtrage d'Internet et limiter la liberté d'expression. A l'occasion de la Journée mondiale contre la cybercensure du 12 mars, RSF a publié un rapport détaillant les pratiques en matière de censure de plusieurs pays.
Yahoo, Microsoft et Google impliqués
Douze Etats, pour la plupart habitués à être pointés du doigt pour leur contrôle d'Internet, sont mis en accusation par l'ONG : Arabie Saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Egypte, Iran, Ouzbékistan, Syrie, Tunisie, Turkménistan et Vietnam.
RSF reproche également à certaines entreprises du Web, comme Google, Yahoo et Microsoft, leur contribution à la censure. L'organisation note toutefois que ces mêmes sociétés se sont engagées fin 2008 au respect de grands principes en signant la Global Network Initiative. Le but de cette charte est de limiter la transmission d'informations recueillies par leurs services en ligne à des gouvernements. Outre un rappel, pour chaque pays « ennemi », des atteintes aux libertés pratiquées par les gouvernements selon RSF, comme le filtrage par mots-clés en Chine, l'ONG s'inquiète également des démarches entreprisent en Australie et en Corée du Sud, des pays reconnus comme démocratiques sur la scène internationale.
Un filtrage des contenus jugé obscur en Australie
En Australie, RSF dénonce ainsi le projet de loi né en 2006 et visant à imposer aux fournisseurs d'accès un filtrage des connexions Internet de l'ensemble des foyers. Une mesure que le gouvernement justifie par la volonté de lutter contre la pédo-pornographie, la diffamation ou la défense du droit d'auteur. Les FAI ont jusqu'à juin 2009 pour mettre en place les mesures techniques nécessaires à ce contrôle. Reporters sans frontières dénonce avant tout l'obscurité de certains éléments, comme le secret appliqué sur la liste des sites bannis, et les modalités définissant les contenus jugés inappropriés.
La Corée du Sud n'est pas non plus épargnée par RSF. Le pays dispose pourtant d'un taux de raccordement à Internet parmi les plus important au monde : 76 % des Coréens sont connectés. Un tel taux qui pour le pouvoir politique justifie un contrôle accru des contenus publiés sur Internet. RSF cite, par exemple, le cas du blogueur Minerva arrêté pour la publication d'articles sur le forum de discussion de Daum, l'un des plus importants portails de Corée du Sud. Le blogueur y avait notamment prédit l'effondrement de Lehman Brothers et la chute du won. Il est poursuivi pour avoir affecté « les échanges économiques au sein des marchés », « la crédibilité de la nation », et pour « diffusion de fausses informations ».
Source: Zdnet